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JUIN •annéeii# 119 — Nouvelle série N° 33. OTEURJ REVUE RÉGIONALE ILLUSTRÉE Créée Les auteurs •ont seuls responsables de leurs articles. Les manuscrits non insérés ne sont pas tendus. TOUS DROITS RÉSERVÉS. ABONNEMENTS : Belgique, 1 an... 25 fi. Etranger. . . Port en plus Le numéro : 3 francs le 15 février 1924 LE GUETTEUR WALLON Revue Régionale Mensuelle Illustrée Fondée le 15 février 1924 Affiliée à l'Union de la Presse périodique belge Comité pour 1932-1933 Président : M. Joseph CALOZET, Docteur en Philosophie et Lettres, 14 rue Ernotte, Namur. Secrétaire : M. Emile DAVE, 26, rue Pépin, Namur. Téléphone 1945. Trésorier . M. Alexis COLART, 42, rue de la Colline, Salzinnes '- Namur Compte chèques postaux 2930.58. Comité de Rédaction Question Wallonne : MM. François BOVESSE, Membre de la Chambre des Représentants, Docteur en Droit, et Léon EVRARD. Folklore : MM. Alexis COLART et Emile DAVE. Lettres Wallonnes : MM. Joseph CALOZET, Docteur en Philosophie et Lettres, et Antoine BINOT. et A^6DOHETî&eS ! MM" MaX DEFLEUR Docteur « Philosophie et Lettres, Histoire : M. Fernand DANHA1VE, Docteur en Histoire. Arts : MM. Jean GRAFE et Eugène GUILLAUME, Professeur au Conserva- toire de Bruxelles. Sommaire du trente-troisième numéro (nouvelle série) F. DANHAIVE. — Recherches sur les « Volontaires » namurois au service de la république française (1792-1804), dans les archive» namuroises (suite). Ed. LAURENT. — Abiye, des rouwes ! Robert HICGUET. — Le peintre Albert Dandoy. H. JAVAUX. — Archéologie et Folklore. E. G. — I. N. R. FAÎTES TOUS VOS ACHATS =============1 A L'INNOVATION DE BRUXELLES 4, Rue de Marchovelette - 7, Rue de la Monnaie 1 et 3, Place d'Armes, à NAMUR Maison vendant la moins cher de toute la Belgique -:- - Téléphone 286 Achetez-y vos meubles et vos tapis en comptes-courants Sans réclame tapageuse, depuis plus de 120 ans, la Chicorée D. CAJOT, Ni reste la Chicorée des Wallons. Recherches sur les 11 Volontaires „ namurois au service de la république française (1792-1804), dans les archives namuroises {suite) (*) 6° _ APRES LE REVERS DE NEERWINDEN. Presque tous les « corps » belges qui évacuèrent la Belgique avec les Français après la défection de Dumouriez, furent incor porés le 10 novembre 1 793 dans 5 Bataillons de chasseurs tirailleurs sous Rouzier, Dupont, Lahure, Jardon, Collinet. Ces bataillons entrèrent dans la composition des 13e, 14e, 15e, 30e D. B. légères et du 3 e B°n des Chasseurs du Nord. Les corps francs de cavalerie furent intégrés dans les 1 7e et 1 8e Régiments de chasseurs à cheval. Comment découvrir dès lors leur origine et leur état-civil ? Comment retrouverons-nous des Namurois, par exemple, dans les unités combattantes ? C'est ce qu'il faut tenter à présent. Les Français rentrèrent en Belgique en l'été de 1 794 ; le 1er octobre 1795, la Belgique fut réunie à la France. Çà et là les armées françaises trouvèrent de l'aide chez les habi tants (66) ; aide étrange en vérité quand elle se manifestait par des représailles sur les partisans de l'Autriche, ou par quel ques déprédations dont on accusera, jusqu'à nos jours, les Français d'être les auteurs. Dès le 5 juin 1 794, les habitants du canton de Logne (Ourthe-Amblève) avaient chassé les Impé riaux. Des émigrés français voulurent châtier ces sans-culottes et en firent incarcérer. L'arrivée des Français au mois de juillet leur rendit la liberté. Dans les autres provinces des Pays-Bas, les habitants ne participèrent pas, semble-t-il, aux opérations (*) Voir nM 117-118 (avril-mai 1933) du " Guetteur Wallon ". (66) Borgnet, II pp. 303. militaires, mais en général ils ne paraissent pas avoir maudit le retour des « Carmagnoles ». Un certain nombre de volontaires avaient été libérés du service à cette époque, et pensionnés (67) ; quelques-uns furent placés dans les cadres de l'administration, en très petit nombre semble-t-il, car presque tous les employés de l'administration de l'arrondissement, puis du Département de Sambre-et-Meuse, étaient français d'origine (68). D'anciens militaires français s'é tablirent à demeure et fondèrent un foyer chez nous. J'ai cru utile de signaler quelques cas de ce genre dans la liste. 7° _ L'ATTRAIT MILITAIRE. Cet attrait peut expliquer la présence sous les drapeaux autri chiens de quelques Namurois à l'époque du Consulat et de l'Empire. Cet attrait pouvait être exercé par les régiments français ou les bataillons de volontaires qui tenaient garnison ou qui possédaient un dépôt à Namur. On connaît mal, dit Cruyplants, les troupes cantonnées à Namur. Il serait plus exact de dire que l'on connaît mal la durée de leur séjour ou l'importance des effectifs formant la garnison. Au cours du XVIII' siècle, il n'y eut jamais) dfc garnispn aussi faible à Namur que celle qui resta chez nous de 1 796 à 1798, quand on ne comptait guère plus de 325 h. présents à (67) Huyghe..., t. I, pp. 174-175, arrêté du 29 fruct. an II ; un arrêté du Comité du Salut public du 23 prairial et des arrêtés subsé quents ordonnent aux officiers, sous-officiers et soldats belges, lié geois et bataves licenciés et non replacés dans les armées de se retirer à Paris pour obtenir du service ou des secours, à l'exception des militaires qui auraient été autorisés à rentrer dans leurs foyers en vertu d'une autorisation expresse des représentants du peuple. Quelques Namurois se trouvèrent dans ce dernier cas. Par contre une lettre du Ministre de la guerre du Ier germinal XII informera les anciens mi litaires que seuls ceux qui étaient domiciliés à Paris avant la guerre pourront y recevoir leur solde de retraite ( S. M. 274). (68) Dans quelques services militarisés les agents étaient presque tous des Français en l'an III et en l'an IV, à part quelques subalternes. A Namur, étaient Français : les agents de la compagnie Rousseau ; des subsistances (an IV) ; de la division des Postes du Bureau cen tral des Postes de l'Armée du Nord (Directeur : Fs Hyac. Longueville, originaire de Paris ; le postillon Louis Lorrin était de Versailles), 6 ni VÔse IV, S. M. n° 369. — IÇO — Namur (69), non compris évidemment les corps de passage. Dans les Protocoles de l'Administration (70), de 1792 à 1 793, on cite un B°" des « Basses-Alpes », présent à Lustin en janvier 1 793 ; le 7e B011 des Fédérés, à La Plante ; le T B°n de l'Yonne. Des Namurois s'engagèrent dans ces unités (71 ). Après « Fleurus », de 1 794 à 1 798, nous trouvons cités dans les Archives du Département : la 9e D.-B., dépôt à Namur en messidor an III (72) ; des volontaires se trouvent parmi les soldats des 73e et 1 05e D.-B., en garnison à Namur en l'an IV et en l'an V (73) ; la 22e D.-B. et le 11e Dragons sont cités en l'an IV, V, VII, VIII (passage ; dépôt) son en l'an XI ; le 11e Dragons est encore en garni ; le 23e Chasseurs a cheval est cité an VI-VII ; la 1 05e D.-B. est en garnison à Namur en messidor V ; la 73e D.^B., en l'an V ; le dépôt du 24e Régiment de cavalerie était à Namur en l'en IX. En l'an X et en l'an XI, la 1 00e D.-B. de garnison à Namur incorpore une douzaine de volontaires namurois, ainsi que le 1 1 ' Dragons. Une circulaire fut adressée aux municipalités du Département, en envoi d'un avis du Département de la Dyle, sur l'ouverture d'un concours. Il s'agissait de « l'examen des sujets qui se des tinent à servir dans l'art de l'artillerie » (74). (69) J'ignore où M. Verhaegen a pu puiser ce qu'il dit de la gar nison de Namur en 1797-1798 : qu'elle était importante, et que cette importance explique que les Namurois n'aient pas participé à la guerre des Paysans. Nous reviendrons sur cette question. L'Administra tion se plaint au contraire, continuellement, de la faiblesse des effectifs de Namur, ce qui rend impossible l'établissement de garnisaires. (70) Imprimés. — S. M. n° 1. (71) Davout servait dans le 3e Bon de l'Yonne. — Ce furent les vo lontaires de l'Yonne (3e) et le corps de l'artillerie qui rompirent avec Dumouriez et empêchèrent que l'armée fût désagrégée par sa défection ; Chuquet, 2, pp. 209-219. (72) Citée aussi dans Huyghe, t. IV, p. 162 ; les soldats protestent contre le payement, de leur prêt, en assignats. (73) S. M., Tribunal Correctionnel, I, f° 133. Pas de preuve que ces « volontaires » soient Namurois ou aient leur foyer à Namur ; nous n'en tenons pas compte dans notre liste. (74) S. M., n° 7, 124 v° et 132° ; 6 ventôse V. — ICI — 8° — L'EXECUTION DES LOIS ET DES ARRETES DE LA REPUBLIQUE NOUS FAIT CONNAITRE TOUT UN GROUPE DE VOLONTAIRES NAMUROIS DECEDES OU INVALIDES OU EN ACTIVITE DE SERVICE DES L'AN IV (1795-1796) OU INCORPORES DE 1798 A 1804. Prenant acte des secours délivrés en France aux émigrés nécessiteux, et des listes qui furent dressées à Paris pour la ré partition de ces secours, M. Verhaegen estime que ce nombre était peu élevé (75). « Si l'on faisait le compte total, on pourrait ainsi fixer à 10.000 Belges environ, au maximum, le chiffre des émigrés qui s'étaient retirés sur le territoire de la République. » On peut estimer que 10.000 Belges, émigrés dans les conditions que l'on sait !, pour des motifs d'ordre politique, c'était un nombre imposant. Ce serait un nombre impressionnant encore si le fait se passait de nos jours : notre pays étant quatre fois plus peuplé ; et les moyens de circulation, incomparables. Mais M. Verhaegen pouvait ne pas limiter ses observations aux secours qui furent attribués en France. Il importe plus encore d'examiner les listes de civils belges qui, après l'entrée des Français, reçurent des secours, en Belgique, parce qu'ils étaient indigents et parents de défenseurs de la patrie. Nous ne possé dons pas dans nos archives de Namur de listes de combattants pour les années antérieures à la première conscription militaire. Il serait encore malaisé d'en dresser une pour les années posté rieures ( 1 798-1 814). Le dépôt des archives de Liège est mieux fourni à cet égard (76). A Anvers, une liste des conscrits « par tis pour l'armée », de la première levée du Département des Deux-Nèthes, fut publiée le 8 juin 1799 (77) : il n'y est pas question des volontaires de 1 790 à 1 798. Nous possédons cependant un document intéressant pour Namur. En 1 800 Emmanuel Pérès, préfet du Département allait procéder à la pose de la première pierre d'une colonne dépar tementale sur laquelle devaient être inscrits les noms des braves (75) tome I, p. 566-567. — Quand M. V. fit paraître le premier tome de son Histoire de la Belgique..., les travaux de Mathiez et de son élève Orient Lée sur le rôle des étrangers dans la révolution fran çaise n'avaient pas paru. (76) p. ex. lettres de soldats de l'Empire à leurs parents ; plusieurs communications intéressantes ont été faites à ce sujet par M. viste Fairon E., l'archi et par M. Heuse . (77) A. THYS, les conscrits belges en 1798 et 1799 ; 318 noms. — 192 — L de Sambre-et-Meuse morts pour la défense de la Patrie ou qui, vivant clat encore, (78). s'étaient distingués par quelque action d'é En réalité les investigations ne portèrent que sur « ceux qui furent tués sur le champ de bataille ou qui mou rurent de leurs blessures ». L'administration communale chargée de dresser une liste de ces « héros » convoqua une Commission de 7 citoyens, « tous anciens serviteurs français pour fournir des renseignements sur ceux de nos concitoyens qui ont été moissonnés sous les dra peaux de la république » (79). Nous possédons par là une Este de ces 7 citoyens, et de 1 8 « héros ». Pour 23 de ces individus, nous possédons des ren seignements provenant d'autres sources. v •$• •!• Au mois de mai 1811 les maires du Département furent chargés de dresser la liste des militaires « présumés décédés » de qui les actes de décès n'avaient pas été adressés au Préfet par les administrations de leurs régiments respectifs. En réalité, il s'agissait de conscrits des classes de 1806 à 1811 (80), et deux ou trois noms seulement sont ceux d'an ciens volontaires, vétérans des armées, du seul arrondissement de Namur. Les listes des 2 autres arrondissements du Départe ment ne se trouvent pas là. (78) Texte cité dans AA. (25 messidor an VIII, 14-7-1800). Chaque ' face de ki colonne, carrée, avait 60 à 70 centimètres de large ; la hauteur était de 2 m. environ. La colonne tomba en 1814, dit l'auteur de l'article (assez grossièrement). L'auteur aurait versé d«s larmes sur la chute d'une masure immonde du XVII0 S. abattue pour des raisons impérieuses d'hygiène mais il était satisfait de voir disparaître un monu ment rappelant la vaillance de nos ceux-là qui acquirent des biens noirs (79) A. C, lettre du 1 1 ancêtres. Ce ne sont pas certes ! messid. VIII. Ce furent les citoyens : « Wasseige ; Alexis Sauvage ; Pierrar ; Louis Mignon ; Narcisse Ledoux ; Louis Danhaive ; le sculpteur Oudart ». La liste des héros a été publiée par M. E. FIVET. , (80) En vertu de la circulaire du Préfet pour l'exécution de la loi du 19 fructidor an VI, à propos de l'Etat civil (actes de décès). Voir S. M., n° 369, Etat-civil des soldats décédés de 1795 à 1813. Il est fait mention de soldats namurois décédés pendant l'expédition de Saint Domingue. CHARLOT, gère « Ce sont : Michel DELOGE, 19e légère, « mort vers ; J.-B. ANRICOT au moment 38e D. B. (sans doute Henricot), que les nègres y de ligne ; Jérôme 1804 » ; Louis Fs LUFFIN, sont entrés » D. B. légère (S. M. 369 et 274). — 193 — 14° lé. 7e D. B. auxil. 2e Cie ; Jean-Fs HUBERT, 7e Les cantons et les services administratifs durent dresser des hstes des employés ou permissionnaires qui étaient dans le cas de rejoindre leurs régiments en l'an VI. Une liste nous apprend que dans les services administratifs du Département, 26 em ployés, sur 28, étaient français d'origine ; ils étaient ou réquisitionnaires ou anciens militaires (82). îjfi fjft 9$ Un article de la loi de brumaire an V prescrivait aux admi nistrations cantonales de déposer des listes de tous les citoyens absents de leur domicile pour le service des armées (81 ) ; nous n'avons pas trouvé de liste semblable à Namur dans les liasses que nous avons examinées. L'administration départementale préférait employer dans ses bureaux des agents français ; elle le déclara à plusieurs repri ses. Le Commissaire du Gouvernement de la République à Bruxelles, Bouteville, invita en vain l'Administration à faire pla cer chez les repreneurs de barrières un ou deux défenseurs de la Patrie (83). •j» »p tjp Parmi les mesures prises pour assurer la loi sur la conscrip tion, il en était une qui intéressait les anciens militaires. Les ad ministrations départementales devaient choisir des officiers ré formés, dans chaque canton, pour condu're au chef-lieu ou à l'armée des conscrits du canton. A défaut d'officier, les adminis trations désignaient un vétéran « en état de marcher, intelligent ferme, d'une moralité éprouvée, » (84) L'application de cette mesure nous permet de connaître 4 noms d'anciens officiers namurois ou de confirmer des renseignements obtenus d'autre part. 1 out cela nous apporte un butin peu copieux mais de bonne qualité, Les renseignements sont mieux groupés pendant les périodes consulaire et impériale (85). (81) 11 Huyghe, t. 10, pp. 153-154. s'agissait de mesures prises pour conserver les propriétés de ces défenseurs. (82) S. M., n° 359-360. — En 1800, au contraire, le personnel des bureaux, des services des contributions, de l'enseignement, etc.. sera, en majorité, (83) namurois. S. M., Lettres, (Lettre de Bouteville du Brumaire VI (84) Huyghe..., t. 20, p. d'après la loi du ; S. M. nn 6, 4 Brumaire V. 30 vendémiaire). 1 14 (exécution de la loi du 3 vendém. VII, 19 fruct. VI). (85) Le 21-9-1812 le maire de Namur reçut du sous-préfet de l'arron dissement une lettre avec 70 mandats pour 70 militaires retirés à Namur, — 194 — qu'il s'agit de militaires connus par d'autres sources que celles que nous exploitons ici. L'importance des renseignements obtenus est incontestabe. Au point de vue social il s'agit de militaires appartenant à des familles peu aisées, parfois à des familles nombreuses. Nous ne possédons que de rares renseignements sommaires, sur les militaires qui appartenaient à des familles qui ne réclamèrent pas d'assistance en l'an III ou en l'an IV. Dans quelques cas il est constaté que 2 ou 3 frères servaient en même temps. Des volontaires étaient mares, pères de famille. Pour chaque cas de parents secourus, nous possédons, grâce aux garanties requises et aux témoignages fournis, une quasi certitude de la présence des soldats sous les drapeaux, ou de leur mort au service de la patrie. Il est même assez rare de rencontrer autant de précisions réunies à propos de faits historiques. Les dates de l'entrée en service ne sont pas toujours indi quées ; plusieurs fois il est signalé que le soldat est aux armées depuis 1791 ou 1792. Il ne s'agit ici que d'une partie des volontaires namurois, ou de volontaires résidant dans la région. Nous ignorons le nombre des fam'lles qui ne sollicitèrent rien. Les familles qui avaient émigré furent secourues en France. PaT contre quelques familles indigentes d'autres régions, françaises ou belges, re çurent des secours à Namur où elles s'étaient établies à de meure. 11 est probable qu'un très grand nombre ne sollicitè rent pas de secours : nous le constatons par ceci qu'un grand nombre de noms sont fournis en dehors des archives locales. L'exécution d'un autre arrêté du 7 vendémiaire an V or donnant de dresser un état général des militaires, non em ployés, qui avaient obtenus un certificat de présence, au lieu de leur domicile, pour servir au payement de leurs appoin tements (96), ne nous fournit guère de renseignements sur les anciens militaires. Par contre, des rense gnements assez copieux proviennent de l'exécution des lois et arrêtés accordant à titre de « récom pense nationale » une solde de retraite aux anciens militaires réformés ; il s'agit de la loi du 28 fructidor VII (septem bre 1799) et des arrêtés des consuls du 9 vendémiaire an X. (96) S. M., 356ter. faire la moisson. de Wellin Emines, de Courrière, Des militaires obtenaient des congés pour Aucun militaire n'était dans ce cas dans les cantons Marche,... Un revenu en messidor, seul du canton de Wierde reparti en thermidor. - 195 - : Pirot, ■Y tf # Un arrêté des Représentants du peuple à Bruxelles, du 1 7 ni vôse an III (86), étendit aux pays conquis les lois de bienfai sance de la République, « particulièrement celles relatives aux indigens et aux familles des défenseurs de la patrie... », et « celles rendues en faveur des citoyens qui ont éprouvé des pertes à cause de la guerre... » Déjà, dès le 1er nivôse, les Représentants du peuple avaient mis 25.000 livres à la disposition de l'Administration d'arron dissement de Namur pour soulager les indigents de la ville et de la banlieue. L'Administration invita la municipalité de Namur à justifier les motifs qui dirigeraient les répartitions (87), et « à ne répandre l'argent que entre les citoyens indigents qui se sont montrés les amis les plus ardents de la liberté et de la révolution. » Le 2 pluviôse, les représentants du peuple accor dèrent un nouveau subside, de 30.000 livres, « pour le sou lagement des indigents et celui des parents des défenseurs de la patrie » (88). Le 4e Bureau de l'Administration fut chargé de contrôler le bon droit des réclamants (89). Les explications détaillées sur les personnes qui étaient appe lées à bénéficier de ces secours (enfants des indigents, parents nécessiteux, filles-mères, enfants abandonnés, vieillards malades et infirmes) furent fournies dans un arrêté du 1er germinal (90). Le même arrêté indiquait des mesures en faveur des défenseurs de la république et de leurs familles, « si le travail des mi litaires était une ressource nécessaire à la subsistance de ces familles » (91). Avaient droit aux secours : les ascendants en pensionnés, et 1 3 certificats pour divers autres militaires, — Trois mois après envoi de 130 mandats. (S. M. 274). Une liste de légionnaires de l'Empire a E. Fivet 1 été dressée et publiée par ; elle ne fournit rien de précis pour la période de la Répu blique. (86) Huyghe, t. II, p. 3 75, art. (87) S. M., 22 et 26 nivôse an III. 13. Un administrateur devait assis ter la municipalité de Namur dans ses bons offices. (88) Le 25 avait délégué nivôse l'Adm. à Bruxelles 3 de avait ses sollicité membres un : nouveau Bourgy, secours Akerman, et Le- rat, pour intéresser les Représentants aux citoyens victimes d'incendies, aux parents des défenseurs et aux hôpitaux de Namur « dont les be soins sont extrêmes ». S. M., n° 3, (89) Ibid., 55°-82°. 1 13°. (90) Huyghe, IV, (91) Ibid., pp. pp. 131-138 124-131 (Titre I). (Titre II). — Le titre III, pp. 138 ss. indi que les secours accordés aux sinistrés , (intempéries des saisons, incen dies, accidents imprévus). — I96 — ligne directe, épouses, enfants, frères ou sœurs orphelins de pèr^ et de mère, les belles-mères desquelles le mariage avait précédé l'enrôlement des militaires ainsi que les mères « lorsqu'elles auront rempli les devoirs de la maternité avant et depuis l'enrô lement du père ». Le montant des indemnités était prévu dans l'arrêté à compter du jour de l'entrée victorieuse des Français en Belgique, ou de l'enrôlement des militaires, s'il est posté rieur. Les indemnités étaient cumulatives. Par exemple, une fa mille nécessiteuse qui comptait le père, la mère, trois frères ou sœurs âgés de moins de 12 ans, d'un défenseur de la patrie, obtenait 5 indemnités dont le taux variait d'après le degré de parenté. Le père de 2 volontaires obtenait une double in demnité. Les formalités sont telles qu'on les observerait encore à pré sent. Les personnes intéressées doivent produire les extraits des actes de naissance, ou de mariage ; les certificats d'infirmités délivrés par 2 officiers de santé si les parents sont infirmes ; l'attestation des municipalités respectives constatant que les pa rents sont indigents et que le travail du militaire est nécessaire à leur subsistance ; les certificats des conseils d'administration des bataillons, constatant la date et les époques du service mili taire et l'activité au corps. On pouvait y suppléer, pour la pre mière fois, par un acte de notoriété visé par l'Administration. La pension de la veuve, des parents ou des enfants d'un dé fenseur était accordée après production de l'extrait de mort déli vré par les Conseils d'administration du bataillon, ou par les directeurs de l'hôpital attestant le genre de mort et le nombre des années de service ; plus, les divers actes d'état civil, les certificats d'indigence des parents. Des peines étaient prévues en cas de fausse déclaration. Les municipalités auront soin d'assister de leurs conseils les personnes qui réclament des secours et de constituer un dossier pour chaque cas traité. Telles étaient, en substance, les diver ses mesures prévues par les arrêtés sur la matière. Le bénéfice en fut étendu aux Liégeois et parents de Liégeois (92) blessés, tués ou estriopés en combattant les coalisés même s'ils n'éta:ent pas dans les troupes républicaines. L'Administration examinait avec prudence les diverse re quêtes ; nous possédons la copie des correspondances qu'elle échangea avec les familles à la fin de l'an 111 et au début de l'an IV et les résultats de ses enquêtes (93). (92) Huyghe, t. III, PP. 133-135 et 293-294, 17 K III. (93) p. ex. S. M., 17 therm. et 24 messidor III ; voir ci-dessous le nom « Deprez % lans la liste. — Les cas douteux étaient soumis à — 197 - Les subsides furent vite épuisés. prises (94). Signalons que le du D'autres mesures furent 18 fructidor V, l'Administration Département fit connaître aux municipalités qu'en vertu d'une circulaire ministérielle, du 3 fructidor V, elles devaient inviter les parents des défenseurs à envoyer leurs demandes et leurs documents au ministère de la guerre à Paris. Apres quelques tâtonnements (95) les choses suivirent leur cours ; les cas nouveaux laissent des traces dans nos archives dépar tementales ; quelques noms sont encore relevés çà et là. Cette série de documents permet de glaner une bonne cen taine de noms ; plusieurs sont cités dans les ouvrages de Cruyplante, ou de Chuquet, ou dans les articles de M. Fivet. Pour éviter les redites nous renverrons à ces ouvrages lors- l'examen de l'Adm. Centrale à Bruxelles ; p: ex. : peut-on continuer à secourir une citoyenne de qui le mari est prisonnier de guerre tant qu'elle n'aura pas produit toutes les pièces requises ? S. M., n° 4, 33°. et n° 54. L'Adm. 4 messidor. adresse à la municipalité d'Emines des instructions pour faire sustenter l'enfant d'un volontaire de l'armée de S. M., qui est en pension chez Laurent Dethy, censier au Rond Chêne 16 messidor ; 4 et 14 therm. (94) Lettres, S. M., (95) S. M. n° 9. ; (Vedrin), S. M., 18 fruct. an IV. 17 prair., 6 messid. V. 138 verso. — Arrêté du Dre Exécutif du 9 frimaire VII relatif au payement des pensions d'anciens militaires et à un ordre régulier de comptabilité de cette partie de la dette publique, S. M. 13 pluv. VII. Les dispositions de diverses circulaires contiennent des indications sur les difficultés qui surgissaient ; difficultés que comprendront fort bien tous ceux qui ont été appelés à gérer les affaires des anciens combat tants de la guerre Le 1914-1918. Voici quelques faits. 18 f01 V, le Ministre de la Guerre fit connaître aux Administra tions que les intéressés — veuves ou parents de défenseurs — et les ayants-droit à une pension militaire, incertains sur ce que la loi exigeait d'eux, se mettaient en route, parfois avec leur famille, et venaient sol liciter leur pension à Paris. Les fatigues de la route, les frais, n'étaient pas compensés par les maigres secours qu'ils obtenaient. Les Administ. civiles et les commissions militaires furent priées d'expliquer aux inté ressés comment ils devaient s'y prendre pour envoyer leurs mémoires au ministre, par la poste... rés (S. M., n° 274). Bien des titres furent éga ; le Bureau des Invalides à Paris, ordonna donc une revision, can ton par canton et des commissions cantonales furent créées 24 germinal VI, S. M., 274). La loi du 14 f°r VI en faveur des veuves et des des défenseurs fut exécutée à Namur le lité invita les ayants-droit à se 12 frim. VII (circulaire parents infirmes : la municipa présenter à son 3e Bureau, chargé de dresser les mémoires. Mais le service ne fut régularisé que sous le Con sulat ; les mandats étaient adressés en bloc aux préfets, puis aux sous- préfets qui les transmettaient aux cantons. = I98 — La solde était fait lides) et trimestre était payable par trimestre ; le contrôle des titres au ministère de la guerre à Paris (Bureau des Inva par les autorités c'es divers départements. Chaque les mandats de payement étaient adressés aux Pré fets par les Commissaires de Guerres, et transmis par les maires aux intéressés (97). Au début de l'an X, 8 mandats furent envoyés à Namur ; le nombre progressa d'année en année (98). Nous ne possédons plus, évidemment les mandats ; ils furent Mais nos archives départementales ont remis aux intéressés. gardé trace, dans la correspondance1 échangée entre le Com missaire de guerres, le Préfet Pérès et le Maire de Namur de Gaiffier, du nombre de mandats remis à Namur, des chan gements de domicile et des décès parmi les pensionnés, et même une quinzaine d'indications précises sur la date d'incor poration de ces anciens militaires avant rétablissement de la conscription en Belgique ; d'autres indications sont à relever à propos de volontaires pendant et après la première conscrip tion de 1798-1799. 9e — EPOQUE DE LA CONSCRIPTION, DE 1798 A 1804. M. Dans son ouvrage sur la domination française en Belgque, Verhaegen s'est étendu longuement sur la conscription. Comme il n'a guère utilisé les sources d'archives et comme il a accepté sans nouvel examen vrages de troisième ordre, les données de quelques ou véritables diatribes contre l'obli gation du service militaire, tout ce travail est à refaire. (97) Ces militaires devaient fournir un certificat de vie délivré par le maire de la commune où ils résidaient : arrêté du 27 vend. X, confirmé par une Circulaire du Ministre de la Guerre du 5-9-1806. Les militaires réformés et pensionnés subissaient des visites médicales périodiques. — En vertu des décrets de Napoléon des 19 mars et 7 mai 1808, les payements furent faits par le payeur du département au moyen d'un état nominatif ; les militaires pensionnés et les officiers réformés, ou leurs fondés de pouvoirs, présentaient leur certificat de vie et une déclaration portant qu'ils ne jouissaient d'aucune pension ou traitement d'activité incompatibles avec le traitement de réforme ou avec la solde de retraite. (98) En ventôse et prairial an X, 8 mandats ; 6 en fructidor ; 7 en ventôse XI ; 13 en prairial et fructidor XII ; 14 en ventôse XIII ; 15 en prairial XIII ; 1 4 le 2 vendém. XIV ; 1 9 le 30-9 et 22 le 24-12-1806 ; 20 et 22 en 1807 ; 23 le 26 mars et 28 le 6 juin 1808 ; 28 \m 27 mars, 27 le 30 sept, et 3 1 le 27 décembre 1809 ; 47 le 25-9-1810 et 48 le 26-10 ; 63 mandats le 29-6-1812 ; 70 le 21-9-1812 et 66 le 31-12 (un envoi de 130 mandats était annoncé). — 199 — II est nécessaire de rechercher d'abord les diverses pres criptions sur les levées et d'examiner les opérations, dépar tement par département. La résistance aux lois ne fut pas un fait caractéristique de l'état des esprits en Belgique, ni même en Flandre. Des dé partements français regimbèrent plus que le département de 1"Escaut, par exemple, et bien plus que le nôtre. Après le traité de Camipo-Formio, en 1 797, les ©ffectitfs des armées françaises étaient insuffisants. Or, la constitution de l'an III (1795) avait renvoyé à une loi nouvelle le soin de pourvoir au recrutement de l'armée autrement que par l'enrôlement volontaire ; le Directoire invita donc les Conseils à délibérer d'urgence. Ils adoptèrent un projet, le 5 septem bre 1 798, qui établissait le service obligatoire et personnel, mais en temps de guerre seulement (100), car l'armée du temps de paix devait être composée de volontaires. A défaut de volontaires, cette armée serait complétée par l'appel des jeunes gens de 20 à 25 ans, convoqués par classes annuel les — 5 — en commençant par la plus jeune. L'appel des deux premières classes (jeunes gens de 20 à 22 ans) fut voté le 24 septembre, lorsque parvint la nouvelle du désastre d'Aboukir. Cette loi fut publiée à Bruxelles le 28 septembre, et peu après dans la Belgique entière. En attendant, les réquisitionnaires de 1 793 étaient rappe lés ou maintenus sous les drapeaux. Tous ceux qui faisaient partie de l'Administration de Sambre-et-Meuse partirent ou cherchèrent des remplaçants. II s'agissait d'atteindre un contingent de 200.000 hom mes. Nous devons distinguer trois opérations successives. En pre mier lieu l'appel aux volontaires (loi du 19 fructidor VI) ; en deuxième lieu la levée des conscrits de la première classe, aptes à servir, sans tirage au sort ni remplacement. Ces levées n'ayant fourni que 100.000 hommes à peine, on passa à la troisième opération : le tirage au sort et l'incorporation de la 2e classe et de la 3e (loi du 28 germinal VII). •*• *¥• *s* Les tableaux des conscrits furent dressés à Namur à partir du 13 vendémiaire an VII (4 octobre 1798) ; le premier dé tachement partit de Namur le 19 novembre ( 1re classe et (99) tomes III à IV ; en particulier,, t. III, pp. 561 suiv. (100) Lefebvre, pp. 433 es. -— Voir aussi la Loi du 10 messidor VII. — 200 — volontaires). Le tirage au sort et l'incorporation des deux classes suivantes eurent lieu au printemps 1799 (101). Cette fois, les hommes qui furent désignés par le sort purent se faire remplacer et la municipalité de Namur ouvrit un re gistre pour y consigner les enrôlements : il y eut 50 rempla çants environ. Toutefois les enrôlements de volontaires non remplaçants, ne furent pas suspendus ; ils se firent moins nom breux. Dix inscriptions de volontaires en l'an X et 2 1 en l'an XI. ■* Ces trois étapes sont donc bien distinctes. Nous laisserons de côté la conscription proprement dite ; il y a là matière a une belle dissertation pour un étudiant en sciences historiques. M. Verhaegen ne dit rien des volontaires enrôlés dans l'ar mée française, rien. Mais il abuse en nous faisant part d un appel de l'Autriche, à ce moment, aux volontaires belges ! Appel fructueux ? M. Verhaegen ne cite pas le nom d'un seul belge engagé au service de l'Autriche en 1798-1799, au delà du Rhin. Alors... on peut se demander si M. Ver haegen n'a pas omis de tirer cette conclusion ; l'appel de l'Autriche fut sans effet. Et cet appel paraît avoir été reten tissant. Au tome 111 de l'histoire de la Belgique sous la domination française, page 322, M. Verhaegen dit ceci ; « Pour remédier aux vides qui se sont produits dans les régiments wallons, la recrue impériale (Allemagne-Autriche) travaille activement en Belgique et sur les bords du Rhin en 1 798. Elle cherchera à tirer profit des troubles d'octobre pour amener les jeunes gens à se rendre en Allemagne afin d'y servir l'Empereur ». « On signale des embaucheurs recrutant pour l'Autriche à... Malines vers le 1er novembre, à Bruxelles et dans le pays de Namur, au commencement de novembre, à Ixelles le 22 octo bre... ». Comme preuves, M. Verhaegen cite une lettre du dé partement de l'Ourthe, 2 du département de la Dyle et les ouvrages francophobes de Thys et de Gebruers (région fla(101) Certes, le tirage au sort ne fut jamais populaire et pas plus en 1908 qu'en 1799. Mais il n'était pas contraire à nos traditions sécu laires comme le disent plusieurs de nos historiens. Depuis plusieurs siècles on tirait au sort des pionniers et des miliciens dans nos villages namurois. M. Verhaegen peut gémir sur le sort des conscrits qui périrent au service de la République ou de l'Empire bien loin de leur patrie. De puis le XVIe Se des miliciens namurois allaient servir l'Autriche contre les Turcs 1 — 201 — mande et en partiulier Nieuport). Et les faits ? Etant donné une telle agitation de ces recruteurs allemands, nous devrions nous attendre à une citation de1 faits. M. Verhaegen ne cite pas un seul cas d'enrôlement. Il y en eut peut-être ; comme on ignore tout de cette question, il était nécessaire d'identifier les cas. NOMBRE, MOTIFS, CONDITION SOCIALE. Exécutant l'article 1 1 de l'instruction du ministre de la guerre relative au complément de la levée de 200.000 hom mes que les conscrits de la 2 e classe et de la 3e pourront four nir, la municipalité de Namur fit ouvrir un registre des enrô lements volontaires (102), que la loi distinguait des enrôle ments de remplaçants ( 1 03). Il y eut 30 enrôlements de volon taires d'octobre à décembre 1 798, à Namur. Nous n'avons pas tenu compte des remplaçants : 40 environ. Les enrôlements de volontaires sont caractérisés par ceci que le volontaire marque sa préférence pour une arme et choisit son corps « dans la me sure du possible ». Les vrais motifs de l'enrôlement des volontaires nous échap pent souvent ; parmi les remplaçants les enrôlements dus à l'indigence ne furent pas rares, sans aucun doute (104). Il me semble que l'on peut attacher une importance réelle au fait que les volontaires choisissent leur corps ; on constate qu'ils s'enrôlent avec le désir de rester groupés. Les Namurois volontaires de l'an VII demandent à servir dans la Pre mière Demi-Brigade d'infanterie légère ou dans la cavalerie (hussards, chasseurs), à une exception près (105). Au début de l'an VIII quelque:; volontaires se présentent pour l'artillerie. L examen des regstres aux inscriptions des volontaires dans la commune de Namur doit être minutieux. Il y a 300 enrôle- (102) S. M., 266, 12-13° ; transcriptions conformes à la loi du fructidor VI (enrôlement des volontaires). 19 (103) En vertu de la loi du 25 germinal ; registre ouvert en floréal an VII, S. M. (104) II en était de même au début du XXe siècle. — Plusieurs motifs pouvaient être réunis. Voir le cas intéressant de Pierre Jos. Trussard, le 16-11-1812. Ex-caporal au 21e Rég. de ligne, distingué, il était entré au service sous le nom de Lambert Orval « parce qu'il n'avait pas l'âge requis ». Il avoue à l'enquête qu'il s'est enrôlé parce que sa famille était dans la pauvreté, et par désir de suivre la carrière des armes... (105) voir dans la liste, Gérard Vanhost, né à Bois-le-Duc. — 202 — ments environ, depuis vendémiaire VII (1798) jusqu'au mois de janvier 1814, alors que les Alliés étaient déjà en Belgique. Le plus grand nombre des volontaires n'avait pas atteint l'âge du service obligatoire, ou avait dépassé cet âge. En marge, quelques rares indications sur le retour de l'un ou l'autre conscrit dans ses foyers en 1806 ou en 1812 ! ou bien sur la radiation de son enrôlement à la suite d'une décision supé rieure ; ces cas sont très rares. Dans les cas de remplace ments nous avons somme toute l'inscription d'un contrat passé entre remplaçant et remplacé, la description phycique du remplaçant, sa présentation par le remplacé qui s'engage à servir lui-même ou à présenter un autre « candidat » si son remplaçant n'était pas agréé. Tandis que nous ne possédons pas la description du volontaire non remplaçant. Pour d'autres raisons encore nous croyons à l'influence des facteurs psychologiques et de l'opinion sur les volontaires, au moment où ils se présentèrent. Nous y croyons d'autant plus, à présent, que nous avons relevé un plus grand nombre de cas en 3 périodes critiques et en une période de gloire. 11 y a plus de 100 volontaires en l'an II, au moment où la France lutte contre les Rois coalisés. Il y a plus de 30 volon taires et près de 50 remplaçants, à Namur, quand les armées françaises sont rejetées de l'Italie, quand l'expédition d'Egypte tourne mal. Il y aura plus de 20 volontaires à l'époque du voyage de Bonaparte en Belgique (juillet-août 1803), parmi les acclamations du peuple wallon. Enfin, en 1813, quand l'Empire s'effondra, alors que la levée des gardes d'honneur venait d'avoir lieu ainsi que le rappel de nombreuses classes de conscrits, il y eut plus de 40 volontaires à Namur. Parmi eux, un certain nombre d'étudiants (Collège de Namur, Athé née actuel). Dans l'ensemble les volontaires des ans II, VII, X. XI, et de 1813 sont les plus nombreux. Avant de compulser les archives j'avais lu avec méfiance le récit de deux témoignages sur les enrôlements de volontaires. Voici le premier. Simon, membre du Corps Législatif, repré sentant le département de Sambre-et-Meuse, prétendit qu'il y avait 94 7 conscrits de Sambre-et-Meuse incorporés pour la guerre de Vendée et 100 volontaires. En ce qui concerne les conscrits l'assertion n'est pas vérifiée ; en ce qui concerne les volontai res (1798-1801), elle n'est pas exagérée. Voici le second. Le 13 vendémiaire an VII (on a écrit VI) (3-10-1798), la Commission des hospices écrit à la Munici palité du canton de Namur : — 203 — « Nous vous informons citoyens administrateurs que plusieurs hospitaliers qui n'ont pas encore l'âge de majorité sont sortis de l'hospice pour s'engager dans les troupes de la République ; d'autres se disposent à prendre le même parti, et tous se sont déterminés à cet acte de patriotisme sans nous en prévenir. En votre qualité de tuteur des enfants abandonnés, nous avons cru ne pouvoir vous laisser ignorer la démarche de ces jeunes gens afin de vous mettre en mesure de prendre à cet égard telle dé libération que vous jugerez convenable. » Le 23 vendémiaire an VII, la Commission écrit à l'Admi nistration mun cipale du canton au sujet de 8 jeunes gens ayant I âge requis pour la conscription militaire organisée par la loi du 19 fructidor an VI (106). Nous savons grâce au registre 266 que trois de ces jeunes gens, eu moins, furent enrôlés comme volontaires ; plusieurs autres furent agréée comme remplaçants de conscrits, par la Municipalité de Namur, au mois de mai 1 799 (107). Parmi les volontaires de l'an VII, cinq ou six avaient déjà servi la République de l'an II à l'an VI. Nous pouvons ajouter que la plupart des volontaires de l'an VÏI appartenaient à cette classe sociale que nous connaissons scus ïe nom de « CWès » ; la moitié était domiciliée dans la section de la Liberté (Pied-du-Château, Notre-Dame, SaintHilaire, Grognon, Sarrazins, rue1 des Moulins). Les autres appar tenaient à la section de la Fraternité (rues du Four, des Brasseurs - partie -, de la « Cloche Porte », Fossés-Fleuris), ou de la Réunion (rues des Brasseurs - partie -, des Ravets, du Chinis, de1 Bruxelles en partie), ou de la Paix (rue de Fer, rue des Carmes, Grand'Place, rues des Fossés, de Bruxelles), ou de l'Egalité (Saint-Nicolas, rues de Fer, Gravière). Quelques remplaçants sont des soldats de métier ; Dominique conveau (108), François-Jos. Pire (109), J. Tazia (110). (106) S. M., Bienfaisance ; communication de M, Brouwers, (107) Ils sont désignés suffisamment par l'indication du lieu de leur domicile à Namur : le Grand Hôpital ou l'Hospice Saint-Gilles, rue Notre-Dame. (108) né à Namur le 9-7-1752, paroisse S' Michel en la collégiale Notre-Dame, domicilié rue Notre-Dame, ayant servi 8 ans dans le régiment hollandais dit « grenier wallon » (sic) et ne pouvant représenter son congé qui fut brûlé, dans l'incendie de sa maison à Velaine-Jambes. ... Il remplace Robert Joseph Fastré, conscrit de la 3 e classe, rue de l'Ecole centrale, le 15 messidor VII. —.(S. M. 266, n° 7 1 ou 39 des remplaçants) (109) né à Namur, paroisse Saint-Jean l'Evangéliste ; domicilié rue Piconette, cordonnier, 40 ans ; ayant servi 6 ans 1/2 dans le régiment — 204 — La carrière des individus est en dehors de notre sujet. Ce qui importe est la présence sous les drapeaux, dans un grand nombre de régiments, de soldats namurois, avant que la cons cription fût établie ou en marge des levées de conscrits. Rappelons encore que la population de la ville ne dépassait guère 15.000 âmes ; celle du département n'atteignait pas 150.000 (111). Quand la première levée de conscrits, de la lre classe, eut lieu, le canton de Namur fut appelé à fournir 35 soldats (112). Ce nombre paraît bien inférieur à celui des volontaires namurois qui servaient la République de 1 792 à 1 794, il n'est guère supérieur au nombre de volontaires de l'an VII ; il est inférieur au nombre de volontaires de l'an 1813. Nous nous sommes arrêtés à l'époque de rétablissement de l'Empire franças, c'est à dire à la période de gloire d'une unité qui comptera un grand nombre de Namurois dans ses rangs, la 1 12e Demi-Brigade. Les registres 266-267 contiennent environ 185 inscriptions de volontaires pour la période impériale. L'opinion « publique » n'est pas représentée uniquement par ces volontaires, certes, mais était-elle représentée par les votes de quelques douzaines de privilégiés qui désignaient sous l'an cien régime les membres de nos Etats provinciaux, ou de quelques centaines d'électeurs cens:taires qui étaient « toute la nation » pendant une grande partie du XIXe S. ? Au moins les volontaires apportaient un témoignage de la sincérité c.2 leurs convictions : leur sang. autrichien de Vierset ; taille 1 m 720... S'engage le 15 mess. VII au lieu de Fs Augustin Gillain Désiré Raymond de la 3e classe... (n° 72, ou 40 des remplaçants). (110) Jean G. Tazia, né paroisse Saint-Michel, colporteur, 34 ans, ayant servi 7 ans et 8 mois dans le régiment de Vierset, muni de congé, en remplacement de Jacques Jos. Absil, épicier place Lilon, non tombé au sort mais appelé par la Municipalité pour compléter le contingent imposé au canton de Namur dans la levée de 200.000 h. (Loi 28 germinal). (111) S. M., n° 56, 4 et 15 prairial an IV ; A. C, n° 39, 1er prai rial VIII. (112) S. M., 3 brumaire VII. Le canton le plus imposé fut Ciney (83 pour 5.496 habit.) ; Villance (23 pour 2.502) et Clerhayd (23 pour 4.340) étaient les moins imposés, pour plusieurs classes. — 205 — # # L'orthographe des noms de fanrïle n'est pas garantie : Dc> prez ou Deprez p. ex. ; j'ai adopté l'orthographe du correspon dant du 4e Bureau chaque fois que j'ai eu à choisir, ce bureau ayant connu les extraits des états-civils Nous avons numéroté les noms c!es militaires du département, ou résidant dans le département, à l'exception de ceux qui paraissaient « détachés » dans un service administrât'!, sans avoir pris de résidence fixe. Nous n'avons pas numéroté non plus quelques noms qui nous paraissent être des « doublets » de noms déjà relevés. (à suivre) DANHAIVE. AB1YE, DES ROUWES! Come tos les èfants, dj'a djairi, l'a one cénquantin-ne d'annéyes, après bien d'z-afères ! Dji m'sovéns oyu vèyu, à l'since di Franknéye, on tchfau méca nique ! Monté sus trwès rouwes, on l'fyeûfe avanci è tournant deux manivèles èmantchiyes à costé des orèyes et r'ioyiyes par one tchin-ne à des ègrènatches. On gamin di m'yâdge pleûfe si ténre à tchfau et voyadgî sus l'trotwère et dins Fbèle aléye di blouwès pires del since. Dji n'avos jamais rén vèyu d'si bia et d'si attirant ! Li sinç'rèsse, one boune djon-ne comére, m'avot bouté sus li tchfau d'fiêr et dj'avos plu l'fer avançi d'saqwants mètes. Quén bouneûr ! Mins quén maleûr quand dj'a d'vu mette pîd à têre, quitter l'cou del since et z-y lèyi li p'tit tchfau qu'avot l'air di rire après mi ! Dji savos bén qu'on parèye tchivau ni pleûfe nén yèsse po des p'tits gamins come mi paç'qui leus parints n'avinent nén l'moyén ; dj'avos on vix bidet d'papi machi qu'avot pyèrdu s'quèwe et one ouye, qu'estot clawé sur one plantchète à rôlètes, mins i n'faleûfe nén sondgi à l'èfortchi po l'fér drom'ter ; li pôfe bièsse n'estot nén assez stokasse qui po ça et mes p'titès djambes èstinent trop longues po li p'tit tchfau. — 206 — Dj'avos one bèrwète, dj'avos min-me on tchaûr à trwès rouwes. Quand on camarade vleûfe bén poussi l'bèrwète ou satchi l'tchaûr, ça alleûfe co, mins i faleûfe qui l'cocher d'vègne tchivau à s'tour et l'plaiji èstot r'côpé d'à mitan. Dj'avos bén assayi di m'achite dins m'tchaûr, di rabate li timon sur mi et di v'iu fer avanci l'èrna è ziktant m'cwâr des pids à l'tièsse, tôt poussant d'totes mes fwaces dissus l'timon, mins, dji n'savos nén poqwè, li tchaûr ni boudjeûfe nén. Djèr satcheûfe co bén à l'copète d'on tiène po l'ièyi rôler à plin-ne file avou mi d'dins, jusqu'au fond, mins on z-èstot trop rate arrivé et il arot fallu on camarade assez sèrviçîr ou assez fô, corne vos v'ioz, po r'yèrtchi chaque côp l'tchaûr à l'copète des crupet. Non, tôt ça n'aleûfe nén à m'môde. Dj'ètindeûfe bén dire qui nos' vix curé Thirion avot fait one vwèture sins tchfaux, qui roteûfe tote seule et qu'il avot plu aler avou lèye jusqu'au d'bout des vilatche, mins dji n'estos nén d'fwace à continouwer les èspéryinces des brave vix yome et i m'faleûfe absolumint trover ôte tchôse. Couru à tchfau sur on baston, à mwins qu'po l'oneûr, ça n'mi djeûfe nén grandtchôse non pus. Ces' t-adon qui dj m'a trové on bia djou d'vant l'tchèrète à tchéns des Chalé Capon ! Li Chalé Capon èstot-on pôfe qui n'mèreûfe à l'intréye di Perwez, dins r-one baraque di tère et d'wazon, couviyète di boquets d'tole tôt èronis, presse à tchaire, grante et basse corne one rang. Li Chalé avot l'air d'on gros paquet d'viyès loques qui clénseûfe à gauche et à drwète quand i roteûfe ; i chaleûfe des deux djambes. Dji n'a jamais vèyu, hivièr corne esté, qui l'rotche dibout di s'gros nénz, ses deux massales sicûtes pa les frès, les plèfes et les bîjes et ses deux p'tits méchants ouyes qui squèrwaitinent di tos les costés à on côp. Li Chalé Capon alleûfe dimander ; achi dins s'tchèrète à tchéns, i taurdjeûfe divant chaque huche po ratinde li caur ou l'chiquet d'pwin qu'on li apwarteûfe ; i n'dischindeûfe qui d'vant saqwants cabarets ; ses tchéns s'coutchinent, i pirdeufe ses deux bastons et, tôt djèmichant, i trin-neûfe ses deux molles chaléyes djambes jusqu'à l'can'glète où ç'qu'il avaleûfe deux trwès potéyes. Adon, i r'mon- teûfe à tchèrète, tapeûfe sus ses tchéns, criyeûfe tant qu'i pleûfe : Yu, Yu, Allai, Pus rate, Ah vos deux rosses ! Vos m'el pay'roz t't-à l'heure. Et Triait arriveûfe, li châlé, mwârt-sô, èstot co sus les vôyes ; i parvineûfe quit'fiye jusqu'à s'fougnère, dins l'cabâne di Perwez, mins l'pus sovint, on l'troveûfe clénçi dins r-on fossé del vôye, one rouwe dins l'chaviya, les tchéns coutchis onque cont' l'ôte et l'Chalé ronflant corne on soflèt d'fwadge, racrapoté — 207 — dins s'paquet d'gobiyes et nèyi dins l'pèquet qu'il avot avalé tote li djournéye. Et bén ! c'èstot one tchèrète corne li cène des Chalé Capon qui m'arot fallu po yèsse li pus binaûche di tos les gamins des payis. Si gn'arot yu qui l'caisse et les brès, dji l'aros plu monter mi min-me ; les caisses au suc et aux oranges ni manquaient nén dins nos'gurgni. Bijou, nos' vix nwèr tchén, di tchfau et dj'avos des cwates po les rouwes ! nos' viye grosse bèrwète nèn' en' navot deux montéyes po mwinrner faleûfe po m'ayaissi, mins comint fer po èstot capâpe di syèrvu atèléyes. Mins, c'èstot les navot qu'one, li marchau on badou, c'est tôt ç'qui l'z-awèt ! ? Et dji n'mèreûfe là, avou tos mes plans, totes mes ambitions, tote mi fwin de couru sus des rouwes, trinné pa des tchéns, corne ■li Chalé Capon. I gn'avot pont d'bouneûr por mi qui sorpasseûfe çit'là. Et faute di deux rouwes, faute di caurs, faute di yèsse aidi, i m'faleûfe dimèrer l'eu à l'tère. Et tôt d'bautchi, dji sondjeûfe à tos les fyeux d'embarras, à tos les minîrs, à tos les richards oui rôlinent à tchèrète, come li Chalé Capon. Dji vèyeûfe passer les tchéns et l'tchèrète des grand Charlet qui nos vindeûfe des sorets et des mourmoulètes tos les vinrdis, li tchèrète del djouweuse d'orgue qui nos fyeûfe tirer des planètes, li cène des poy'ti, li cène des gobyeux, li cène d'à Cola des tchôdroni. Dj'aleûfe min-me jusqu'à pwarter inviye au Gorli d'Inguizéye qu'avot, gâtes, li, one tchèrète des vraiyès gâtes, cénq, chîche, à gâtes, trin-néye pa des avou des cwanes et del baûbe. One tchèrète ! Non, one vwèture, tote rapistéye come li s'cal'çon d'Arlèquén, avou des fignèsses et on twèt, et quat' rouwes, où ç'qui pleûfe dârmi, où ç'qu'il avot one taûfe, one tchiyaire et one sitûfe avou one bûse qui fumeûfe ! Ah ! l'Gorli d'Inguizéye ! C'èstot li rwè des vôyes, li rwè des tchèrètes, l'ome li pus heureux à m'ehonance. Cénquante ans après dji sins co les djairons qui m'tindinent après ces omes qui vikinent sus les routes : Li Chalé Capon, Prosper Djèdjè, li grand Charlet, li blanc Pilet, li vix Cola des tchôdroni et, au d'zeus d'tortos, come on signeûr, li Gorli d'In guizéye ! Ah ! ç'ti là, avou s'vwèture à gâtes, por mi, il èstot pus contint qu'monsieû Gotsinaûfe, l'ome li pus ritche di nos' vilatche ! Siya, portant, dji r'sondge ; dj'a co vèyu, dins l'timps, à Branson, tôt près d'Franknéye et des tchfau mécanique, on-«équipage » qui m'fiyeûfe trèssiner d'inviye : c'èstot li p'tite vwèture, les atèléyes di djène eu et 1' bêle pitite gâte qui Robert d;al Since avot yu po s'Saint-Nicole ! Djel' vwès co, Robert, achi sus l'passet à cosséns, mwinrnant s'gâte pa les guides et tos les gamins del vij'naûfe courant et djiplant autou d'H po printe leu paurt di plaiji come les sauvèrdias qui s'tap'nut sur-on novia crotén po spèpi — 208 — les grains d'awin-ne tôt tchôds. Ah ! l'vwèture d'à Robert ! Qu'èn-n-a ti fait ? I paraît qu'il est mayeûr di Branson, à ç't-heûre, li camarade di mes djon-nès annéyes. Quand dj'èrirais par là, i faut qui dj'vauye li dire bondjoû et li n'mander des novèles di s'vwèture à gâte. Dispeûye, les ornes, pitits et grands, ont yu les tram', les vélos, les autos ,les motos, les trotinètes, les paténs à rôlètes, les autobus', les autorails, les aéroplanes. Des rouwes, des rouwes, et co des rouwes ! Et, après ou avou les rouwes, des — éles !! Li viye ni va nén assez rate, i l'faut bouter su des rôlètes. Quand dji brèyeûfe après les rouwes des marchau, èstotch' ôtrumint qu'tot ' Ed. LAURENT. R. N. 12-1-1933 Archéologie et Folklore C'est le 21 juillet prochain que doit avoir lieu l'inauguration du musée d'Andenne. Un gros effort est en voie de réalisation pour qu'il puisse donner au visiteur dès le premier jour, une idée complète du programme que son conseil d'administration s'est assigné. Ce programme tient en trois mots : Préservation, Reconstitution, Présentation. Préservation de tout ce qui contribue à l'Histoire d'Andenne et des environs. Reconstitution des anciens métiers et artisanats, potier, pipier, faïencier, porcelainier, travail des carrières, houillères, papeteries, fonderies, produits réfractaires, grès, etc., jusqu'à nos jours. Présentation la plus évocatrice et la plus attrayante possible de tous ces précieux souvenirs du passé et réclame permanente pour nos arts et nos industries folkloriques d'aujourd'hui. H. JAVAUX. 209 — ^^tiiiiiiiiiiiiiiiifiit iiif iiiitttiiiiiiftmiif ■iitttiftiiiiiiiiiiiifiiijitiiiifiiiiiiiiiiiniiaftftftiffif if itifif ifif iifttiieiïiiitcifitiiif»!!^ | Chronique Musicale et ©Artistique I ?vfiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiitiiiiiiJiiiiijittiiJiftfiiitmifiitiiiiifmtimiififntfiniifiiffiliiiii^S LE PEINTRE ALBERT DANDOY Albert Dandoy est Namurois ; ses concitoyens n'eussent guère pensé, il y a quelque vingt ans, que cet élève assez indiscipliné de l'Athénée Royal de Namur et de l'Académie des Beaux-Arts, qui paraissait devoir borner toute son activité à brosser, avec maestria d'ailleurs, des panneaux de bois et de marbres et des décors de théâtre de second ordre, se fut décidé un beau jour à reprendre la palette de ses aînés, Jean-Baptiste et Auguste Dandoy, ces peintres namurois si fidèlement attachés à leur terroir ? Ce paraît être le temps de guerre qui détermina cette orientation définitive : pendant les longues années de l'occupation ennemie et du chômage, Dandoy s'était replié sur lui-même et, silencieu sement, s'adonnait au dessin, à la gouache et à de vagues études de paysage. L'armistice le voyait professeur de dessin à l'Académie des BeauxArts et bientôt apparaissaient les premières œuvres marquantes du peintre, trop légères pourtant et sous l'influence trop prononcée de l'école romantique. Mais l'artiste était bien parti ; d'année en année, il évoluait en puissance et en profondeur et ce fut une révé lation pour ses concitoyens lorsqu'en 1927, croyons-nous, sur les insistances de ses amis, il se décida à faire une exposition d'ensemble de ses œuvres dans l'ancienne salle « Stella ». Les Namurois y admirèrent toute une série de tableaux légers ou graves, gais ou mélancoliques qui leur parlaient bien au cœur : c'étaient en effet tous les vieux coins de la ville qui, hélas !, dis paraissent les uns après les autres, que s'était complu à peindre l'artiste. On peut signaler à ce propos que l'œuvre des peintres Dandoy constitue une précieuse documentation pour fixer, chez les géné rations de l'avenir, d'une manière bien plus vivante que la photo graphie ou le dessin, l'aspect du pays namurois. — 210 — Remarquons, pour le surplus, que ces peintres ne se sont jamais permis la licence, contre laquelle je m'élève avec vivacité, que pren nent avec la vérité trop de paysagistes qui, sous prétexte de la liberté d'expression de l'art, nous présentent un visage tout à fait déformé et souvent mutilé des sites de chez nous. La faveur et le soutien du public wallon n'ont pas manqué au peintre Albert Dandoy qui affirme dans son œuvre une progression continue et contribue, comme maint de ceux des vieilles familles namuroises auxquelles il est apparenté, à enrichir le patrimoine tant moral qu'artistique de la Wallonie. La toute brillante exposition de ses dernières œuvres qu'a ouverte en Mai le peintre constitue un nouveau succès pour l'artiste et marque une large étape dans sa carrière féconde. Son « Milieu du monde sous la neige » et son « Panorama vu des roches de Faulx », synthèse du paysage wallon de la haute Meuse, comme l'a si bien dit A. Dohet dans sa critique très fouillée de cette exposition, nous ont paru les meilleures toiles de cette manifestation d'art dans laquelle Dandoy a témoigné à nouveau du plus riche métier et de la plus grande sensibilité d'un artiste qui est bien de chez nous. S'identifiant avec la nature en notre belle Wallonie qu'à notre sens, peuvent seuls peindre avec sincérité les artistes wallons parce qu'ils sont issus du sol même où ils puisent leur inspiration, le peintre Albert Dandoy, entouré des sympathies les plus chaudes et les plus averties, a écrit de nouvelles et radieuses pages à la gloire . de l'art pictural, du pays wallon et du beau nom qui fut son héritage. Robert HICGUET. I. N. R. Si vous n'êtes pas encore dégoûté de la T. S. F., s'il vous arrive encore d'écouter de temps à autre, un concert que vous avez souligné sur votre programme hebdomadaire, et si vous aimez la musique sérieuse, l'occasion d'entendre des choses intéressantes n'est pas rare. C'est ainsi que, dernièrement, le Concerto pour piano à double cla vier de René Barbier a retenu l'attention des auditeurs et qu'on a pu apprécier l'intérêt qui s'attache à cette grande et belle œuvre. Œuvre vraiment sérieuse, très bien écrite pour l'instrument et dont l'orchestration souligne, au maximum les développements ingénieux et puissants. Le sérieux, la générosité de la mélodie, l'agencement — 211 — rationnel des thèmes et de leur développement sont, d'ailleurs les traits caractéristiques des compositions de M. Barbier. Et ce concerto, en particulier, aVec l'appoint du piano, son brillant, ses possibilités de variété dans les rythmes, me semble tout à fait réussi. Etant donné l'impossibilité pour les compositeurs belges de voir leurs œuvres exécutées aux grands concerts symphoniques, il faut donc se réjouir de l'existence de l'I. N. R. dont les chefs d'orchestre Kumps et Meulemans ont l'audace de placer dans leurs programmes des œuvres de ces réprouvés. C'est à peu près les seules occasions qu'ils aient de s'entendre jouer dans de bonnes conditions. Se réjouir ? Un peu ! pas trop, car la part des Wallons dans cette manne est bien maigre et, en consultant les programmes vous verrez quelle injustice est faite aux compositeurs et même aux auditeurs de chez nous. Tout récemment, au Palais des Beaux-Arts, se donnait un concert organisé par le Comité de la Semaine de l'Eau (!) servant d'émission de l'I. N. R. Le programme comportait de la musique de : Peter Benoît, Jan Blocks, Rieland, Paul Gilson, Alfred Mahy et Huberti. — Huberti était le seul wallon. Ce programme bilingue portait, d'un côté, les titres et sous-titres en français, sauf pour les mélodies de Benoît, Blocks et Rieland, non traduits (et chantées en flamand), alors que l'autre côté était rédigé entièrement en flamand, même les titres français, traduits cette fois. C'est de la provocation, car « Zeelied » n'est pas plus mal habillé en « Chanson de la mer », « De Leie » en « La Lys » et « Het Lose visschertje » en « Le malin petit pêcheur » que « La mer » (de Gil son sur un poème français) en « De Zee » et « Cantate inaugurale » en « Inhuldigingscantate ». Tous les jours, on trouve des raisons de se plaindre de cet état de choses. Au poste flamand, par exemple, on chante en flamand, en alle mand, en italien, mais jamais en français, pas même les œuvres fran çaises comme « Carmen », que j'ai entendu annoncer l'autre jour : k De bloem die gij mij had...» pour « La fleur que tu m'avais jetée». Le morceau suivant était « La fille du far-west », chanté en italien. Si la belle et chantante langue française leur fait mal, qu'ils se gargarisent au papier de verre à leur aise, mais qu'ils n'oublient pas que l'I. N. R. est un poste national belge. 212 — E. G. (âelées et Confjfures Pâtes de pommes et de (fruits Conserves de fruits P au §iro|D MATERNE (poute la sa\)eur des meilleurs ffuifs de la Uallée de la Meuse DRYCO T SEC ACTIVÉ PAR LES RAYONS ULTRA-VIOLET! L'IDÉAL POUR LES NOURISSONS ET LES CONVALESCENTS 49, Bd de la Constitution, à Liège r : Pharmacie RONVAUX, Place St-Jean, et toutes pharmacies H. GRAFÉ-LECOCQ & Fils GRANDS VINS 9-11, Place Saint-Aubain, 9-11, NAMUR (Belgique) Tel. : 315 — Maison fondée en 1879 — Adr. tél. : Graié-Vins-Namur Spécialité de vieux vins de Bordeaux et de Bourgogne en bouteilles Seuls importateurs des PORTOS DOURO QUARLES HARRIS & C° (Est»-1 1680) Grandes Liqueurs Polonaises « BACZEWSKI » (Ested 1782) Bordeaux - Bourgognes Chûteauneuf du Tape "Cru La Roche" Liqueurs - Portos Champagnes Maurice Pichard Maison fondée en 1662 CAUDÉRAN-BORDEAUX 39 et 41, Rue Hoche Représenté par Ch. SUBITTE 8, Rue Van Campenhout, BRUXELLES n.-e. 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