Diagnostic initial des sites de pêche artisanale du

Transcription

Diagnostic initial des sites de pêche artisanale du
CopeMed II – ArtFiMed Technical Documents Nº4
(GCP/INT/028/SPA – GCP/INT/006/EC)
DIAGNOSTIC INITIAL DES SITES DE PÊCHE ARTISANALE
DU MAROC ET DE TUNISIE
Juin 2009
ArtFiM ed est un projet coordonné par CopeM ed II.
Ce document ainsi que les autres publications de la série du
Projet de Développement durable de la pêche artisanale
méditerranéenne au Maroc et en Tunisie, fournissent des
conclusions et des recommandations qui correspondent au
moment de la préparation. Elles pourront être modifiées
éventuellement à la lumière des nouvelles connaissances
acquises durant les étapes suivantes du Projet. Les
désignations utilisées ainsi que la présentation des matériels
de cette publication n’expriment en aucun cas l’opinion de
la FAO, du Gouvernement de l’Espagne, ni celui de
l’AECID en ce qui concerne le statut juridique de tout pays,
territoire, ville ou région, ou en qui concerne la
détermination de ses frontières ou de ses limites
territoriales. Le document a été produit avec l’aide
financière de l’Union européenne et l’Espagne. Les
opinions exprimées ci-dessous ne reflètent en aucun cas
l’opinion officielle de l’Union européenne où l’Espagne.
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Préface
Le Projet régional ‘Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au M aroc et en
Tunisie’ (ArtFiM ed) est exécuté par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO) et financé par l’Agencia Española de Cooperacion para el Desarollo (AECID).
ArtFiM ed contribue à réduire la pauvreté des communautés ciblées en améliorant leurs modes de
vie dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent, contribuant ainsi à mieux intégrer ces
communautés dans la dynamique qui les concerne directement, notamment dans le domaine de la
gestion des pêches et du développement des régions côtières. Les résultats prévus concernent trois
niveaux différents: i) celui des trois communautés artisanales où le projet est exécuté; ii) le niveau
national (M aroc et Tunisie) et plus spécialement les enseignements tirés et la promotion des
industries de la pêche au niveau national; et iii) le niveau de la CGPM , en multipliant les
informations sur les industries artisanales de la pêche et en promouvant sur une échelle régionale les
leçons et les méthodologies apprises.
Les sites choisis pour exécuter le projet sont les suivants: un site au M aroc, Dikky dans la province
de Tanger, aux alentours du détroit de Gibraltar où plus de 300 pêcheurs emploient des lignes à
main et des hameçons pour capturer du thon rouge et d’autres espèces; et deux sites en Tunisie,
Ghannouch et El Akarit. À Ghannouch, plus de 500 pêcheurs utilisent plusieurs sortes de filets
maillants, et à El Akarit dans la province de Gabès, plus de 500 femmes en provenance de différents
villages autour de la zone de pêche, pratiquent pendant les périodes intertidales, la pêche à pied des
palourdes.
ArtFiM ed Project HQ
FAO-FIRF
Sous-délégation du gouvernement de M álaga
Paseo de Sancha 64, Bureaux 305-307
29071 M álaga
Espagne
Tel: (+34) 952 989299
Fax: (+34) 952 989252
E-mail: artfimed@fao.org
URL: http://www.faoartfimed.org
Ce document est imprimé sur du papier
iii
Publications CopeMed II (GCP/INT/028/SPA – GCP/I NT/006/EC)
et ArtFiMed (GCP/RAB/005/SPA)
Les Publications du Projet CopeM ed II – ArtFiM ed font partie d’une série de Documents
techniques sur les réunions, les missions et les recherches organisées ou conduites dans le cadre de
ces deux projets.
Tout commentaire sur ce document est le bienvenu. Veuillez adresser ces commentaires au siège du
Projet:
Projet CopeMed II
Subdelegación del Gobierno en Málaga
Paseo de S ancha 64, Bureaux 305-307
29071 Málaga (Espagne)
copemed@fao.org
Projet ArtFiMed
Subdelegación del Gobierno en Málaga
Paseo de S ancha 64, Bureaux 305-307
29071 Málaga (Espagne)
artfimed@fao.org
Dans les bibliographies, le document doit être cité de la façon suivante:
ArtFiM ed. 2009. Diagnostique initial des sites de pêche artisanale du M aroc et de Tunisie. FAOArtFiM ed Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au Maroc et en Tunisie
(GCP/INT/005/SPA). CopeM ed II – ArtFiM ed Technical Documents Nº 4. M alaga, 2009. 51 pp.
iv
Préparation de ce document
Ce document qui constitue la version finale préparée par l’expert national du projet (M. M alouli
Idrissi), en collaboration avec le personnel du Projet (J.A. Camiñas et M . Bernardon) fait partie
d’une série de documents méthodologiques destinés à la mise en œuvre du Projet.
ArtFiM ed. 2009. Diagnostique initial des sites de pêche artisanale du M aroc et de
Tunisie. FAO-ArtFiM ed Développement durable de la pêche artisanale
méditerranéenne au Maroc et en Tunisie. CopeM ed II – ArtFiM ed Technical
Documents Nº 4 (GCP/INT/005/SPA). M alaga, 2010. 51 pp.
RÉSUMÉ
Le plan de travail du projet ArtFiM ed, prévoit une phase de diagnostic permettant
une identification des activités qui seront par la suite plus amplement détaillées au
niveau de chaque pays et de chaque site en fonction des aspirations des
communautés selon une approche progressive et participative avec les bénéficiaires.
Dans une première étape, des rapports diagnostics préliminaires des trois sites
sélectionnés pour la mise en œuvre du projet, à Dikky au M aroc, et El Akarit et
Ghannouch en Tunisie ont été élaborés par les responsables Nationaux durant la
première phase du projet, à partir de la documentation collectée au niveau des
administrations des pêches et des centres de recherche des pays respectifs. Ils
constituent ainsi des documents de référence contenant l’information disponible sur
les sites avant la mise en œuvre du projet.
Ils sont complétés ensuite par trois rapports diagnostics issus d’un processus
participatif, élaborés à partir d’enquêtes et d’entretiens menées dans le cadre du
projet, permettant d’obtenir une vision précise sur l’activité de pêche, le profil de
pauvreté et le contexte de vulnérabilité des communautés de pêche dans les trois
sites.
Ces rapports ont fait l’objet d’un processus de concertation avec les communautés
bénéficiaires pour évaluer précisément le contexte dans les zones d’intervention et
permettre ainsi l’identification participative des besoins et des activités qui seront
mises en œuvre dans le cadre du projet.
v
INDEX
1. Avant propos……………………………………………………….............................................2
2. Diagnostic initial du site de pêche artisanale de Dikky (Maroc).…………….........................3
3. Diagnostic initial du site de pêche artisanale de El Akarit (Tunisie) ………………………20
4. Diagnostic initial du site de pêche artisanale de Ghannouch (Tunisie)...…………………..34
1
1. Avant propos
Le projet ArtFiM ed « Développement durable de la pêche artisanale marocaine et tunisienne
(GCP/RAB/005/SPA) », financé par l’A gence espagnole de coopération internationale pour le
développement a été développé dans la continuité du projet régional CopeM ed et à la demande des
pays participants. Il s’intègre à la fois: (i) aux priorités des pays en matière de lutte contre la
pauvreté, d’amélioration des conditions socioéconomiques des populations côtières et de
réhabilitation des pêches artisanales, (ii) aux préoccupations régionales en matière d’échange
d’expériences, d’amélioration de la gestion des stocks partagés et des espèces d’intérêt commun,
(iii) aux recommandations et objectifs internationaux énoncés dans le cadre des objectifs pour
M illénaire et du Comité des pêches de la FAO.
L’objectif du projet est d’améliorer les moyens d’existence durable des communautés de pêche
artisanale ciblées dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent ainsi que de contribuer à
améliorer l’intégration positive de ces communautés aux dynamiques qui les affectent directement,
en particulier la gestion des pêches et le développement des zones côtières.
L’impact recherché est que les communautés qui dépendent des pêches artisanales puissent mieux
profiter et contribuer au développement humain, social et économique de leur pays et puissent être
mieux intégrées aux stratégies nationale et régionale de gestion des pêches ainsi qu’aux stratégies
nationales de lutte contre la pauvreté et d’aménagement du littoral dans le respect de la durabilité
des écosystèmes marins, souvent fragiles, qu'elles exploitent.
Le plan de travail prévoit une phase de diagnostic où les activités seront plus amplement détaillées
au niveau de chaque pays et de chaque site en fonction des aspirations des communautés selon une
approche progressive et participative avec les bénéficiaires (primaires et secondaires).
Les trois documents suivants font apparaître les résultats des diagnostics préliminaires des trois
sites sélectionnés pour la mise en œuvre du projet, Dikky au M aroc, et El Alkarit et Ghannouch en
Tunisie. Ces documents ont été élaborés par les responsables nationaux durant la première phase du
projet, à partir de la documentation collectée au niveau des administrations des pêches et des centres
de recherche des pays respectifs. Ils constituent ainsi des documents de référence contenant
l’information disponible sur les sites avant la mise en œuvre du projet.
Ils seront complétés ensuite par trois rapports diagnostics issus d’un processus participatif,
élaborés à partir d’enquêtes et d’entretiens menées dans le cadre du projet, permettant d’obtenir une
vision précise sur l’activité de pêche, le profil de pauvreté et le contexte de vulnérabilité des
communautés de pêche dans les trois sites.
Ces rapports feront l’objet d’un processus de concertation avec les communautées bénéficiaires
pour évaluer précisement le contexte dans les zones d’intervention et permettre ainsi l’identification
participative des besoins et des activités qui seront mises en œuvre dans le cadre du projet.
2
DIAGNOSTIC INITIAL DU SITE DE PÊCHE
ARTISANALE DE DIKKY
(MAROC)
Mai 2009
INDEX
1. Introduction .................................................................................................................................6
2. Fiche synthétique du site de Dikky............................................................................................7
2.1.
Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de Dikky................……………….8
3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de Dikky........................10
3.1.
Aspects sociaux.................................................................................................................10
3.2.
Aspects économiques ........................................................................................................11
4. Description des activités du site de Dikky...............................................................................13
4.1.
Description de l’activité de pêche.....................................................................................13
4.2.
Les autres activités generatrices de revenu ......................................................................15
5. Filières et acteurs ......................................................................................................................16
6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs............................................16
7. Matrice d’analyse des problèmes.............................................................................................17
8. Les institutions concernées et autres projets dans la zone ....................................................18
9. Conclusion et recommandations..............................................................................................19
10. Bibliographie .............................................................................................................................20
Index des tableaux et figures
Tableau 1: Forces et faiblesses de l’activité de pêche à Dikky…..…………………………..............9
Tableau 2: Principales caractéristiques techniques des barques du site Dikky……………………..13
Tableau 3: Caractéristiques des métiers pratiqués à Dikky…………………………………………13
Tableau 4: M atrice des problèmes de la filière pêche à Dikky……………………..........................17
Figure 1: Situation géographique de Dikky par rapport aux autres sites de pêche artisanale………..8
Figure 2: La dorade rose…………………………………………………………………………….14
Figure 3: Le thon rouge……………………………………………………………………………..14
Figure 4: Le pagre à points bleus…………………………………………………………………...15
Figure 5: Le pagre commun………………………………………………………………………...15
5
1. Introduction
La FAO à travers son projet régional CopeM ed dans sa première phase, a contribué énormément à
la réalisation de plusieurs travaux scientifiques touchant le secteur de la pêche artisanale en
M éditerranée marocaine. Parmi ces travaux, l’enquête exhaustive sur la pêche artisanale en
M éditerranée marocaine, réalisée en 1999, qui a permis de diagnostiquer la situation du secteur.
Suite à ce diagnostic et afin d’approfondir les analyses sur les aspects socio-économiques des
communautés des pêcheurs artisans, deux études pilotes étaient réalisées: « Pêche artisanale dans la
lagune de Nador: exploitation et aspects socioéconomiques » et « La pêcherie au thon rouge dans la
région de Ksar Sghir: aspects biologiques et socioéconomiques », respectivement en 2002 et 2003.
Afin de compléter et de valoriser les résultats de ces premiers travaux scientifiques, il était
hautement recommandé par les responsables marocains, ainsi que par les instances internationales
et les organismes régionaux de pêche, notamment la CGPM , de réaliser des activités de terrain en
faveur des communautés des pêcheurs, dont l’objectif est d’améliorer les conditions de travail et les
revenus des pêcheurs et par conséquent augmenter la valeur ajoutée du secteur. Ces activités seront
focalisées principalement sur les aspects relatifs à la formation et à l’appui technique des pêcheurs.
Pour concrétiser ces actions, un projet régional dédié spécialement à l’activité de la pêche artisanale
était mis en place, il s’agit du projet ArtFiM ed, intitulé « Développement durable de la pêche
artisanale marocaine et tunisienne ». Trois sites de pêche artisanale sont concernés par ce projet:
Dikky, en M éditerranée marocaine, et El Akarit et Ghannouch en M éditerranée tunisienne.
La pêche artisanale dans la zone de Dikky présente des potentialités de développement importantes,
surtout que les espèces capturées sont de hautes valeurs commerciales et sont destinées
essentiellement aux marchés extérieurs, en particulier au marché espagnol. Cette activité est
handicapée par des problèmes relatifs à la faible efficacité des pêcheurs, à cause du manque
d’encadrement, de l’inexistence des infrastructures de réception et d’approvisionnement et de
l’anarchie du système de commercialisation.
Ces dernières années, la région à proximité du site Dikky, a connu un changement radical, avec la
construction de plusieurs infrastructures et équipement, dont les principaux sont le grand port
« Tanger M ed », une zone industrielle, une autoroute et d’autres infrastructures touristiques. En
parallèle à ce développement, le gouvernement marocain s’occupe davantage des secteurs générant
des revenus faibles et des communautés qui vivent dans la précarité et dans des conditions socioéconomiques difficiles, en l’occurrence la pêche artisanale. Et ce à travers plusieurs initiatives et
programmes de développement, dont la plus importante est « l’Initiative nationale pour le
développement humain », initiée par le Roi M ohamed VI.
Dans ce contexte, la pêche artisanale est l’un des secteurs qui a bénéficié de plusieurs programmes
d’encadrement et d’appui. L’objectif principal de ces actions est d’améliorer les conditions sociales
et économiques des communautés des pêcheurs.
Dans le même cadre, il est à signaler qu’un projet important et ambitieux de construction d’une
vingtaine de points de débarquement aménagés (PDA), a débuté il y a quelques mois. Ce projet
financé par le « M illenium Challenge Account » et piloté par l’Office national des pêches
contribuera sûrement à faire sortir les sites de la pêche artisanale de leur isolement. Le site Dikky
bénéficiera également de cette action.
6
2. La fiche synthétique du site
Le site de pêche artisanale de Dikky est situé à environ 30 km à l’est de la ville de Tanger et à 0,5
km à l’ouest du village de Ksar Sghir. Il s’agit d’une plage ouverte très sollicitée par le tourisme
balnéaire en été, en raison de la qualité du sable et de l’eau de baignade qu’elle offre. Cette qualité
est due à son éloignement des grandes villes et des zones industrielles.
Ce site est dépourvu de toutes infrastructures de pêche. Les pêcheurs doivent se déplacer au port de
Tanger pour s’approvisionner en intrants de pêche et pour réparer leurs moteurs. La vente des
produits de pêche se fait généralement sur place. L’accès au site est non motorisé, mais il est très
facile puisque le site se situe à seulement 300 mètres de la route principale qui est en bon état.
M alheureusement il n’existe pas une voie de communication directe entre la route principale et la
plage de débarquement qui facilite le transport de la pêche, les moteurs, engins de pêche, etc.
Les habitations des pêcheurs sont très dispersées principalement au niveau de trois agglomérations
(douars). Elles se situent à une distance de moins de 1 km, à plus de 6 km par rapport au site.
Ces dernières années, la zone de proximité de Dikky a connu un changement radical, surtout avec la
construction du M ega port «Tanger- M ed », situé à environ 18 km du site, la construction d’un port
militaire et de plusieurs infrastructures industrielles et touristiques. Cette mobilité que connaît la
région peut présenter des effets négatifs sur les activités de pêche et sur l’environnement marin et
par conséquent sur les stocks des ressources halieutiques, comme elle peut présenter des effets
positifs sur la communauté des pêcheurs, à travers l’amélioration de leur revenu.
L’activité de pêche a commencé au début des années soixante, avec seulement quatre barques à
rames, et depuis elle a connu une évolution ascendante en raison de la disponibilité des ressources.
L’introduction en 1994 de la pêche au thon rouge à la palangre, a joué un rôle important dans
l’amélioration des revenus des pêcheurs et ceci a également, favorisé la construction d’autres
barques.
Actuellement, une cinquantaine de barques est active au niveau du site, assurant l’emploi d’environ
250 marins; les principaux engins utilisés sont les engins à hameçons, surtout la palangre et la ligne
à main.
Il faut signaler que dans un futur proche, Dikky pourrait se transformer en un point de
débarquement aménagé (PDA), dans le cadre du projet de développement de la pêche artisanale au
M aroc financé par un fond américain, le M illinieum Challenge Account. Il pourrait par conséquent
bénéficier de quelques infrastructures de pêche, notamment d’une infrastructure de réception, d’une
halle aux poissons, d’une fabrique de glace et d’autres infrastructures.
7
Figure 1: Situation géographique de Dikky par rapport aux autres sites de pêche artisanale
2.1
Points forts de la communauté des pêcheurs
Les principaux points forts de la communauté des pêcheurs de Dikky sont:
- Le professionnalisme et la maîtrise des métiers de pêche liés à l’utilisation des engins à
hameçons.
- L’attachement des pêcheurs à l’activité de pêche, malgré les divers problèmes.
- La communauté des pêcheurs est relativement jeune.
- La solidarité entre pêcheurs en cas de besoins.
Concernant les faiblesses de la communauté des pêcheurs, ils se résument dans les points suivants:
- le manque de l’esprit d’organisation;
- le taux élevé d’analphabétisme;
- le manque d’initiatives.
8
Les infrastructures
Le site Dikky n’est doté d’aucune infrastructure de pêche, mais plusieurs infrastructures et
équipements au niveau de la région doivent être signalés.
Il s’agit:
- les infrastructures routières: le site de pêche est à seulement 300 m de la route nationale N°16;
- le centre de santé le plus proche de Dikky est à 5 km, situé à « M elloussa »;
- Dikky est à 5 km du petit port de pêche de Ksar Sghir;
- Dikky est à 3 km d’un port militaire, qui est en cours de construction;
- Dikky est à 18 km du méga port « Tanger M ed ».
Le tableau ci dessous résume la situation sur les forces et les faibles de l’activité de pêche au niveau
de Dikky.
Tableau 1: Forces et faiblesses de l’activité de pêche à Dikky
ATOUTS
HUM AIN
NATUREL
PHYSIQUE
SOCIAL
FORCES
FAIBLESSES
- Professionnalisme et maîtrise des métiers
de pêche pratiqués
- Attachement des pêcheurs à l’activité de
pêche
- Communauté des pêcheurs jeune
- Espèces capturées de haute valeur
commerciale
- Avantages du Détroit de Gibraltar
- Proximité de la route
- Proximité de plusieurs infrastructures
touristiques
- Solidarité entre les pêcheurs
FINANCIER - Revenus positifs
- Manque d’organisation
- T aux élevé d’analphabétisme
-
Vents forts
Fond rocheux
Baisse de la production
Risque de pollution
Aucune infrastructure de pêche
Manque d’infrastructure de base
- Faiblesse de l’organisation des
pêcheurs
- Eloignement des infrastructures
sociales
- Le non recours aux crédits
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3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de
Dikky
3.1
Aspects sociaux
L’activité de pêche artisanale au niveau du site Dikky, assure environ 250 emplois directs. Il s’agit
d’une population généralement analphabète, sans aucune formation maritime. L’apprentissage du
métier est assuré de père en fils. Généralement, les marins pêcheurs exercent d’autres activités,
principalement l’agriculture vivrière et le commerce.
- Origine des pêcheurs
Presque 98 pour cent de la population maritime, est originaire des agglomérations (Dcher) qui sont
à proximité du site.
- Age des pêcheurs
La communauté des pêcheurs de Dikky est relativement jeune. Les patrons de pêche sont plus âgés
que les marins pêcheurs, il s’agit normalement des personnes ayant accumulées une longue
expérience avant de prendre les commandes d’une barque.
La grande proportion de pêcheurs se trouve dans la tranche d’âge 35 à 50 ans.
- Expérience
Plus que la moitié des pêcheurs ont une expérience supérieure à 10 ans, alors qu’environ 10 pourt
cent ont une expérience de plus de 30 ans.
Sur l’ensemble des pêcheurs, l’expérience varie entre une année et 45 ans, avec une moyenne de 14
ans pour les marins pêcheurs et de 22 ans pour les patrons de pêche.
- Scolarisation
La majorité des pêcheurs de Dikky ont un niveau coranique (apprentissage du Coran) et dans les
meilleures situations, un niveau primaire. Très rare sont ceux qui ont pu atteindre le niveau
secondaire et le lycée. Aucun pêcheur, n’a pu arriver jusqu’à l’université.
Le nombre de pêcheurs analphabètes, serait revu à la baisse dans le futur, en raison des programmes
ambitieux d’alphabétisation, établis par le gouvernement et également en raison de la volonté des
pêcheurs à scolariser leurs enfants pour qu’ils puissent avoir un avenir meilleur.
- Formation maritime
Le nombre de pêcheurs artisans qui ont bénéficié d’une formation maritime, est très faible. Des
programmes sont mis en place pour améliorer cette situation, surtout après l’installation de quelques
entités de formation à côté du site.
- Relation des marins pêcheurs avec le propriétaire de la barque
Traditionnellement, le secteur de la pêche artisanale était un secteur dont les relations familiales,
d’amitié et de voisinage, jouaient un rôle très important dans la survie de l’activité et le recrutement
des marins pêcheurs par le propriétaire.
Cette situation a considérablement changé, en raison des conditions de travail, jugées difficiles, et
qui ne sont plus acceptées par la communauté des pêcheurs, surtout par les jeunes. Les jeunes
marins du site Dikky, cherchent des emplois plus stables et plus faciles et surtout dans des
conditions de vie plus confortables, dans les villes par exemple, mais également une bonne partie
d’entre eux tente la voix de l’immigration en Europe.
10
Toutes ces raisons ont conduit à la rareté de la main d’œuvre qualifiée, surtout les patrons de pêche,
qui sont devenus introuvables. Par conséquent, les propriétaires des barques trouvent parfois des
difficultés à mettre en marche leurs barques.
- Personnes à charge
Généralement, les pêcheurs prennent en charge leur famille, constituée de l’épouse, des enfants, des
parents et parfois d’autres proches. La moyenne de personnes prises en charge par pêcheur est
d’environ cinq personnes.
- Equipage
Le nombre de marins par barque dépend généralement du métier pratiqué, certains métiers
nécessitent plus de marins par rapport à d’autres. Ce nombre varie entre 3 à 5 personnes par barque,
avec une moyenne de quatre marins par barque. Le propriétaire n’est pas toujours membre de
l’équipage.
Plusieurs marins pêcheurs ont déjà exercé l’activité de pêche au niveau d’autres sites de la pêche
artisanale, par rapport à leurs sites d’attache actuels. Une bonne partie d’entre eux ont même exercé
au niveau des grands ports du royaume.
- Rôle de la femme dans l’activité de la pêche artisanale au niveau du site Dikky
La femme ne participe à aucune activité de développement économique, que ça soit dans le secteur
de la pêche ou d’autres activités. Elle se limite principalement aux activités liées au foyer. Dans de
très rares situations, la femme peut contribuer à l’amélioration du revenu de la famille, en effectuant
des activités d’agriculture vivrière ou de petit commerce.
Les femmes vivent dans une situation difficile, avec un analphabétisme très élevé, une liberté
limitée et aucune activité lucrative qui peut leur garantir une certaine autonomie. Cette situation se
justifie par les traditions et la structure socioculturelle de la région.
3.2 Les aspects économiques
Les principaux indicateurs économiques de rentabilité et de productivité, relatifs à l’activité de
pêche au niveau du site Dikky sont:
•
Capital investi (CI)
Le capital investi, exprime la valeur actuelle des moyens de production constitués par la barque, le
moteur et les engins de pêche. Il renseigne sur l’effort d’investissement, consenti par la
communauté des pêcheurs.
Le capital investi varie entre un minimum de 45 000 Dhs et un maximum qui dépasse 12 0000 Dhs.
Cette différence est due essentiellement à la qualité des moyens de production et à la capacité du
moteur.
Le capital investi total engagé par la flottille de la pêche artisanale de Dikky avoisine les cinq
millions de Dhs (M alouli, 2008).
Les composantes principales du coût d’investissement sont la barque et le moteur, qui représentent
plus que 90 pour cent du CI global.
11
Le financement des moyens de productions est assuré, dans la quasi-totalité des cas, par les
épargnes propres des propriétaires de barques. Dans de très rares situations, ils ont eu recours à des
crédits auprès de leurs proches. Les crédits bancaires ne sont pas appréciés par les pêcheurs artisans,
en raison des risques et de l’instabilité que présentent l’activité et également des traditions
socioculturelles.
•
Charges de production
Les charges liées à l’activité de la pêche artisanale peuvent être divisées en deux grands types, les
charges fixes qui sont généralement des charges annuelles et les charges variables qui changent en
fonction de l’effort de pêche.
- Charges fixes
Les charges fixes sont supportées généralement par les propriétaires des barques, elles sont
constituées des charges relatives au frais du droit de pêche (licence), à l’entretien des moyens de
production et des charges liées à l’amortissement.
Ces charges varient entre 2 000 et 12 000 Dhs.
- Charges variables
Les charges variables sont partagées entre le propriétaire de la barque et son équipage. Elles varient
en fonction du nombre et de la nature des sorties réalisées. Ces charges sont issues des intrants
engagés pour la réalisation des sorties de pêche, constitués des frais du carburant, du lubrifiant, de
l’appât, de la glace et des vivres.
Les charges variables sont en moyenne de l’ordre de 200 Dhs par barque et par sortie ; elles varient
en fonction du métier. Le carburant est l’élément principal dans ces charges, avec une moyenne
d’environ 100 Dhs par sortie. La dépense maximale peut dépasser 200 Dhs/sortie. Les frais du vivre
sont en moyenne de l’ordre de 50 Dhs par sortie, alors que les frais liés à l’achat de l’appât sont en
moyenne de l’ordre de 50 Dhs par sortie.
Ces charges sont généralement financées par les commerçants. Chacun des principaux commerçants
de Dikky assure les charges variables pour une dizaine de barques et il aura en contre partie,
l’exclusivité de la production avec le prix qu’il souhaite.
•
Chiffre d’affaire
Le chiffre d’affaire par barque est estimé à environ 600 Dhs par sortie, ce qui donne un revenu
annuel par barque de l’ordre de 110 000 Dhs. Le chiffre d’affaire annuel réalisé par l’ensemble de la
flottille avoisine 5 300 000 Dhs (M alouli, 2008).
•
Profits de production
Les profits réalisés par les barques du site Dikky sont positifs pour la majorité des pêcheurs.
Les métiers pratiqués par les pêcheurs de Dikky peuvent présenter des résultats économiques
meilleurs par rapport aux autres sites de la M éditerranée marocaine, en raison des espèces ciblées
qui sont de haute valeur commerciale, destinées principalement à l’export.
12
4. Description des activités du site
4.1 Description de l'activité de pêche
•
Flotte de pêche
La flottille est constituée d’embarcations en bois, ayant une longueur ne dépassant pas 7 m et une
capacité inférieure à 2 tonneaux. Ces barques sont généralement équipées d’un moteur in-bord,
d’une puissance allant de 15 à 55 chevaux (CV). Certaines barques possèdent des moteurs hors bord
de 15 CV.
Tableau 2: Principales caractéristiques techniques des barques du site Dikky
Caractéristiques techniques
M inimum
M aximum
M oyenne
Puissance (CV)
15
55
25
TJB (Tx)
1,2
2,00
1,85
La flottille est composée d’une cinquantaine de barques actives. Le nombre de barques peut varier
d’une année à l’autre, en fonction de l’importance de l’activité au cours de l’année.
•
Métiers
Les pêcheurs de Dikky utilisent uniquement des engins à hameçons, en raison du fond rocheux des
zones de pêche, ce qui ne permet pas d’utiliser des filets de pêche. Tout de même, ces engins
permettent de capturer des espèces à haute valeur commerciale, destinées principalement à l’export.
Les caractéristiques de ces métiers se résument dans le tableau ci-dessous:
Tableau 3: Caractéristiques des métiers pratiqués à Dikky
Nom
de
l’engin
Palangre
Palangre
Palangre
Ligne à
main
Ligne de
traîne
Nom
vernaculaire
(local)
N°
hameçon
Période de
pêche
Zone de
pêche
Durée de
la marée
(heures)
Principales
espèces cibles
Palangré
gordo
Gourassera
1-6
Mars-juin
8-16
11-12
Octobre-avril
Proximité
du site
Proximité
du site
Bakhat Zemmig
Proximité
du site
Proximité
du site
6-12
Pagre à points
bleus
Dorade rose
5-10
Thon rouge
6-12
Sparidés
6-12
Loup-bar, mérou,
congre, dorade
royale
Harçia de
toun
Bolanté
0-1
Juillet-août
7-15
Toute l’année
Mouchtra
10-15
Toute l’année
13
•
Effort de pêche
Dans le cas de la pêche artisanale, l’effort de pêche est exprimé en nombre de sorties en mer,
réalisées par les barques. Cet effort varie au niveau de Dikky selon les périodes de pêche et
également d’une barque à l’autre. En été, la moyenne est de l’ordre de 24 sorties par mois, alors
qu’en hiver, cette moyenne est de seulement 10 sorties par mois. Le nombre annuel moyen de
sorties est de l’ordre de 180.
•
Production
Jusqu’à présent, il n’existe aucune estimation de la production, en raison de l’absence d’un système
régulier de collecte de données. Les études réalisées par l’INRH ont permis d’avoir une estimation
approximative de la production totale de la flottille de Dikky, toutes espèces confondues, durant ces
dernières années. Cette estimation est de l’ordre de 110 tonnes.
Les principales espèces capturées par la flottille de Dikky sont:
La dorade rose (Pagellus bogaraveo), communément appelée « Voracé »:
Figure 2: La dorade rose
Le thon rouge (Thunnus thynnus thynnus), communément appelé « Toun »:
Figure 3: Le thon rouge
14
Le pagre à points bleus (Pagrus caeruleostictus), communément appelé « Chama »:
Figure 4: Le pagre à points bleus
Le pagre commun (Pagrus pagrus), communément appelé « Paghar »:
Figure 5: Le pagre commun
Selon les pêcheurs, la production du thon rouge a connu une chute remarquable durant ces dernières
années, en raison de la présence massive de l’orque (appelé communément « Sparto ») qui attaque
et mange le thon rouge une fois capturé par la palangrotte, et ne laisse aux pêcheurs que les têtes du
poisson.
4.2
Les autres activités génératrices de revenus
La pêche est la principale activité génératrice de revenu, exercée par la communauté des pêcheurs.
Elle représente plus que 90 pour cent dans le revenu global des pêcheurs (enquête M alouli, 20062008). Les autres activités se limitent à une agriculture vivrière et parfois à un petit commerce.
15
5. Filières et acteurs
L’écoulement des trois principales espèces capturées au niveau de Dikky, est assuré par 4 à 6
commerçants, qui jouent généralement le rôle de commissionnaires auprès des grandes sociétés
d’exportations basées à Tanger. Ces commerçants assurent l’approvisionnement des pêcheurs en
intrants de pêche, notamment les besoins en matériel de pêche, la glace et l’appât.
La majorité des commerçants sont originaires de la région et généralement, ils fréquentent le site de
pêche d’une manière quotidienne.
Aucune stratégie particulière n’est adoptée pour l’écoulement des captures. Les trois espèces ou les
trois filières, notamment, la filière thon rouge, la filière dorade rose et la filière pagre, connaissent la
même organisation et le même sort. Une analyse plus détaillée et plus approfondie sera développée
dans le rapport final du « Diagnostic participatif ».
6. Modes et niveaux d'organisation des communautés de pêcheurs
L’organisation de la communauté des pêcheurs de Dikky est parmi les maillons faibles de ce site,
car les pêcheurs trouvent une difficulté pour s’associer autour d’un objectif clair et intéressant.
M algré ce constat, il existe une association qui n’a réalisé aucune activité et qui connaît beaucoup
de difficultés pour démarrer.
Cette association s’appelle l’Association des propriétaires des barques de la pêche artisanale et des
marins pêcheurs de Dikky, crée en 2005, dont le nombre d’adhérent est seulement de neuf, il s’agit
des membres du bureau qui gère cette association.
Les principaux objectifs de cette association sont:
-
regrouper tous les pêcheurs qui pratiquent le même métier;
défendre le métier dans les différentes circonstances, au niveau de toutes les instances et
auprès des autorités;
améliorer la situation socioéconomique et culturelle des membres de l’association;
participer à l’amélioration de la situation économique et sociale de la région.
Cette association s’est confrontée à plusieurs problèmes de différentes natures, dont les principaux
sont liés au manque de moyens financiers et d’encadrement technique, mais également en raison du
manque d’esprit associatif chez la communauté des pêcheurs.
16
7. Matrices d'analyse des problèmes par filiè re
Une seule matrice d’analyse des problèmes serait présentée, car les mêmes problèmes se présentent
pour toutes les filières (Tableau 4).
Cette matrice est constituée sur la base des entretiens et des interviews réalisés en 2007, lors de la
phase « Formulation du projet » (M alouli, 2007. Rapport de mission.).
Cette matrice serait plus détaillée et plus approfondie après l’analyse des résultats du diagnostic
participatif.
Tableau 4: Matrice des problèmes de la filière pêche à Dikky
Nº
Problèmes
Causes
Effets
Solutions proposées
1
Baisse importante
de la production
des principales
espèces
Probable
surexploitation
des stocks des
principales
espèces
Diminution du
chiffre d’affaire
M esures de gestion
2
Nombre limité de
mareyeurs
…
Prix de poissons
contrôlés
Organiser la vente et
améliorer les
conditions de
commercialisation
3
Endettement auprès Financement des
des mareyeurs
intrants de la
pêche
Contrôle des prix
Organisation des
pêcheurs
4
Absence d’une
station de carburant
…
Prix des intrants plus
chers
Construire une station
de gasoil
5
Pas d’alternatives
pour les métiers
Difficulté
d’exercer d’autres
métiers
Chômage pendant
une période de
l’année
Activités touristiques
et recherches d’autres
métiers.
6
Activités limitées et Conditions
perte de barques
climatiques
difficiles
Investissement
moins important
Infrastructure pour
sécuriser les barques
7
Absence de
magasins de vente
des intrants de
pêche
…
Intrants chers
Construire des
magasins pour la
vente des intrants
8
Pas
d’infrastructures de
pêche
…
Conditions de travail
et de
commercialisation
difficiles
Construction d’un
petit port
17
8. Les Institutions conce rnées et autres projets dans la zone
Le projet ArtFiM ed coïncide avec un certain nombre d’initiatives et de projets de développement
touchant le secteur de la pêche artisanale en M éditerranée marocaine. Des actions seront même
spécifiques au site Dikky.
Les principaux partenaires potentiels et initiatives, qui peuvent entrer en synergie avec ArtFiM ed ou
l’appuyer de près ou de loin sont:
•
Le M inistère d’agriculture et des pêches maritimes, à travers la délégation des pêches
maritimes de Tanger, est l’organisme chargé de la gestion des pêches et de l’application de
la réglementation en vigueur.
•
La Division de l’action sociale (DAS), de la province Fahs-Anjra. La DAS est chargé de
l’application et la gestion de tous les projets proposés dans le cadre de l’Initiative national
de développement humain (INDH).
•
La Commune rurale de Ksar Sghir, est l’autorité qui gère les projets d’aménagement et de
développement au niveau de Dikky.
•
L’Institut national de recherche halieutique, Centre régional de Tanger, est l’organisme
chargé du suivi scientifique des pêcheries de la région.
•
L’Association des propriétaires des barques et des marins pêcheurs de Dikky.
•
Le projet américain de développement de la pêche artisanale, financé dans le cadre du
M illenium Challenge Corporation: M illenium Challenge Account. Ce projet vise à
construire une vingtaine de PDA. Dikky est parmi les sites sélectionnés.
•
Office national des pêches – Casa, est l’organisme chargé du développement et la mise en
valeur du secteur de la pêche artisanale. Il est chargé également de piloter le projet
M CA/M CC.
•
Agence de développement social (ADS), Tanger.
•
Centre de qualification des pêches maritimes à Larache. Ce centre est chargé de la formation
des pêcheurs sur différents thèmes.
•
Office de développement des Coopératives, est chargé de la création des coopératives et de
leur suivi. Il s’occupe également des formations dans ce domaine.
•
TM SA: Fondation des œuvres sociales. Elle finance les projets qui visent le développement
humain au niveau de la région à proximité du port « Tanger-M ed ».
18
9. Conclusion et recommandations
Ce rapport initial sur la pêche artisanale à Dikky montre que cette activité revête une importance
primordiale aussi bien sur le plan social que sur le plan économique pour la communauté des
pêcheurs de la région, surtout que les espèces ciblées sont de haute valeur commerciale et destinées
principalement aux marchés européens.
L’activité de pêche effectuée par une cinquantaine de barques, est garantis par environ 250 marins
de jeune âge, originaires presque tous des régions à proximité du site et possèdent une bonne
expérience dans le secteur de la pêche. M alheureusement, leur niveau de scolarisation et en
formation maritime reste faible.
Cinq métiers sont pratiqués à Dikky, utilisant uniquement les engins à hameçons (lignes à main et
palangres). Ces métiers ciblent principalement, la dorade rose, le thon rouge, le pagre à points bleus
et le pagre commun.
L’effort de pêche par barque est estimé à 180 sorties par an. La production annuelle de l’ensemble
de la flottille est estimée à 110 tonnes.
L’écoulement de la production est assuré par 4 à 6 commerçants, qui influencent énormément sur le
niveau des prix des espèces.
Les principaux points forts de l’activité de pêche à Dikky sont relatifs au professionnalisme et
maîtrise des métiers de pêche pratiqués, à l’attachement des pêcheurs à l’activité de pêche, à la
jeunesse de la communauté des pêcheurs, à la haute valeur commerciale des espèces capturées et à
la proximité de Dikky à la route et à plusieurs infrastructures touristiques.
Les principaux points faibles de l’activité de pêche à Dikky sont liés au manque d’organisation des
pêcheurs, au taux élevé d’analphabétisme, aux vents forts et aux fonds rocheux, qui handicapent
l’activité pendant de longues durées, au manque des infrastructures de pêche et au non recours aux
crédits.
Toutefois, les informations et les données collectées restent insuffisantes et incomplètes pour
dresser la vraie situation des différents aspects touchant cette activité. Le diagnostic final permettra
de connaître d’une manière plus approfondie et plus détaillée tous les maillons forts et faibles de
l’activité de pêche et de la communauté des pêcheurs et par conséquent d’améliorer les réflexions
sur les activités à programmer dans le cadre du projet ArtFiM ed, quoique certaines actions puissent
être recommandées dès présent. Il s’agit en particulier de s’intéresser aux aspects liés à
l’organisation des pêcheurs, à la valorisation des produits de pêche et à l’organisation de la
commercialisation.
19
10. Bibliographie
Malouli Idrissi Mohammed et al. 2008. Pêche artisanale aux petits métiers au niveau de la région
Larache – Jebha : Diagnostic de la situation actuelle et analyse socioéconomique. Document INRH.
Malouli Idrissi Mohammed. 2007. Analyse du secteur de la pêche artisanale en M éditerranée
marocaine. Formulation du projet « Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne
au M aroc et en Tunisie » - Cas M AROC -. GCP/RAB/003/SPA.
Malouli Idrissi Mohammed. 2007. Rapport de mission du 12 au 17 mars 2007. Formulation du
projet « Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au M aroc et en Tunisie » Cas MAROC -. GCP/RAB/003/SPA.
S rour A., Malouli Idrissi, Abid N. 2003. La pêcherie du thon rouge dans la région de Ksar Sghir:
aspects biologiques et socioéconomiques. INRH et CopeM ed.
Malouli Idrissi M. et al. 1999. Situation actuelle de la pêche artisanale en M éditerranée marocaine.
Résultats de l’enquête effectuée en Décembre 1998. FAO/CopeM ed et INRH.
20
DIAGNOSTIC INITIAL DU SITE DE PECHE
ARTISANALE DE EL AKARIT
(TUNISIE)
M ai 2009
INDEX
1. Introduction ...............................................................................................................................23
1.1.
Contexte du projet.............................................................................................................23
2. Fiche synthétique du site de El Akarit....................................................................................25
2.1.
Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit..................................25
3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de El Akarit.....................26
3.1.
Aspects sociaux.................................................................................................................26
3.2.
Aspects économiques ........................................................................................................26
4. Description des activités du site de El Akarit.........................................................................27
4.1.
Description de l’activité de pêche.....................................................................................27
4.2.
Les autres activités generatrices de revenu .......................................................................28
5. Filières et acteurs ......................................................................................................................29
6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs............................................30
7. Matrice d’analyse des problèmes.............................................................................................31
8. Les institutions concernées et autres projets dans la zone ....................................................32
9. Conclusion et recommandations..............................................................................................33
10. Bibliographie .............................................................................................................................34
Index des tableaux et des schémas
Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit………………………….25
Tableau 2: Effort de pêche à El Akarit……………………………………………………………...27
Tableau 3: La production de palourdes à El Akarit…………………………………………………28
Tableau 4: Le calendrier des activités à El Akarit…………………………………………………..28
Tableau 5: M atrice d’analyse des problèmes à El Akarit…………………………………………...31
Schéma 1: Circuits de commercialisation des palourdes…………………………………………...24
22
1. Introduction
La filière d’exploitation de la palourde en Tunisie revêt une grande importance dans le secteur de la
pêche de part sa capacité de création d’environ 4 000 emplois saisonniers à pied composés à 80
pour cent de femmes originaires pour la plupart des régions riveraines des zones de pêche et de sa
participation à l’entrée de devises par l’exportation.
Cette activité est organisée en campagne de pêche (du 1octobre au 15 mai de chaque année) et
assure une production moyenne de 600 tonnes par an; production qui n’a cessé de fluctuer au cours
des dernières années passant de 1 100 tonnes en 2002 à 623 tonnes en 2007 (rapports annuels de
l’arrondissement pêche).
Dans le cadre du programme de mise à niveau du secteur de la pêche, et spécialement dans la filière
de la pêche des bivalves, un réseau de surveillance de suivi du statut sanitaire des zones de
production de mollusques bivalves a été crée depuis 1998. Il permet d’assurer actuellement le
contrôle microbiologique, bio toxinique et physico chimique des 17 zones potentiellement
exploitables répartis en majorités entre trois Gouvernorats côtiers du sud de la Tunisie: six à Sfax,
trois à Gabès et quatre à M ednine.
Le Gouvernorat de Gabès est divisé en trois zones de pêche:
• La zone G1, divisée en deux sous zones:
- El Hicha: limitée géographiquement par l’oued El Ghram au nord et loued El Akarit
au sud.
- El Akarit: dont les limites sont l’oued El Akarit au nord et Tarf el M a (Chott
M etouia) au sud. Le site El Akarit à été choisi pour l’exécution du projet de
« Développement de la pêche artisanale en méditerranée ».
•
•
1.1.
La zone G2, qui intéresse les plages de Limaya, Zerkine et Kattana.
La zone G3, limitée au nord par oued Om El Abair et au sud par oued Echooba
Contexte du projet
Au cours de l’exécution de la première phase du projet CopeM ed financé par l’Agence espagnole
de coopération internationale pour le développement (AECID), une attention a été porté à la
situation de la pêche artisanale dans la partie occidentale et centrale de la M éditerranée. Au cours de
dernière réunion du Comité de coordination du projet qui s’est tenue en Tunisie en M ai 2005, les
représentants des pays participants au projet ont demandé la poursuite du projet dans le cadre d’une
seconde phase, avec un accent particulier sur le développement d’actions en appui à la pêche
artisanale. Au cours de cette même réunion, les représentants espagnoles ont déclaré que l’AECID
été prête à soutenir des initiatives ciblées dans ce secteur spécifique en Tunisie et au M aroc afin
d’améliorer la situation socioéconomique et les moyens d’existence des populations côtières.
Le projet ArtFiM ed, financé par l’AECID a été développé dans la continuité du projet régional
CopeM ed et à la demande des pays participant. Il s’intègre à la fois: (i) aux priorités des pays en
matière de lutte contre la pauvreté, d’amélioration des conditions socioéconomiques des populations
côtières et de réhabilitation de pêche artisanale, (ii) aux préoccupations régionales en matière
d’échange d’expériences, d’amélioration de la gestion des stocks partagés et d’espèces d’intérêt
commun, (iii) aux recommandation et objectifs internationaux énoncés dans le cadre des objectifs
pour M illénaire et des Commutés des pêches de la FAO.
23
L’objectif du projet est d’améliorer les moyens d’existence durable des communautés de pêche
artisanale ciblées dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent ainsi que de contribuer à
améliorer l’intégration positive de ces communautés aux dynamiques qui les affectent directement,
en particulier la gestion des pêches et le développement des zones côtières.
L’impact recherché est donc que les communauté qui dépendent des pêches artisanales puissent
mieux profiter et contribuer au développement humain, social et économique de leur pays et
puissent être mieux intégrés aux stratégies nationales et régionales de gestion des pêches ainsi
qu’aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté et d’aménagement du littoral dans le respect
de la distribution des écosystèmes marins, souvent fragile, qu’elles exploitent.
Dans ce contexte les objectifs du projet seront de trois types:
•
Résultats immédiats:
Améliorer les moyens d’existences durables des communautés des pêches artisanales ciblées par la
valorisation des captures, des pratiques de pêche durables, des activités de pêche complémentaires
ainsi que par une meilleure organisation de leur structure.
•
Résultats à l’échelle nationale:
Acquisition et promotion de leçon et de méthodologies auprès des autorités et organismes
compétents pour faciliter à la suite du projet une extension des actions à d’autres communautés de
pêche artisanales et pour assurer la durabilité des acquis.
•
Résultats attendus au niveau de la région du Commissariat régional de développement
agricole (CGPM):
Renforcement de la base d’information sur les pêches artisanales méditerranéennes comprenant les
réalisations du projet, connaissances, leçons apprises et méthodologie en vue de promouvoir et de
capitaliser les expériences propres au développement durable des pêches artisanales et de faciliter à
l’avenir les échanges d’expérience entre les pays de la M éditerranée.
Les communautés sélectionnées pour participer au projet ArtFiM ed sont:
• Au M aroc, la communauté des pêcheurs du site de Dikky.
• En Tunisie, la communauté des pêcheurs embarqués de Ghannouch et la communauté de
femmes pêcheurs à pied de palourde de El Akarit.
24
2. Fiche synthétique du site de El Akarit
•
•
•
•
•
•
Population: le nombre de logement est de 6 228.
L’infrastructure scolaire est de:
- huit écoles préparatoires;
- treize écoles primaires;
- cinq collèges et lycées.
Le taux d’électrification en milieu non communal est de 98,6 pour cent.
La desserte en eau potable est de 99,1 pour cent.
L’accès à la zone de pêche est assuré par trois routes goudronnées
Infrastructures communautaires:
- douze jardins d’enfants;
- trois bibliothèques;
- deux maisons de culture;
- deux maisons de jeunes;
- un banque.
2.1 Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit
La pêche dans la délégation de M etouia est exclusivement basée sur la pêche à pieds pour la
collecte des clovisses (Ruditapes decussatus) et est pratiquée par une majorité féminine (90 pour
cent).
Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit
AT OUT S
HUMAIN
NAT UREL
PHYSIQUE
SOCIAL
FINANCIER
FORCE S
- Existence des traditions en matière de collecte de
palourde
- Existence de communautés de pêcheurs
traditionnels
- Existence de bonne santé et d’aptitude physique
pour le travail
- Existence de personnes alphabétisées en arabe ou
en français pour tenir des registres de comptabilité
- Existence d’encadrement technique
(arrondissement des pêches, centre de formation
professionnelle des pêches)
- Existence d’un plateau continental assez étendu
- Présence d’un stock exploitable important
- Existence d’infrastructures: routes, maison
d’habitations, écoles, postes de santé…
- Existence d’un esprit de solidarité et d’entraide
au sein des communautés de pêcheurs artisanaux.
- Existence des groupements de développement qui
organisent l’activité de collecte
- Obtention de revenus après la vente des produits
pêchés
25
FAIBLESSE S
- Insuffisance du niveau de
formation en gestion
organisationnelle et financière au
sein du groupe identifié
- Insuffisance des connaissances
sur les ressources halieutiques
- Problèmes sanitaires (présence
de bio toxine)
- La majorité du stock ne répond
pas à taille réglementaire
- Eloignement des zones de
collecte ce qui nécessite le
recours aux moyens de transport
- Inexistence d’associations
professionnelles pour les femmes
collectrices de palourde
- Insuffisance de revenus tirés
des activités de pêche
3. Aspects socio-économiques concernant la communauté de pêche de
El Akarit
3.1.
Aspects sociaux
-
Age
La majorité des femmes pratiquantes la pêche aux clovisses est jeune. On estime à 80 pour cent
celles qui ont un age inférieur à 40 ans.
Origine
La majorité des pêcheurs de la région de Ghannouch sont originaires du village et on peut même
remarquer les déplacements d’un grand nombre de marin pour travailler dans les régions voisines.
Niveau de formation
La majorité des femmes du site de El Akarit ont été à l’école. On estime, selon les déclarations des
responsables locaux avoir:
• 20 pour cent analphabètes;
• 60 pour cent niveau primaire;
• 20 pour cent niveau secondaire.
3.2.
Aspects économiques
• Charges
Les charges supportées par les femmes collectrices de palourde sont essentiellement les frais de
transport.
• Revenus
Le revenu moyen par jour de travail dépend étroitement de la quantité collectée il est de 4 à 6 Dinar
tunisiens en moyenne soit un revenu annuel de 500 à 600 Dinars tunisiens.
26
4. Description des activités du site de El Akarit
4.1
Description de l’activité de pêche
- Caractéristiques des métiers
L’unique métier de pêche pratiqué dans la zone est la collecte à pied des clovisses ou
palourde Ruditapes decussatus.
- Les engins de pêche
L’engin utilisé pour la pêche des clovisses est le faucillon et un récipient où on les collecte.
- Les espèces cibles
Une seule est exploitée pour le commerce et est principalement destiné à l’exportation. Cette espèce
est la clovisse ou la palourde Ruditapes decussatus. La taille autorisée pour le commerce est 3,5 cm.
- Les périodes de pêche
La pêche des clovisses est régie par l’arrêté du 28 septembre 1995 qui stipule que cette activité est
soumise à une autorisation spéciale de l’autorité compétente et qu’elle est interdite du 15 mai au 30
1
septembre de chaque année . Depuis quelques années il y a eu apparition de bloom
phytoplanctoniques qui ont engendré des concentrations des bio toxines dans la chair de ces
organismes ce qui a limité les périodes de pêche à celles où ces organismes sont indemnes
uniquement selon les résultats des analyses par l’Institut des recherches vétérinaires IRVT
(laboratoire de Sfax) et celles de effectuées l’institut national des sciences et technologies de la mer
l’INSTM (arrêté du M inistère de l’agriculture du 28 novembre 1995 fixant les règles sanitaires
régissant la production et la mise sur le marché des mollusques bivalves).
- Les zones de pêche
Le littoral constituant la zone de pêche des clovisses s’étale sur une dizaine de kilomètres. La
collecte se fait sur l’estran qui est soumis à l’action d’une marée semi diurne qui peut atteindre 2,4
m pendant les vives eaux. L’importance de l’amplitude des marées et l’étendu de l’estran sur le
littoral ont favorisé une activité de pêche à pied pour la collecte des palourdes. Cette zone est
comprise entre oued Akarit au nord et Tarf el M a au sud.
- L’effort de pêche
L’effort de pêche est exprimé en journée de travail autorisée tout en signalant que le nombre total
des journées de travail durant l’année est de 150 jours maximum (du 15 mai au 30 septembre).
Tableau 2: Effort de pêche à El Akarit
Oct.
2006/2007
Effort
2007/2008
Effort
7
790
Nov.
6
1 178
13
976
Déc. Janv. Févr.
21
10
15
2 049 593
377
15
10
16
1 448 575
811
M ars
19
503
1
61
Avril
8
358
8
240
M ai
6
141
0
0
Total
85
70
Source: Rapport arrondissement pêche 2008
1
Arrêté du Ministre de l’ agriculture du 20 septembre 1994, relatif à l’organisation de la pêche des clovisses.
Art 3. La pêche des clovisses est interdite durant la période allant du 15 mai au 30 septembre de chaque année. Cette interdiction peut
être prorogée jusqu’ au 15 novembre par décision de l’ autorité compétente et ce compte tenu des particularités bioclimatiques de
chaque zone de pêche.
27
- La production
Tableau 3: La production de palourdes à El Akarit
Saison
2006/2007
2007/2008
4.2.
Nov.
3 679
2 112
Déc.
3 647
3 481
Janv.
1 003
1 436
Févr.
870
1 832
M ars
775
158
Avril
597
415
M ai
290
0
Total
10 861
11 990
Les autres activités génératrices de revenu
Vu que la zone de pêche est souvent fermée pour des raisons sanitaires, les femmes collectrices de
palourde s’orientent vers l’agriculture.
Ordre d’importances des activités par rapport à la pêche
L’activité de la pêche à pieds reste la plus importante pour les femmes de ce site parce qu’elle
s’étale sur une période de sept mois en général (entre octobre et mai). En plus, la rémunération des
femmes est quotidienne sur les lieux de travail par l’intermédiaire du groupement.
En dehors de cette période les femmes s’orientent vers l’agriculture en tant que main d’œuvre
occasionnelle pour les cultures maraîchères, la collecte des olives de même pour les périodes de
moisson des céréales pendant les années pluvieuses.
Proportion du temps impartie à chaque activité
Ces dernières années l’activité de la pêche à la palourde a régressé ce qui a orienté les femmes vers
d’autres activités génératrices de revenu durant les périodes creuses qu’on estime à 40 pour cent du
temps occupé.
Les personnes impliquées (homme, femmes)
Les femmes sont les plus impliquées dans l’activité agricole, surtout durant les périodes de
fermeture de la zone de pêche.
Les périodes de l’année
Ces activités sont pratiquées pendant toute l’année selon les campagnes (semis, binage et récolte),
mais la collecte de palourde reste plus rémunératrice.
Tableau 4 : Le calendrier des activités à El Akarit
Activité
Pêche à pied
Cultures maraîchères
Collecte des olives
M oisson des céréales
Périodes
15 mai - 30 septembre
Toute l’année
Octobre - décembre
M ai - juin
28
5. Filières et acteurs
La palourde est destinée essentiellement à l’exportation. Ce produit est pêché sur l’estran, collecté
par le groupement et conduit dans des centres d’épuration où il se transformera en produit
consommable et prêt à être exporté.
Depuis la création des groupements de développement et d’exploitation des palourdes le circuit de
commercialisation de ces produits est devenu très clair en effet les produits de la pêche sont
rassemblés au niveau du groupement où ils sont contrôlés par les gardes pêches surtout pour la
taille, ensuite ils sont pesés.
La vente se fait soit par criée quand plusieurs centres se présentent pour l’achat sinon le prix est fixé
en commun accord entre le représentant du groupement et celui du centre d’exportation privé.
Un commerce parallèle clandestin s’établie chaque fois que la demande augmente et/ou les zones
sont fermées (Schéma 1).
Les palourdes sont contrôlées de point de vue taille par les agents garde pêche puis collectées au
niveau du groupement. Les quantités collectées sont transportés par les exportateurs ou leurs
représentants vers les centres d’exportation.
Pendant les périodes de fortes demandes ou de fermeture des zones de pêche un commerce illicite
direct s’établit entre les collecteurs et les centres d’exportation.
Les palourdes ne passent ni par le groupement ni par le contrôle administratif et seront transportés
sans autorisation vers les dits centres à leurs risques et périls (saisie en route, analyse bio toxine
positive, etc.).
Collectrices de
palourdes
Groupement
Circuit officiel
Cirtuit clandestin
Centres d’epuration et
d’exportation
Marché national
Exportation
S chéma 1: Circuits de commercialisation des palourdes
29
6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs
La filière de la pêche à la palourde a été pionnière dans le processus de mise à niveau du secteur de
la pêche et ce par l’installation des différents circuits de contrôle mais surtout par la création dans
chaque zone de pêche d’un groupement de développement et d’exploitation de palourde par le
décret Nº 99-1809 du 23 août 1999, portant approbation des statuts types des groupement de
développement dans le secteur de l’agriculture et de la pêche.
Le groupement d’Akarit a été crée le 31 décembre 2003. Les membres du Conseil d’administration
sont volontaires et l’activité de ce groupement n’a aucun but lucratif.
Parmi les rôles de ce groupement on peut citer:
• l’encadrement des collecteurs;
• information des collecteurs sur l’ouverture et la fermeture de la zone de pêche;
• aide à l’obtention des permis de pêche (dépôt des dossiers, retrait des permis);
• établissement de contact avec les exportateurs pour la vente des produits;
• établissement de liste journalière des collecteurs: le représentant du groupement enregistre
les pêcheurs qui participent à la collecte ainsi que les quantités ramassées;
• présence durant l’opération de contrôle et de pesage des palourdes;
• actions sociales au profit des nécessiteux: le groupement vient en aide financière à quelques
familles nécessiteuses durant les fêtes religieuses et la rentrée scolaire;
• garantie de l’origine des produits.
Le groupement joue un rôle important dans le suivi de traçabilité du produit et la garantie de
l’origine des quantités de palourdes disponibles au niveau des centres d’exportation.
En effet le suivi de l’origine est prouvé par les services vétérinaires, basé sur le «Certificat de
transport des coquillages», délivré par les agents de la garde de pêche sur les lieux de pêche aux
représentants des centres d’exportation.
Ces groupements tirent leurs ressources matérielles de l’adhésion annuelle des collecteurs qui est
fixée à 1 Dinar/adhérent/an et de 0,100 Dinar/kg de palourde vendu pris sur le compte de
l’exportateur.
Vu la régression des revenus et la diminution de l’activité de la pêche de palourde les collectrices
ne payent plus leur cotisation annuelle et le groupement se trouve presque sans moyens par lesquels
il peut jouer son rôle.
30
7. Matrice d’analyse des problè mes
Tableau 5: Matrice d’analyse des problèmes à El Akarit
Type de problème
Infrastructure
Inexistence de centre
d’épuration et d’exportation
dans le gouvernorat de Gabès
Causes
Effet
Solutions proposées
Absence de
promoteur
Effet négati f sur les prix
à la vente.
Création de centre de traitement
et d’exportation de palourde
Prolifération d’algues
toxiques
Suspension de la
collecte
Déterminer un seuil minimum de
toxicité en dessous du quel le
produit est valable à la
consommation
Ecologique
Présence de la biotoxine
Pousser les recherches sur la
détoxifi cation
Réglementaire
Collecte de la palourde en
dehors de la campagne
Marché parallèle
(clandestin)
Effet négati f sur le
stock
Diminution des tailles
commercialisabl es
Exploitation abusive
Formation et sensibilisation des
exploitants
Surexploitation de la
ressource
Réglementation et création de
concessions pour le
grossissement de palourdes
Biologique
Diminution des tailles
commercialisabl es
Surveillance
Non respect de la
réglementation
Socioé conomique
Prix de vente à la production
non proportionnel à celui de
l’exportation.
Prix fixé par
l’exportateur
Revenu non
rémunérateur
Installer un système de criée
pour la vente du produit.
Désistement des exportateurs
de l’achat de la palourde en
dehors de quelques périodes
déterminées (fêtes, nouvel
an).
Produit non demandé
à l’échelle nationale
Recours à la pêche
illicite pour augmenter
la quantité
Sensibilisation des pêcheurs aux
rôles des organisations
professionnelles (groupements)
dans l’amélioration de leurs
conditions de travail et des
revenus
Une grande variation des
prix durant la campagne.
Le désistement des
collecteurs à l’adhésion au
groupement
Manque de moyens
du groupement
Doter le groupement des moyens
nécess aires pour sont bon
fonctionnement.
31
8. Les Institutions conce rnées et autres projets dans la zone
En Tunisie il existe plusieurs projets et initiatives en cours de réalisation dans le golfe de Gabès
avec lesquels ArtFiM ed cherchera des synergies possibles en particulier pour la lutte contre les
pratiques illicites et de la promotion des bonnes pratiques:
•
•
•
Le projet de développement durable des ressources de la pêche dans le golfe de Gabès:
projet tuniso-japonais JICA DGPA « Gestion durable des ressources de pêche côtière en
Tunisie ».
Le projet de protection des ressources marines et côtière du golfe de Gabès: projet financé
conjointement par le Gouvernement tunisien et un don de la Banque mondiale (FEM )
Le projet de renforcement du rôle de la femme dans la filière pêche à pied de la palourde:
projet FAO-TCP de coopération technique.
Par ailleurs, les autorités et établissements suivants seront appelés à appuyer le projet ArtFiM ed:
•
•
•
•
•
•
•
•
Le M inistère de l’agriculture et des ressources hydrauliques:
- Direction générale de la pêche et de l’aquaculture.
Le Gouvernorat de Gabès:
- Délégation de Ghannouch.
L’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Gabès:
- L’Union locale de Ghannouch.
Le Commissariat régional de développement agricole de Gabès:
- L’arrondissement de la pêche et de l’aquaculture;
- L’arrondissement de financement et encouragement.
L’Institut national des sciences et technologies de la mer.
Le Centre de formation professionnelle des pêches de Gabès.
La Direction régionale des affaires sociales.
La Coopérative « El khalij » des services des pêches.
32
9. Conclusion et recommandations
L’activité de la pêche des palourdes est dépendante de l’état sanitaire des zones de pêches, de la
demande à l’exportation, des facteurs climatiques ainsi qu’une diminution des quantités aux tailles
réglementaires d’où l’urgence d’intervention pour alléger ces handicaps au développement de cette
activité par:
•
•
•
•
•
•
L’accélération des recherches sur la détoxication des palourdes.
La consolidation du Groupement de développement d’exploitation des palourdes.
La réglementation de l’activité du grossissement des palourdes afin d’encourager
l’installation des concessionnaires (voir fermes familiales) pour développer ce créneau
prometteur (prévoir une écloserie).
La création de centres d’épuration et d’exportation de palourdes dans la région sud de la
Tunisie vue l’existence d’importantes zones touristiques consommatrices potentielles de ces
produits en dehors des périodes de demande à l’étranger.
La prospection de marchés pour les autres espèces potentiellement exploitables (haricot et
autres).
La création d’un marché de gros de palourde où les prix seront déterminés à la créé.
33
10. Bibliographie
•
Le Gouvernorat de Gabès en chiffres. M inistère du développement et de la coopération
internationale (Office de développement du sud). 2007
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2006.
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2007.
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2008.
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Bilans mensuels des années 2005,
2006, 2007 et 2008.
34
DIAGNOSTIC INITIAL DU SITE DE PÊCHE
ARTISANALE DE GHANNOUCH
(TUNISIE)
M ai 2009
INDEX
1. Introduction ...............................………………………………………………………………37
1.1.
Contexte du projet.............................................................................................................37
2. Fiche synthétique du site de Ghannouch ..............................................……………………..39
2.1.
Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch ..............................40
3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de Ghannouch…………41
3.1.
Aspects sociaux.................................................................................................................41
3.2.
Aspects économiques ........................................................................................................41
4. Description des activités du site de Ghannouch....................................................………….42
4.1.
Description de l’activité de pêche.....................................................................................42
4.1.1. La flottille de pêche...........................................................................................................42
4.1.2. Caracteristiques des métiers ..............................................................................................42
4.1.3. Les engins de pêche ..........................................................................................................43
4.1.4. Les espèces cibles .............................................................................................................43
4.1.5. Les périodes de pêche .......................................................................................................44
4.1.6. Les zones de pêche............................................................................................................44
4.1.7. L’effort de pêche...............................................................................................................44
4.1.8. La production....................................................................................................................44
4.2.
Les autres activités generatrices de revenu .......................................................................45
5. Filières et acteurs ....................................……………………………………………………..46
6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs……………………………46
7. Matrice d’analyse des problèmes.............................................………………………………48
8. Les institutions concernées et autres projets dans la zone …………………………………49
9. Conclusion et recommandations..............................................………………………………50
10. Bibliographie .................................……………………………………………………………51
Annexe des tableaux, figures et schémas
Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch……………………….40
Tableau 2 : Evolution du nombre d’embarcations à Ghannouch…………………………………...42
Tableau 3: Nombre de sorties par engins de pêche à Ghannouch en 2008…………………………44
Tableau 4: Evolution de la production à Ghannouch et dans la région……………………………..45
Tableau 5: Evolution mensuelle de la production par engin et espèce à Ghannouch en 2008……...45
Tableau 6: M atrice d’analyse des problèmes……………………………………………………….48
Figure 1: Le Gouvernorat de Gabès………………………………………………………………...39
Schéma 1: Filières de commercialisation des produits e la pêche de Ghannouch………………….46
36
1. Introduction
1.1.
Contexte du projet
Au cours de l’exécution de la première phase du projet CopeM ed financé par l’Agence espagnole
de coopération internationale pour le développement (AECID), une attention a été porté à la
situation de la pêche artisanale dans la partie occidentale et centrale de la méditerranée. Au cours de
dernière réunion du Comité de coordination du projet qui s’est tenue en Tunisie en mai 2005, les
représentants des pays participants au projet ont demandé la poursuite du projet, dans le cadre d’une
seconde phase, avec un accent particulier sur le développement d’actions en appui à la pêche
artisanale. Au cours de cette même réunion, les représentants espagnoles ont déclaré que l’AECID
été prête à soutenir des initiatives ciblées dans ce secteur spécifique en Tunisie et au M aroc afin
d’améliorer la situation socioéconomique et les moyens d’existence des populations côtières.
Le projet ArtFiM ed, financé par l’AECID a été développé dans la continuité du projet régional
CopeM ed et à la demande des pays participant. Il s’intègre à la fois: (i) aux priorités des pays en
matière de lutte contre la pauvreté, d’amélioration des conditions socioéconomiques des populations
côtières et de réhabilitation de pêche artisanale, (ii) aux préoccupations régionales en matière
d’échange d’expériences, d’amélioration de la gestion des stocks partagés et d’espèces d’intérêt
commun, (iii) aux recommandation et objectifs internationaux énoncés dans le cadre des objectifs
pour M illénaire et des communautés des pêches de la FAO.
L’objectif du projet est d’améliorer les moyens d’existence durable des communautés de pêche
artisanale ciblées dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent ainsi que de contribuer à
améliorer l’intégration positive de ces communautés aux dynamiques qui les affectent directement,
en particulier la gestion des pêches et le développement des zones côtières.
L’impact recherché est donc que les communauté qui dépendent des pêches artisanales puissent
mieux profiter et contribuer au développement humain, social et économique de leur pays et
puissent être mieux intégrés aux stratégies nationales et régionales de gestion des pêches ainsi
qu’aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté et d’aménagement du littoral dans le respect
de la distribution des écosystèmes marins, souvent fragile, qu’elles exploitent.
Dans ce contexte les objectifs du projet seront de trois types:
•
Résultats immédiats:
Améliorer les moyens d’existences durables des communautés des pêches artisanales ciblées par la
valorisation des captures, des pratiques de pêche durables, des activités de pêche complémentaires
ainsi que par une meilleure organisation de leur structure.
•
Résultats à l’échelle nationale:
Acquisition et promotion de leçon et de méthodologies auprès des autorités et organismes
compétents pour faciliter à la suite du projet une extension des actions à d’autres communautés de
pêche artisanales et pour assurer la durabilité des acquis.
37
•
Résultats attendus au niveau de la région du Commissariat régional de développement
agricole (CGPM):
Renforcement de la base d’information sur les pêches artisanales méditerranéennes comprenant les
réalisations du projet, connaissances, leçons apprises et méthodologie en vue de promouvoir et de
capitaliser les expériences propres au développement durable des pêches artisanales et de faciliter à
l’avenir les échanges d’expérience entre les pays de la M éditerranée.
Les communautés sélectionnées pour participer au projet ArtFiM ed sont:
• Au M aroc, la communauté des pêcheurs du site de Dikky.
• En Tunisie, la communauté des pêcheurs embarqués de Ghannouch et la communauté de
femmes pêcheurs à pied de palourde d’El Akarit.
38
2. Fiche synthétique du site de Ghannouch
Ghannouch est une des 10 délégations du Gouvernorat de Gabès située dans le sud tunisien à
environ 400 km de la capitale Tunis. Sa superficie est de 19 kilomètres carrés (0,3 pour cent de la
surface du Gouvernorat) et sa population est d’environ 23 000 habitants qui constituent environ 3
673 ménages.
Le nombre de logement est de 3 700 avec un taux d’électrification de 99,4 pour cent et un taux de
desserte en eau potable de 99,7 pour cent.
L’infrastructure de l’enseignement est composée de trois écoles préparatoires, six écoles primaires
et trois collèges et lycées.
Le secteur de la santé est constitué de deux centres de santé de base, une salle de soin, quatre
cliniques, quatre pharmacies, une infirmerie et un médecin dentiste.
Les habitants de Ghannouch sont réputés par leur savoir faire en agriculture irriguée vue la richesse
de la zone en eau souterraine ainsi que par le travail en mer qui occupe environ 1 200 d’entre eux et
qui produisent environ 60 pour cent du total régional en produits marins.
Figure 1: Le Gouvernorat de Gabès
39
2.1
Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch
Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch
AT OUT S
HUMAIN
NAT UREL
PHYSIQUE
SOCIAL
FINANCIER
FORCE S
- Existence de compétences en matière de
pêche
- Existence de communautés de pêcheurs
traditionnels
- Existence de bonne santé et d’aptitude
physique pour le travail
- Existence de personnes alphabétisées en
arabe ou en français pour tenir des registres
de comptabilité
- Existence d’encadrement technique
- Existence d’un plateau continental assez
étendu
- Existence de grande marée
- Existences d’embarcations de pêche
artisanale à rames de moteurs hors bord,
filets et accessoires
- Existence de marchés
- Existence d’infrastructures: routes, maison
d’habitations, écoles, postes de santé…
- Existence d’un esprit de solidarité et
d’entraide au sein des communautés de
pêcheurs artisanaux
- Obtention de revenus après la vente des
produits pêchés
40
FAIBLESSE S
- Insuffisance du niveau de
formation en gestion
organisationnelle et financière
au sein du groupe identifié
- Insuffisance des connaissances sur
les ressources halieutiques
- Migration des ressources
qui s’éloignent des zones
fréquentées par ces populations
- Diminution la productivité
- Il n’y a pas de port pour les
embarcations
- Ventes directes réalisées sur la
plage sans suivi statistique exact
- Manque de frigos pour conserver le
poisson
- Pas d’associations de pêcheurs
- Pas d’associations de familles de
pêcheurs
- Faible accès au crédit formel
- Insuffisance de revenus tirés
des activités de pêche
3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de
Ghannouch
3.1
Aspects sociaux
- Age
La population maritime de la pêche artisanale à Ghannouch est une population jeune.
En effet on peut estimer que:
• 70 pour cent des marins dont l’age est compris entre 20 et 40 ans;
• 20 pour cent des marins dont l’age est compris entre 40et 50 ans;
• 10 pour cent sont âgés de plus que 50 ans.
- Origine
La majorité des pêcheurs de la région de Ghannouch sont originaires du village et on peut même
remarquer les déplacements d’un grand nombre de marin pour travailler dans les régions voisines.
- Niveau de formation
En Tunisie aller à l’école à l’âge de 6 ans est obligatoire et gratuit pour toutes les couches sociales à
partir des années 60; ce qui fait que la majorité des pêcheurs âgés de moins de 50 ans savent plus
ou moins lire et écrire.
On estime que:
• 5 pour cent est analphabète;
• 60 pour cent a un niveau primaire (correspondant à l’âge de 6 à 12 ans);
• 30 pour cent a un niveau secondaire (correspondant à l’age de 13 à 19 ans clôturé par
l’obtention du Certificat de baccalauréat);
• 5 pour cent a un niveau supérieur (études après le baccalauréat).
La formation dans le domaine de la pêche est acquise sur le tas de père en fils malgré l’existence
d’un centre de formation professionnelle de pêche dans la ville de Gabès (CFPP de Gabès).
3.2
Aspects économiques
Comme toute activité, la pêche artisanale est soumise aux contraintes des charges et revenus qui
sont des facteurs limitant pour la persévérance à ce travail.
Les charges de production des pêcheurs artisanaux couvrent en général les moyens de production à
savoir: les filets dont les prix varient entre 80 et 120 Dinar tunisien par pièce, ainsi qu’aux frais
d’entretien de la barque les frais de l’autorisation de pêche, le carburant et les frais d’entretien pour
les barques à moteur hors bord.
Le revenu est le produit de la vente de la pêche qui est généralement partagé en deux:
• une partie va au propriétaire de la barque pour la compensation de l’armement (filet,
barque);
• et une partie est distribuée entre tous les pêcheurs travaillant à bord.
Le revenu moyen par marin est d’environ 150 Dinar tunisien/mois de travail (110 à 120 Dollars).
41
4. Description des activités du site de Ghannouch
4.1
Description de l’activité de pêche
4.1.1
La flottille de pêche
La flottille de pêche du site de Ghannouch est composée essentiellement de barques à rames mais
depuis l’année 2006 on constate l’apparition de la motorisation.
Tableau 2 : Evolution du nombre d’embarcations à Ghannouch
Type des Barques
Barques motorisées
Barques à rames
Barques immobilisées
S/Total
Barques sans papiers
Total
2004
2005
100
18
118
20
138
103
8
111
35
146
2006
16
100
4
120
50
170
2007
26
88
6
120
65
185
2008
27
86
11
124
70
194
Source: Rapports arrondissement pêche 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008
Par ailleurs, on remarquera que l’augmentation du nombre d’embarcations est surtout du à
l’augmentation du nombre de barques sans papiers.
4.1.2
Caractéristiques des métiers
Les métiers pratiqués par les pêcheurs de la région sont en relation étroite avec la migration des
espèces marines. On distingue les métiers suivants:
- Le métier de la pêche aux seiches (Sepia officinalis)
Il s’étend sur toute l’année, cependant l’effort de pêche diminue considérablement durant les mois
de juillet et d’août. Ce métier cible la seiche principalement mais divers poissons (sole, sparidés,
pageot, poulpe) sont capturés en même temps mais en de petites quantités.
- Le métier de la pêche aux crevettes (Penaeus kerathurus et Metapenaeus monoceros)
Il s’étend sur une période très courte durant les mois d’avril à juin. Ce métier vise les crevettes qui
migrent vers les petits fonds (inférieur à 10 mètres) pour la ponte.
- Le métier des filets maillant fixes
Il est pratiqué durant toute l’année. Cette activité est reprise chaque fois que les pêcheurs sortent
d’une campagne de pêche ou à l’arrivée d’une espèce donnée dans la région ou lorsqu’ils constatent
une diminution des débarquements des espèces à forte valeur commerciale (soles: Solea aegyptica,
marbré: Lithognathus mormyrus, pageot: Pagellus erythrinus).
-
Le métier de la senne de plage
Il est pratiqué suite à l’apparition des bancs d’athérines: Aterina boyeri, d’alevins de sardine:
Sardinella aurita ou d’anchois: Engraulis encrassicholus et surtout aux mois de mai jusqu’à
novembre cette pêche est interdite par la réglementation en vigueur.
42
4.1.3. Les engins de pêche
On distingue les engins de pêche suivants:
- Le filet trémail seiche
C’est un filet d’une longueur d’environ 50 mètres, disposant d’une chute d’environ 1,5 m, constitué
de trois nappes superposées:
• une nappe centrale à maille de 30 à 35 mm montée avec beaucoup de mou;
• deux nappes latérales de maille de 70 à 90 mm.
Les poissons s’emmêlent dans la nappe interne à petites mailles après avoir traversés une nappe
externe. Le nombre de pièces utilisées varie selon les moyens matériels du pêcheur de 10 à 30.
- Les filets trémails crevettes
C’est le même engin que celui utilisé pour la pêche des seiches sauf que la maille de la nappe
centrale est de 22 mm au lieu de 30 à 35 pour les seiches. Le nombre de pièces utilisées est
d’environ 30.
- Les filets maillant
Ce sont des filets constitués d’une seule nappe. Ils disposent de flotteurs sur la ralingue supérieure
et de plombs sur la ralingue inférieure.
Les mailles diffèrent selon l’espèce ciblée:
• 20 mm pour la pêche des rougets de vase (Mullus barbatus);
• 26 mm pour la pêches des marbrés (Lithognatus mormyrus), pageots (Pagellus erythrinus);
• 40 mm pour la pêche des muges dont principalement: Mugil cephalus, Lisa aurata, Lisa
saliens et Chelon labrosus;
• 22mm et une chute d’environ 6 m pour la pêche des sardines.
La chute de ces types de filet varie de 1 à 2,5 m et le nombre de pièces utilisées est de 6 à 10.
- La senne de plage
C’est un filet encerclant et traînant, mis à l’eau à partir d’une embarcation et manœuvré du rivage.
Le principe de capture consiste à entourer une surface aussi étendue que possible par le filet puis le
halage à terre s’effectue à la main. Ce filet est utilisé pour la pêche des athérines (Atherina boyeri)
et des sardines et des anchois.
4.1.4. Les espèces cibles
Les espèces ciblées principalement par la pêche artisanale à Ghannouch sont la seiche (Sépia
officianalis) et la crevette royale (Penaeus kheraturus) qui sont des espèces très recherchées en
raison de leur prix important.
Ensuite, viennent les sardines qui sont également recherchées sur le marché national, puis d’autres
espèces sont capturées parallèlement parmi lesquelles on cite: les muges, le saurel, le marbré, le
maquereau, les soles. Enfin, les alevins sont également ciblés malgré l’interdiction de pêche, car ils
sont très recherchés sur le marché national.
43
4.1.5. Les périodes de pêche
La pratique de la pêche s’étend sur toute l’année, mais l’on peut cependant noter différentes
campagnes de pêches:
• la pêche filets maillant se pratique de mars à décembre;
• la pêche aux crevettes avec les filets trémails se pratique durant les mois d’avril à juin;
• la senne de plage se pratique de mai jusqu’à décembre;
• la pêche aux seiches se pratique toute l’année, mais le maximum de sorties s’observe
d’octobre à mars, alors que en été cette pêche se pratique très peu.
4.1.6. Les zones de pêche
Les zones de pêches s’étendent sur toute la côte nord du Gouvernorat de Gabès et certaines barques
remorquées vont pêcher dans les eaux du gouvernorat de Sfax à environ 50 km. En profondeur la
pêche est pratiquée par les fonds allants jusqu’à 6 m.
4.1.7. L’effort de pêche
Le tableau ci dessous fait apparaître une forte dominance du nombre de sorties utilisant le trémail à
seiche. Cet engin est utilisé tout au long de l’année avec un maximum en février et mars. Viennent
ensuite les filets maillant puis la senne de plage.
Tableau 3: Nombre de sorties par engins de pêche à Ghannouch en 2008
Mois
Janv
Févr
Mars
Avr.
Mai
Juin
Juill
Août
Sep
Oct
Nov
Déc
Total
Trémail
à seiche
Trémail
à
crevette
Filet
maillant
Senne
de plage
Tilla
720
913
907
400
220
166
70
50
80
550
640
720
5436
-
-
-
270
230
80
-
-
-
-
-
-
580
-
-
50
100
100
120
310
212
80
90
60
110
1232
-
-
-
-
110
150
120
160
104
110
60
50
864
-
-
-
-
-
-
70
90
120
130
80
-
490
Nbre de
sorties
720
913
957
770
660
516
500
462
384
880
840
880
8602
Source: Rapport arrondissement pêche 2008
4.1.8. La production
Les tableaux ci dessous permettent d’observer la tendance de la production débarquée à Ghannouch
depuis 2004. On observe une relative stabilité de la production qui varie selon les années entre 600
et 800 tonnes, constituées par une majorité de seiche.
44
Tableau 4: Evolution de la production à Ghannouch et dans la région
Année
2004
2005
2006
2007
2008
Production Ghannouch (tonnes)
595
884
693
812
640
Production Régionale (tonnes)
8 993
8 176
8 054
9 296
8 248
Pourcentage Ghannouch/région
6,6 %
10,8 %
8,6 %
8,73 %
7,75 %
Source: Rapport arrondissement pêche 2008
Tableau 5: Evolution mensuelle de la production (en tonnes)
par engin et espèce à Ghannouch en 2008
F.
trémail
seiche
F.
trémail
crevette
Filet
maillant
Senne
P lage
Total
Seiche
P oulpe
Janv
60
0,4
Févr
40
0,3
Mars
60
0,4
Avril
55
0,2
Mai
40
0
Juin
20
0
Juill
10
0
Août
35
0
Sept
40
0
Oct
40
0
Nov
30
0,2
Déc
20
0,5
Total
450
2
Crevette
0
0
0
0
1
1
0
0
0
0
0
0
2
P oissons
1
1
1
7
8
10
1
1
1
2
2
1
36
Sardine
Ouzef
Sardine
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
10
0
0
30
5
10
20
20
20
20
30
10
10
15
0
0
20
0
0
0
40
90
90
61,4
41,3
61, 4
62,2
49
41
46
86
111
77
52,2
21,5
710
Source: Rapport arrondissement pêche 2008
4.2.
Les autres activités génératrices de revenu
La zone de Ghannouch est située au nord de la ville de Gabès. Dans cette région est implantée une
des plus importantes zones industrielles de la Tunisie. Ce complexe a vu le jour en 1972 et depuis
l’activité s’est considérablement intensifiée. En 2007 le nombre d’entreprises industrielles
implantées dans la zone Gabès Ghannouch est au nombre de 47 employant environ 3 264
personnes.
L’agriculture (culture en irrigué) dans cette zone est une activité très répandue vue l’abondance des
eaux douces et le savoir faire des agriculteurs.
Ces deux sources de revenus n’ont pas attirés les pêcheurs qui même au moment de la diminution
de la production durant l’été ne quittent pas le travail de la mer et cherchent à être embarqués à bord
des grandes unités de pêche côtière ou de pêche aux petits pélagiques.
45
5. Filières et acteurs
Les filières de la pêche des seiches et des crevettes attirent beaucoup d’acteurs vu que ces produits
sont destinés à l’exportation. Ces produits sont collectés par les « agents » des mareyeurs (sur
mobylettes ou camionnettes) puis ils sont acheminés vers les usines de congélation.
Les poissons sont aussi collectés de la même façon mais ils sont vendus soit sur le marché de détail
de la ville soit sur le marché de gros de Gabès.
On distingue différents circuits de commercialisation pour les produits pêchés dans la zone de
Ghannouch:
• Le circuit de commercialisation des seiches et des crevettes
Ces produits sont destinés essentiellement à l’exportation, ils sont collectés chez le mareyeur qui
les conduit directement vers les usines de congélation.
• Le circuit de commercialisation des poissons
Les poissons débarqués dans la zone de Ghannouch sont très appréciés par les consommateurs
vue leur fraîcheur par rapport à ceux exposés dans les points de vente du gouvernorat. Ce qui
fait que la majorité des produits est écoulé par les différents intermédiaires sur le marché de
détail de la ville de Ghannouch. Quand la quantité de poissons débarqués est importante une
partie de celle-ci est commercialisée dans le marché de gros de Gabès.
Pêcheurs
Collecte sur
mobylettes
Collecte sur
camionettes
Marayeurs
Marché de
detail
Marché de
gros
Consommateur
Usines de
congelation
Circuit de commercialisation des poissons
Circuit de commercialisation des seiches et des crevettes
S chéma 1: Filières de commercialisation du produit de la pêche de Ghannouch
46
6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs
Les pêcheurs artisanaux de Ghannouch sont à 60 pour cent affiliés à l’Union tunisienne de
l’agriculture et de la pêche (UTAP), qui est un syndicat professionnel dont le but est de défendre les
intérêts de ses adhérents, de les encadrer et de résoudre les problèmes entre les différentes filières.
Cet organisme n’assure aucun service matériel chose qui est indispensable aux pêcheurs tel que:
• Le transport des produits de la pêche aux marchés pour une meilleure vente;
• L’achat des intrants aux prix de gros (rassemblement des achats);
• L’accord des facilités de payement à l’achat de matériel de pêche;
• Le ravitaillement en glace.
47
7. Matrice d’analyse des problè mes
Tableau 6: Matrice d’analyse des problèmes
Type de problème
Infrastructure
- Absence de port
d’attache
- Absence de fabrique de
glace
- Accès très di fficile
Ecologique
- Ensablement des fonds
marins
- Pollution
- Destruction des fonds
marins par les chalutiers
Biologique
- Raréfaction des
ressources
Technique
- Manque de matériels de
pêche
Socioéconomique
- Non transparence des
circuits de
commercialisation
- Absence de structures
professionnelles assurant
des services pour les
pêcheurs
Causes
Effet
Solutions proposées
- Zone étendue
- Absence de
promoteurs
- Côte rocheuse
- Flottille dispersée
- Construction d’un port assurant
tout les services nécessaires pour
cette activité
- Courants d’eau et
disparition de l’herbier
- Zone industrielle
importante
- Pêche prohibée
- Disparition des
nurseries
- Destruction des
chaînes alimentaires
- Diminuer les rejets industriels
- Application de la réglementation
- Protection par les réci fs arti ficiels
- Formation et sensibilisation des
pêcheurs
- Exploitation abusive
des ressources et
pollution
- Diminution de la
production des
espèces marines
- Application de la réglementation
- Protection par les réci fs arti ficiels
- Tonnage limité
- Manque de moyens
- Diminution de la
rentabilité
- Aider les pêcheurs en équipem ents
nécess aires
- Formation des pêcheurs
- Absence
d’organisation de
l’activité de pêche dans
le site
- Fluctuation des
prix
- Organiser les pêcheurs en des
structures professionnelles
48
8. Les Institutions conce rnées et autres projets dans la zone
En Tunisie il existe plusieurs projets et initiatives en cours de réalisation dans le golfe de Gabès
avec lesquels ArtFiM ed cherchera des synergies possibles en particulier pour la lutte contre les
pratiques illicites et de la promotion des bonnes pratiques:
•
•
Le projet de développement durable des ressources de la pêche dans le golfe de Gabès:
projet tuniso-japonais JICA DGPA « Gestion durable des ressources de pêche côtière
en Tunisie ».
Le projet de protection des ressources marines et côtière du golfe de Gabès: projet financé
conjointement par le Gouvernement tunisien et un don de la Banque mondiale (FEM )
Par ailleurs, les autorités et établissements suivants seront appelés à appuyer le projet ArtFiM ed:
•
•
•
•
•
•
•
•
Le M inistère de l’agriculture et des ressources hydrauliques:
- Direction générale de la pêche et de l’aquaculture.
Le Gouvernorat de Gabès:
- Délégation de Ghannouch.
L’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Gabès:
- L’Union locale de Ghannouch.
Le Commissariat régional de développement agricole de Gabès:
- L’arrondissement de la pêche et de l’aquaculture;
- L’arrondissement de financement et encouragement.
L’Institut national des sciences et technologies de la mer.
Le Centre de formation professionnelle des pêches de Gabès.
La Direction régionale des affaires sociales.
La Coopérative « El khalij » des services des pêches.
49
9. Conclusion et recommandations
La communauté des pêcheurs à rames du site de Ghannouch mérite une attention particulière pour
leur assurer une durabilité de leur source de vie tout en respectant le milieu dans lequel ils opèrent
par:
•
•
•
•
•
L’application avec vigueur de la réglementation concernant la pêche dans les petits fonds
(chalutiers, senneur, maillage …).
La pose de récifs artificiels dans les zones de pêche côtière aussi bien pour la création des
nurseries pour les petits poissons que pour dissuader les engins destructeurs de pêcher dans
ces zones.
L’accélération du projet d’arrêt des rejets provenant de la zone industrielle dans la mer
(projet en cours).
L’organisation de cycles de formation au profit des pêcheurs sur la nécessité da la
préservation des ressources (pêche responsable et rationnelle).
La création d’un organisme professionnel qui assurera:
-
les services nécessaires pour le travail marin (approvisionnement en intrants, froid,
transport…);
la transparence des prix à la vente des produits débarqués;
l’aide aux pêcheurs pour l’acquisition de matériel de pêche indispensable pour
assurer une rentabilité acceptable;
la régularisation de situation des pêcheurs dont les barques sont sans papiers
nécessaires pour le travail marin (congé de police, autorisation de pêche…).
50
9. Bibliographie
•
Le Gouvernorat de Gabès en chiffres. M inistère du développement et de la coopération
internationale (Office de développement du sud). 2007
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2006.
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2007.
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2008.
•
Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Bilans mensuels des années 2005,
2006, 2007 et 2008.
51