issue 8 free - Code Magazine
Transcription
issue 8 free - Code Magazine
issue 8 free winter 08/09 Life & Artstyle Edito Pour cette nouvelle édition de Code, la rédaction a rapproché deux concepts aux racines identiques et qui se retrouvent malheureusement souvent associés : l'étrange et l'étranger. Les différents rédacteurs, artistes, graphistes et curateurs nous proposent ici un riche panorama de l'altérité, allant de la réalité de la rue aux métamorphoses kafkaïennes, du documentaire au délire. Ce panel d'images et de récits montre une fois de plus la variété d'expressions qu'inspirent des concepts similaires et révèle un besoin humain primitif de développer des rapports avec l'étrange étranger... même dans le conflit. In deze nieuwe editie van Code legt de redactie twee begrippen met identieke wortels naast elkaar die helaas vaak samen worden vernoemd: het vreemde en de vreemdeling. Redacteurs, kunstenaars, grafici en curatoren presenteren een waaier van verscheidenheid, gaande van de realiteit van de straat tot kafkaiaanse metamorfoses, van de documentaire tot de waanzin. Deze veelheid aan beelden en verhalen toont ons weer eens de verscheidenheid binnen de vertaling van deze aanverwante concepten en onthult de primitieve, menselijke behoefte om relaties aan te gaan met de vreemde vreemdeling en er zelfs mee in conflict te gaan. For this new edition of Code, our team confronted two concepts with identical root and which are unfortunately often associated: the strangeness and the foreigness. The various writers, artists, graphic designers and curators offer here a rich panorama of the otherness, from urban reality to Kafkaean metamorphoses, from documentar y to delirium. This panel of images and stories shows the variety of expressions inspired by similar concepts and reveals a primitive human need to develop relationships with this "foreign stranger"... even in the conflict. † Sommaire Cover Alizée Freudenthal 1 Edito 2 Visions prophétiques d'un alchimiste du dessin par Laetitia Chauvin 5 De deconstructie van het cliché door Stijn Maes 8 Chapter One: Of First and Last Things, 13, Resonance Mekhitar Garabedian 10 On achève bien les cheveux / Esthétif du corps étranger par Clément Dirié 13 Bringing together impossibilities by Devrim Bayar 17 Le voyage de Junko par Justin Morin 20 Poster Satoru Toma & Thomas Bernardet 25 Concours & résidences par Daifris Taypeump 27 La(p)parente étrangeté par Anaël Desablin 29 Images cruelles Bazaar Bizar Stabbed in the back Curated by Illustration par David de Tscharner 32 door Nele Buys 34 par Frédéric Chapon 39 VVORK 43 Das Mudwig 46 •• Code magazine / issue eight / winter 08-09 • www.codemagazine.be • Co-founders / Mariana Melo & Thomas Wyngaard • Editor in Chief / Devrim Bayar / devrim@codemagazine.be • Art Director / David de Tscharner / david@codemagazine.be • Graphic design / Codefrisko / thomas@codemagazine.be • Project Development Manager / Mariana Melo / mariana@ codemagazine.be • Press & commercial relations / Virginie Samyn / virginie@codemagazine.be • Contributors / Devrim Bayar / Nele Beuys / Frédéric Chapon / Laetitia Chauvin / Anaël Desablin / Stijn Maes / Justin Morin / David de Tscharner / VVORK • Proofreaders / Les Critiques des Critiques / Jane Haesen / Emmanuel de Tscharner • Webmaster / Ali Nassiri • Cover © Alizée Freudenthal • Print run / 5000 copies • Printer / Massoz, Liège • Publisher / Stoemp asbl, 24 rue du Mail, 1050 Brussels / backstage@codemagazine.be • Contact / Code, 24 rue du Mail, 1050 Brussels • The opinions expressed in CODE Magazine are not necessarily those of the publisher. Whilst every care is taken by the publisher, the content of advertising is the sole responsability of the advertiser. No part of this publication may be reproduced in any manner or form without written permission from the publisher. All rights reserved. Visions prophétiques d'un alchimiste du dessin Manor Grunewald Le monde se divise en deux catégories : ceux qui collectionnent les images et les autres. Les premiers ont souvent pour canal perceptif principal les yeux, leur rapport au monde est visuel et leur imagination peut être excitée par une simple image. Il s’en rencontre évidemment beaucoup parmi les artistes et les amateurs d’art. Et, avouez-le, si vous tenez un numéro de Code entre les mains, c'est que vous aussi avez un faible pour les images, même les plus légères, même les plus futiles. recèle pour qui l'a exhumée une charge émotive particulière. Pourquoi cette image plutôt qu'une autre ? L'intervention du collage et du dessin révèle explicitement les non-dits, les hors-champs, les sous-entendus qu'inspire l'image initiale en même temps que les transformations la rendent « autre ». Car le collage produit du monstrueux, à l'instar de l'abominable créature du Docteur Frankenstein née de l'hybridation Manor Grunewald (1985 Gand ; vit et travaille à Gand) appartient évidemment à la catégorie du collectionneur compulsif d'images. Max Ernst avant lui, pour les collages de la Femme 100 têtes, fouillait des ouvrages usuels dont il prélevait des figures apparemment anodines. De la même manière, Manor Grunewald puise sa matière première dans de vieilles encyclopédies et des magazines surannés. L'image « trouvée » Page 5 gauche Don't trust foreign chewing gum II, 2008 Collage, marqueur et crayon 24 x 32.5 cm Page 4 To much off it all, 2008 Collage, feuille adhésive, marqueur, crayon 24 x 32.5 cm Page 5 droite Bully Heads, 2008 Peinture à l'huile sur toile de lin 150 x 200 cm 5 […] le mot hybride renvoie à “bâtard”, “sang mêlé”, amenant l'idée d'un acte de transgression. L'intégrité physique des visages est systématiquement atteinte : Manor Grunewald veille scrupuleusement à énucléer ses personnages, pour, dit-il, objectiver le sujet et le mettre à distance. L'oeil comme miroir de l'âme et de la pensée, organe si précieux à l'artiste comme à l'amateur. Victor Brauner s'était aussi emparé du thème de l’œil énucléé, interprété comme une prémonition tragique à l'accident qui lui fit perdre l'oeil gauche. de p lusieurs corps. La composition des collages accentue l'anormalité de la figure d'origine qui porte alors l'imperfection, l'impureté, la décadence, l'excès. Étymologiquement, le mot hybride renvoie à “bâtard“, “sang mêlé“, amenant l'idée d'un acte de transgression. Un conseil Manor, fais gaffe à ton oeil ! † Mais le collage conduit aussi à la métamorphose, soit, dans une comparaison organique à la nature, à une évolution positive et décisive. Les greffes produisent de nouvelles formes et engendrent un monde nouveau, construit avec des souvenirs antérieurs. Laetitia Chauvin • www.manorgrunewald.com • www.fortlaan17.com • Solo exhibition 21/03- 27/04/2009 Bogardenkapel Brugge Katelijnestraat 86, 8000 Brugge • Solo exhibition + release book 20/11/2009 - 30/01/2010 Galerie Fortlaan, 17 Fortlaan 17 9000 Gent André Breton considérait la Femme 100 têtes comme le livre d'images idéal de son époque, qui dévoilerait l’avenir sous la forme de visions féeriques. L'imagerie magique parcourt l'oeuvre de Manor Grunewald. Le spirite est partout. Des fluides s'échappent des yeux et de la bouche comme manifestation d'une présence médiumnique. Les cristaux incarnent les énergies catalysées et le pouvoir purificateur. Le crâne, objet fétiche des pseudo-scientifiques et des occultistes, est élevé au rang d'icône. L'énergie diffusée par ces apparitions brouillent leur environnement qui s'en trouve diffracté, strié, comme sous l'effet d'ondes palpables. Les ombres contaminent l'espace et engloutissent les personnages. Page 7 gauche One love, 2008 24x29 cm Collage, rortring 0.05, feuille adhésive 6 Page 6 Why, 2008 48x64.5 cm Rotring 0.1 Page 7 droite Fools, 2008 16x22.5 cm Collage, marqueur, rotring 0.1, crayon Page 7 bas Untitled, 2008 64.5x48 cm Rotring 0.1, crayon, marqueur, feuille adhésive Images © Manor Grunewald De deconstructie van het cliché Hamza Halloubi Het werk van Hamza Halloubi (1982, Tanger; leeft en werkt in Brussel), een jonge Marokkaanse kunstenaar die sinds enkele jaren aan het Brusselse La Cambre studeert, ademt literatuur, en wel op diverse manieren. Niet zelden verwerkt hij tekstfragmenten of gedichten in zijn werk (bijvoorbeeld van Mohamed Choukri), verwijst hij naar het gedachtegoed van denkers als Edward Saïd, of vormt zijn werk een metareflectie over het gebruik van taal. Deze jonge kunstenaar leest en schrijft overvloedig, en geeft zelf aan dat veel van zijn werk ontstaat tijdens een dergelijke reflectiefase. Het lichaam bevrijden van haar beper kingen (‘cordes’) lijkt een van de centrale thema’s in het werk van Hamza Halloubi. Het jonge kind dat hij toont in de video Untitled (Lecture) (2008) wordt tijdens zijn of haar opvoeding al snel geconditioneerd door sociale en culturele denkkaders. Waar het kind nog ongedwongen met een boek kan omgaan, wordt de realiteit tijdens de opvoeding gaandeweg letterlijk en figuurlijk versluierd. Aan de hand van (kleine) gestes toont Hamza Halloubi echter aan dat het mogelijk is het lichaam van deze ketens te bevrijden. In Untitled (Baiser) (2008) heet het dat liefde zich niet geremd weet door een sluier. Minder direct, maar nog steeds confronterend, is de poëtische video Punition (2008), waarin een volwassen man in een schrift steeds hetzelfde zinnetje noteert: ‘Het is te laat voor mij om nog te hopen een engel te zijn.’ In zijn reflectie hierover gaat de kunstenaar nog een stap verder. Hij vindt het belangrijk om ook de clichés die aan de basis van sommige van deze beperkingen liggen, naar boven te laten komen. Bijvoorbeeld in 8 Pagina 8 links Untitled (Mauresque), 2008 Zeefdruk op papier 50 x 65 cm Pagina 8 rechts Punition, 2008 Video, 1 min 10 sec, kleur, geluid de fotoreeks Untitled (Mauresque) (2008), waarin Hamza Halloubi iconische beelden -zij het kolonialistische foto’s of beelden uit de media- manipuleert door de gezichten onherkenbaar te maken of de silhouetten te decentreren. Of zoals in de zeefdruk CMJN-Otages (2006), waarin hij de vier steunkleuren uit elkaar haalt. De kunstenaar toont ons een gemuteerd beeld, niet zozeer om de (oppervlakkige) inhoud van het beeld aan te kaarten, dan wel de constructie van het beeld en onze Westerse blik. Of zoals hij zichzelf in een recente tekst de vraag stelt: ‘Pourquoi une telle lecture sur l’industrie de ses images plutôt que leur côté artistique?! C’est justement la production de ses photographies qui était favorisée par un système politique colonial.’ Momenteel gaat hij verder op dit spoor. Als kolonialisme een vorm van onderwerping, structurering en dominantie is, is Pagina 9 Time of errors, 2008 Kerstverlichting, variabele afmetingen dit enkel mogelijk met behulp van de wetenschappen. Als je de ander kent, kun je hem namelijk ook domineren. Hamza Halloubi wenst het kantelmoment te onderzoeken waarop kennis politiek wordt. Wetenschappen of geschiedkunde zijn volgens hem immers niet neutraal. Aandacht voor het instabiele vindt de kunstenaar interessanter dan het zekere, het uniforme, het clichématige. De recente wandsculptuur Time of errors (2008) lijkt dan ook een lans te breken voor de mogelijkheid om af en toe ook fouten te mogen maken. † Stijn Maes • www.hamzahalloubi.we.bs • Bad Moon Rising 3 (groepstentoonstelling) Boots Contemporary Art Space, St. Louis (MO), USA 23 /01 – 21 /02/2009 Beelden © Hamza Halloubi 9 Chapter One: Of First and Last Things, 13, Resonance Mekhitar Garabedian Proceedings 1, 2008 (from Library of Mekhitar Garabedian, 2002-ongoing) book, 30,1 cm x 22,7 cm © Mekhitar Garabedian (2008) • www.garabedian77.be On achève bien les cheveux Esthétif du corps étranger Qu’est-ce qu’un scalp ? Le résultat d’une scalpation, opération consistant à arracher tout ou une partie du cuir chevelu. Scalper, c’est couper cette région physiologiquement riche et hautement symbolique du corps humain, élément identitaire de séduction et de mémoire. C’est commettre un acte de dévalorisation et d’abaissement symbolique. Parallèlement, la perte naturelle des cheveux témoigne du vieillissement physique tandis que leur disparition traduit l’introduction d’un élément étranger, malfaisant, dans le corps souffrant. Quand Je devient un autre. Étroitement associés à la féminité et à la sensualité – ah, la « forêt aromatique » des « fortes tresses » où Baudelaire voyage dans Les Fleurs du mal ! –, les cheveux n’en sont pas moins liés, sur terre et dans nos inconscients, à l’univers de la mort et de l’altérité. Le SCALP, c’est aussi La Section Carrément Anti Le Pen, un groupe antifasciste et libertaire, apparu en 1984 et issu de la mouvance autonome, compagnon du rock alternatif. Un mouvement d’opposition à la relégation du corps étranger, s’abritant sous un acronyme volontairement belliqueux. tion pour créer des objets autres, inquiétants, déstabilisants. Dans Virgo n°2, ex-voto mêlant fétichisme surréaliste et religion antique, Gitte Schäfer (1972 Stuttgart ; vit et travaille à Berlin) place des tresses de cheveux dans une boîte en bois. La vierge vestale – virgo en latin –, voit sa chevelure coupée lors de sa consécration. Au moment où elle devient étrangère au monde qui lui a donné naissance, ce symbole de sensualité lui est ôté. En réalisant ce trophée, symbole d’une féminité désormais pure et purifiée, Schäfer retrouve les accents macabres des bijoux conservant le souvenir et les cheveux de l’être disparu. Les dessins de Langdon Graves (1975 Fairfax, USA ; vit et travaille à Brooklyn) fonctionnent sur un sentiment ambivalent Le Scalp, enfin, c’est ce qui semble réunir ici des artistes qui utilisent toutes le cheveu comme matière, sous forme réelle, figurée et métaphorique. L’esthétif de leurs œuvres oscille entre cosmétique et surréalisme, séduction et rejet, et scalpe alors toute représentation humaine. Subjectivé autonome, le cheveu permet de convoquer les féminins, de réinsuffler de l’affect au cœur de l’œuvre d’art et de bénéficier de sa puissance d’évoca- Page 13 Gitte Schäfer Virgo n°2, 2008 Bois, chanvre 45 x 28,5 x 10 cm Courtoisie de l'artiste 13 de reconnaissance et d’étrangeté. Seules les chevelures y surnagent, en groupe ou solitaires, caractéristiques de visions oniriques et psychanalytiques. Ces parures féminines, perruques médusantes, ni tout à fait inertes ni complètement vivantes, convoquent un monde en apesanteur, peuplé de fantômes et de violence sourde. En reprenant la tradition d’une féminité dark, à la fois victime et menaçante, Graves met en scène des cheveux maléfiques, instruments du basculement et de hantise. La Fontaine/Pluie, hybride de Seulgi Lee (1972 Corée du Sud ; vit et travaille à Paris) où les cheveux deviennent une masse végétale et aquatique, puise également son inspiration dans un univers fantomatique. Dans l’imaginaire coréen, un fantôme habillé de blanc, sans visage, aux cheveux ruisselants, hante les esprits faibles. Encadré d’une chevelure luisante, cet invisible visage a sans nul doute terrorisé des générations d’enfants. L’eau comme les cheveux est un symbole ambivalent : Ophélie, noyée, repose à la surface 14 Page 14 gauche Langdon Graves Expecting, 2008 Graphite et crayon de couleur 9 x 12 inch Courtoisie LaMontagne Gallery, Boston de l’onde, ses tresses éparses et dénouées. Cette association surnaturelle entre cheveux et eau sur une tête coupée, mécanique et sonore, machine célibataire chevelue, compose un imaginaire ambigu où le féerique se dispute au monstrueux. De la même manière, en greffant des cheveux à une plante des plus banales, Anahita Bathaie (1973 Téhéran ; vit et travaille à Paris) crée un objet hybride qui fait glisser du côté du fantastique notre réalité quotidienne. En modifiant le cours de la nature – la croissance végétale devenue extension capillaire –, elle souligne la puissance inquiétante du cheveu lorsqu’il est séparé du corps humain et qu’il obéit à sa propre logique. Isabelle Cornaro (1974 Paris ; vit et travaille à Paris), quant à elle, utilise le cheveu comme contrepoint nécessaire à sa relecture du paysage et de l’art. Dans ses papiers découpés, elle reconstitue jardins et peintures de paysage grâce à une structure géométrique dans laquelle des cheveux, simulant bos- Page 14 droite Sophie Dubosc Laisse, 2008 Chaîne métallique, filasse de plombier Hauteur : 110 cm Courtoisie Galerie Chez Valentin, Paris quets, arbres, sculptures, viennent s’infiltrer, surgissant du fond inconscient de l’image. Le cheveu, élément hétérogène, vient bouleverser la blancheur et la rigueur minimales des compositions et replace du physique au cœur de cette déstructuration du réel et de la représentation. Toutes ces œuvres, comme celles d’une apparente familiarité rassurante de Sophie Dubosc (1974 Paris ; vit et travaille à Paris et Château-Thierry) où la filasse de plombier met sa proximité visuelle avec le cheveu au service d’œuvres à la gestation et au sens ambigus, sont proprement fantastiques. Elles se tiennent dans un entre-deux alchimique entre la réalité et d’autres dimensions. Qu’il soit isolé ou élément hétérogène, la chute du cheveu dans le domaine de l’art donne accès à un univers de l’étrange et du doute où violence et malaise ne sont qu’à un cheveu de la douceur et de la sensualité des chères boucles blondes, désormais scalpées. † • Anahita Bathaie Limites floues, Frontières vives (solo) Centre d’Art Le Lait, Albi, jusqu’au 06/02/2009 www.centredartlelait.com • Isabelle Cornaro Kunstverein für die Rheinlande und Westfalen Düsseldorf 07/02 - 10/05/2009 Galerie Cortex Athletico (avec Asier Mendizabal) Bordeaux 03/2009 Clément Dirié Page 15 gauche Isabelle Cornaro Sans Souci, détail, 2005 Papiers assemblés et cheveux 28 x 38 cm Courtoisie de l'artiste Page 15 droite Seulgi Lee Fontaine/pluie, 2005 Cheveux, eau, bassine acier, pompe 60 x 60 x 40 cm Collection Sun-Jung Kim Courtoisie Galerie Colletpark, Paris • Sophie Dubosc Galerie Chez Valentin, Paris 04-05/2009 www.galeriechezvalentin.com • Langdon Graves www.langdongraves.com LaMontagne Gallery, Boston printemps 2009 • Seulgi Lee http://seulgi.free.fr www.colletpark.com Centre d'art de la ferme du buisson 25/01-26/03/2009 www.lafermedubuisson.com • Gitte Schäfer www.galeriechezvalentin.com 15 Bringing together impossibilities Not safe from the global phenomenon, the current trend of the Istanbul art scene seems to go toward the privatization and instrumentalization of art spaces by banks, large institutions and collectors, for which curating has become a form of « event management ». In this context, a number of self-initiated projects have emerged since 2000 which try to promote new art practices, more flexible spaces and alternative communication strategies. This article presents a selection of those initiatives. — Apartman projesi ¶ Abonnement ¶ Subscription This first artist-run space was initiated by the artist Selda Asal (1960) with the aim of providing artists with an opportunity for interdisciplinary collaboration and exhibitions. Since its opening in 1999, the 24 square meter, ground level exhibition space located in Tünel, a vibrant neighborhood hosting bars, clubs and restaurants, has focused on the interaction of art with the daily life on the street. Some of these projects have travelled to other locations, while other projects travelled to the Apartment Project to exhibit. The exhibition space is associated with an apartment on the same street, which accommodates Devenez membre de soutien de Code et recevez les 3 prochains numéros du magazine à la maison! Vous serez également tenu au courant des événements liés à Code. Word steunend lid van Code en ontvang de 3 volgende numers van het magazine thuis! U wordt eveneens op de hoogte gehouden van onze activiteiten. Become a supporting member of Code and receive the 3 forthcoming issues of the magazine at home! You will also be informed of all the activities linked to Code. 20€ (Belgium) ¶ 30€ (Europe) ¶ 50€ (outside-Europe) Dexia 068-2445386-43 ¶ Iban: be66 068 244 538 643 ¶ Bic: gkccbebb Avec la mention / Met de vermelding / With the mention: member + e-mail exhibiting artists and art professionals travelling to Istanbul. Applications for both exhibition and residency are admitted. • www.apartmentproject.com — Oda Projesi Oda Projesi is an artist collective composed of three members; Özge Açıkkol (1976), Güneş Savaş (1975) and Seçil Yersel (1973) who turned their collaboration into an art project in 2000. Although not intentional, the apartment they started renting that year in the neighborhood of Galata evolved into a multi-purpose and public space. These 45 square-meter functioned as a non-profit space with no budget, hosting nearly 30 projects until 2005, when Oda Projesi was evicted from the apartment due to the gentrification of the neighborhood. Since then, they have worked as a mobile structure, hosting for example a radio show and workshops. Since the start of their collaboration, Oda has been experimenting with alternative ways of using and producing space and language, in their neighborhood but also in the city in general, on the ground that we are all “neighbors”. • www.odaprojesi.org A moins d'une demande spécifique, le magazine sera envoyé à l'adresse indiquée sur le versement bancaire. Het tijdschrift wordt verstuurd naar het adres op de overschrijving, tenzij anders vermeld. Unless otherwise notified, the magazine will be sent to the address stated on your bank transfer. + infos : www.codemagazine.be / backstage@codemagazine.be Page 17 Salon Nautilus. Real memories of a fictional place by OVNI & Henryk Weiffenbach at Apartman Projesi, October 2008 © Henryk Weiffenbach 17 — Hafriyat Hafriyat, meaning « excavation » in Turkish, is a collective of 10 artists, most of whom graduated from the Faculty of Fine Arts of Mimar Sinan University. The artists share an interest in « excavating » the signs of the local and urban environment. Hafriyat runs a non-profit space in Karakoy, where they exhibit their own works as well as those of other emerging artists. In 2007, the poster exhibition entitled «Fear of God» caused waves as it was targeted by fanatic islamist newspapers for criticising Islam and the image of Ataturk. Subsequently, a security guard had to watch the space during the length of the exhibition. • www.art-hafriyat.com — PIST/// Co-directed by artists Didem Özbek (1974) and Osman Bozkurt (1970), PIST/// is an alternative art space located in three empty shops outside of Istanbul’s main art centre. PIST works at the intersection of the local and international art scene, hosting for instance the E-Flux Video Rental project from New York and participating in the Frieze Art Fair in London, while interacting with their immediate neighborhood. In 2007, the event Turkish Pavilion, for instance, consisted in projecting footages of Venise and Istanbul in « pavyon » bars in the area. In Turkish, the word « pavyon » indicates a late-night entertainment spot replete with loud music, plentiful drinks, and an all-female staff who serve and entertain male customers. In the English nomenclature, the word refers most famously to the Pavilions of the Venise Biennale. The project thus contrasted two sorts of « exhibition » spaces, while mixing the art public with the clients of 18 Page 18 BAS space © BAS local pavyons. Since 2007, the team also publishes LIST, a guide to contemporary art events in Istanbul freely distributed in 40,000 copies all over the city. • www.pist-org.blogspot.com — BAS Since 2006, artist Banu Cennetoğlu (1970) has been running the space BAS where artists’ books and publications are collected, displayed and produced. BAS builds an archive of artists’ books by local and international artists. In a country where the infrastructure for art is limited, books and printed projects offer an alternative space. BAS first production project is Bent, a partnership between BAS and artist Philippine Hoegen. Initially focusing on collaborations with artists from Turkey, nine Bent books by four different artists have already been launched. Bent 005 is due to appear in January 2009. BAS also regularly hosts small-scale exhibitions, screenings and talks. — Alti Aylik Alti Aylik (meaning « six months » in Turkish) is the project initiated by Oyku Ozsoy, an assistant curator at Platform Garanti Contemporary Art Centre, Kristina Kramer, an Istanbul-based German art historian, and Sylvia Kouvalis, Director of the Rodeo Gallery, Istanbul. In 2006, the three women secured a 170 meter square former office space for six months, which they decided to turn into a democratic platform of exchanges for the artists and the public. However they lost the space under the pressure of ongoing gentrification process in the city. They thus decided to investigate opportunity of being mobile and experienced various ways of co-existence with different spaces for their projects such as time-sharing the space with the t-shirt shop Wasp and the record shop Deform. Recently, Kramer and Ozsoy have collaborated with Nüans (an off space in Düsseldorf ) to develop a project called « On Produceability » for which they invited about twenty artists, both Turkish and international, to create works reflecting on the local production conditions of Istanbul. The project was shown with commissioned works in each phase in 5533 and Apartman Projesi in Istanbul then Cologne, Los Angeles and Amsterdam. • www.altiaylik.blogspot.com • www.imc5533.blogspot.com The writer would like to thank Oyku Ozsoy and November Paynter for their recommendations and perspectives on the contemporary art scene of Istanbul. † Devrim Bayar • www.b-a-s.info Page 19 The first installment of On Produceability at 5533 in Istanbul, April 2008 © Alti Aylik 19 Le voyage de Junko Junko Hikita (1973 Toyama, Japon ; vit et travaille ici et maintenant) a toujours rêvé de l’étranger. Alors qu’elle vivait encore au Japon, la jeune femme s’imaginait des voyages fictifs en lisant des guides touristiques, les organisant jusqu’en dans les moindres détails, sans jamais pouvoir les concrétiser faute d’argent. Depuis son arrivée en France, en 1996, sa nature curieuse est fréquemment comblée par des rencontres improbables. Le dénommé « Worker » est l’une d’entre elles. C’est en déambulant à Barbès, un des rares quartiers de la capitale française encore animé d’une effervescence populaire et sauvage, que l’artiste fit la connaissance de Worker. Alors qu’elle venait de terminer plusieurs prises de vues pour Bolo bolo Bolooo, chants contemporains de Barbès, nostalgie – un plan séquence en caméra subjective sur les rites et les attitudes quasi-chorégraphiées des vendeurs de cigarettes à la sauvette –, Junko décida de s’offrir un épi de maïs grillé. À court de monnaie, elle se vit offrir quelques pièces par un homme ayant tout observé. Il s’agit de Worker. L’histoire peut sembler anecdotique, elle ne l’est pas. Worker n’a pas de domicile fixe et vit dans la rue. Physiquement, c’est une masse noire qui fait face à celle que l’on prendrait volontiers pour une touriste. Junko témoigne : « il m’a un peu impressionné mais il ne m’a pas fait peur. Nous avons passé l’après-midi ensemble. Il m’a guidée à travers le quartier, tout en m’expliquant comment voir des petites choses invisibles : comment certains murs abritent des commandes de drogue, comment reconnaître les policiers en civil qui surveillent le périmètre. Worker m’a montré comment préparer un maquereau fumé. Je l’ai mangé seule, accompagnée de deux clémentines qu’il avait pris soin de m’éplucher. Il m’a expliqué qu’à cause 20 Page 21 Lettre de Worker, 2008 © Worker & Junko Hikita de la drogue, il n’avait pas d’appétit . Nous avons parlé de l’espace public, de l’organisation de la ville, du déplacement, de la famille, des questions de survie également ». Nombreux sont ceux qui auraient refusé d’accompagner Worker. Mais Junko Hikita a toujours eu le goût de l’aventure. Originaire d’une petite ville de la province japonaise, elle a découvert Tokyo et ses mondes en suivant des inconnus dans la rue. En France, elle s’est initié à l’art contemporain en étudiant l’histoire de l’art et en assistant Tadashi Kawamata. « J’apprends énormément avec lui. Ces expériences d’assistanat sont sans doute plus importantes que mes longues années d’étude à la fac ». Récemment, Junko a montré le fruit de ses explorations de Barbès lors de l’exposition collective Monstrous sweet home, à Nantes. Présenté sous formes d’installations, son travail documentaire gagne une autre dimension, tout aussi humaine mais indéniablement plus riche par l’élargissement des thèmes qu’elle soulève. Cependant, au-delà d’un questionnement sur la ville, par ses petites histoires, Junko Hikita bouleverse les frontières de l’intime et du partage. Simple mais précieux. † Justin Morin 21 Satoru Toma & Thomas Bernardet Corner Shop, 2008 Work in progress, Brussels Satoru Toma Lost World #1. (Flic Flac), 2006 © Satoru Toma • www.satorutoma.com Concours & résidences • Apartment Project Istanbul — Exhbition Proposal/Residency - Deadline: 01/02/2009 • Code #9 / Cover contest - Deadline: 15/04/2009 - Info: Selda Asal info@apartmentproject.com - Info: Thomas Wyngaard thomas@codemagazine.be +32 2 647 07 55 - www.apartmentproject.com - http://codemagazine.typepad.com/codenews/ • Rijksakademie Amsterdam — Artists Residency January – December 2010 - Deadline: 01/02/2009 - Info: Sascha Roosdorp +31 (0)20 5270 375 sascha.roosdorp@rijksakademie.nl - www.rijksakademie.nl • Platform Garanti Istanbul — Artists-in-Residency Program - Deadline: anytime - Info: Oyku Ozsoy oykuozsoy@gmail.com http://platformgaranti.blogspot.com • Villa Arson Nice • Outlandish Photography - Deadline: 01/02 - 20/03/2009 - Deadline: anytime - Info: Nathalie Balmer; Murielle Barrabino +33 4 92 07 73 70/75 ensa-nice@villa-arson.org - Info: thierry@outlandish-photo.be +32 2 485 49 32 04 — École d'Art / Résidence d'Artistes 2009-2010 - www.villa-arson.org • NES Listamidstöd Iceland — Artist Residency - Deadline: 01/03/2009 - Info: nes@neslist.is — Portfolio submission - www.outlandish-photo.be • PROGRAM Berlin — 3-month residency for artists, architects & curators - Deadline: anytime -www.neslist.is - Info: residency@programonline.de • International Short Film Festival Detmold 2009 • Rencontres Internationales — Call for entries - Deadline: 01/03/2009 - Info: entry@detmold.fest-der-filme.de +49 5231 458 12 12 - www.fest-der-filme.de - www.programonline.de — Paris/Berlin/Madrid - Media: films, video & multimédia - Deadline: anytime - www.art-action.org/fr_info_appel.htm • Graphisme dans la rue • Neurotitan Shop & Gallery Berlin - Deadline: 15/03/2009 - Deadline: anytime - Info: philippe.chat@lagaleru.org + 33(0)153992368 - Info: gudrun@neurotitan.de +49.(0)30.308 725 76 - www.lagaleru.org - www.neurotitan.de — International Poster Competition — Call for projects 2010 27 La(p)parente étrangeté C’est parce que l’identité est un paradoxe que le moi, par sa naturelle disposition à s’incarner, devient matière réflexive. En effet, le moi — ou, plus largement, ce qui fonde l’identité — ne peut résister à la tentation de se dire et de se décrire. Encore faudrait-il qu’il en soit capable. Comment parler de soi alors que le point de départ et la finalité de cette introspection se rejoignent en un même et unique propos ? Gravitant autour d’œuvres - parfois les premières - de quatre jeunes artistes bruxellois, la Galerie 100 Titres propose une réflexion sur différentes manifestations de l’identité à travers l’image. Il s’agissait d’excéder l’apparent pour saisir les indices d’une étrangeté à soi-même. L’identité veut s’inscrire dans une lignée, or la lignée n’est pas la droite : ondulante, voire en pointillés, elle s’égare. Filiation et souvenirs : ce sont les termes de l’incertitude. Diptyque, l’œuvre de Claire Gobyn-Degraeve (1981 Mouscron ; vit et travaille à Bruxelles) met en scène une mémoire dans sa transmission et sa reformulation. Sous des angles différents, elle retrace deux narrations familiales en points de suspension qui se rejoignent par un creux : « moi ». Et que la Page 29 Claire Gobyn-Degraeve Sans titre (série Les beaux jours), 2008 Technique mixte sur papier Dimensions variables Courtoisie de l’artiste représentation diffère du modèle importe peu : raconter son histoire, c’est accepter l’accident. De déviations en détours, la mémoire - fondamentalement transitive, altérée donc - s’accommode de l’inexactitude et prend chair dans la répétition où apparaît l’apparenté. Il fallait alors parler de cet étranger que serait le père/pair. Dans ses photographies, Lara Denil (1982 Namur ; vit et travaille à Bruxelles) envisage sa propre identité et la met en rapport avec sa condition d’existence - ses grands-parents - en dévoilant des fragments de son corps sur lequel flottent d’autres images. Mais au-delà de cette thématique, l’image induit un processus photographique sur le mode du dédoublement et de la réflexion. Il s’agit d’abord d’un sujet devenu 29 écran pour la manifestation d’un reflet qui a rendu possible sa présence. Images réfléchies, ensuite, car ce qui illumine le corps, et par-là ce qui illumine l’identité de ce corps, est une image venant de l’arrière et dont l’artiste est la descendance. Le sujet-écran et son reflet se confondent dès lors, alternent, devenant tour à tour ce qui engendre l’autre. La photographie se fait un lieu d’incorporation, d’un être au monde que le reflet étranger a pour rôle de désigner. Aurore Dal Mas (1981 OttigniesLouvain-La-Neuve ; vit et travaille à Bruxelles) propose au contraire une sédimentation de l’espace de la photographie. Au travers d’un corps mi-minéral mi-végétal, il faudrait voir l’obscurité, concevoir la lenteur de la lumière. Les particules d’ombres s’entassant dans l’image révèlent alors ce qui a déjà disparu : des paysages fantomatiques, comme en suspens, où s’inversent les rapports du visible et de l’absence. De même, il faudrait pénétrer à reculons dans l’ouverture mentale ménagée par les inscriptions de ses sculptures, non plus en tant que spectateur mais bien comme sujet : celui qui regarde la pierre est déjà l’être qui y est contenu. Bertrand Pérignon (1980 Messancy ; vit et travaille à Bruxelles) reprend à son compte les déictiques de l’expérience. S’exprimant à travers un je ici et maintenant, qui rend possible le spectacle, ceux-ci touchent, dans leur élaboration, à l’extériorité. Dire “ je ” c’est parler d’un autre en parlant de soi, c’est user de la voix de l’autre pour exprimer le dehors, c’est finalement s’adresser au “ tu ”, au moi-spectateur de l’expérience imaginale. Les dessins-poèmes de Bertrand Pérignon sont la pliure se représentant dans l’alternance entre incertitude de la représentation et certitude de la présence d’un l’interlocuteur : ils sont une refiguration du moi qui proposeraient le lien entre totale présence au monde et à soi. Ces quatre paradigmes mettent moins en évidence le visible que le pressentiment de la chose à voir. Car l’apparence n’est plus seulement manifeste, tout comme l’apparenté n’est jamais l’univoque ni le similaire. La question de la(p)parente étrangeté s’incarne alors sur le mode de l’alternance et de la non-immédiateté. † Anaël Desablin • La(p)parente étrangeté www.100titres.be 30 Page 30 gauche Aurore Dal Mas Sans titre (série En suspens), 2008 Tirages jet d’encre montés sur alu 2mm 100 x 66 cm Courtoisie de l'artiste Page 30 droite Bertrand Perignon In diesem wetter-braus, 2006 Série de 7 dessins Technique mixte sur papier 21 x 29.7cm Courtoisie de l'artiste Page 31 Lara Denil, Sans titre (série Temps mort), 2008 Tirage numérique 40 x 30 cm Courtoisie de l'artiste 31 Images cruelles Ruben Bellinkx Difficile d’imaginer Ruben Bellinkx (1975 Wilrijk ; vit et travaille à Bruxelles) négocier une Kalashnikov avec un armurier moldave ou au milieu de meutes de chiens sauvages, pourtant cet homme à l’apparence calme et discrète est un aventurier. Sa pratique artistique en est souvent le prétexte et donne ainsi lieu à des heures de récits. En l’interrogeant à tout hasard sur le modèle réduit d’AK47 1 en carton déposé sur le bord de sa cheminée, Ruben rétorque par un discours faisant tour à tour l’éloge du designer allemand auteur de cette copie, de la difficulté de trouver des munitions à bas prix, puis de la genèse de The Musical Chair, une installation vidéo qu’il considère comme sa pièce maîtresse. Le rôle principal de l’oeuvre vidéo The Musical Chair est, comme son nom l’indique, tenu par une chaise. Quatre pattes, un torse, une fonction qui vient épouser les lignes du corps et qui souligne ainsi son caractère anthropomorphe, la chaise est en quelque sorte un “objet fait homme”. Ruben ayant décidé de procéder à son exécution, il décide d’inviter un habile chasseur à décharger ses cartouches sur cette victime volontairement isolée dans la campagne enneigée. L’ensemble, une fois filmé, constitue une belle image, un tableau angoissant qui laisse cependant Ruben insatisfait. Il cherche à instaurer une autre relation bien plus ambiguë entre les deux étrangers que sont le bourreau et sa victime. Il décide donc, après avoir enduit une chaise de saindoux, de la livrer en pâture aux chiens. Cette tentative échoue : les chiens se régalent en léchant tranquillement la chaise. Ruben fait cependant un premier montage qui mélange coups de fusil et coups de langue. Obstiné, il veut absolument que les chiens attaquent la chaise. Deux tentatives avec du salami et des croquettes échoueront également. C’est finalement en contactant un dresseur de chiens de garde que la version finale voit le jour. Lors de l’échange téléphonique au cours duquel Ruben lui explique la difficulté de son entreprise, le dresseur lui rit presque au nez et lui propose d’amener directement une chaise lors de sa visite au chenil. En effet, après une simple injonction de leur maître, les chiens font d’une chaise un tas d’allumettes en moins de 30 minutes. Protégé par une paroi de verre, Ruben immortalise alors cette scène dans le silence, sur une pellicule 16mm noir et blanc. Plus besoin de fusillade, ces dernières images suffisent désormais. Certains pourraient lui reprocher le caractère trop esthétique de cette séquence, mais le contraste entre l’image et le propos suscite une ambiguïté nécessaire au bon fonctionnement de The Musical Chair. Le spectateur doit être séduit par l’image afin de pouvoir oublier ses propres pulsions destructrices. Il doit être aussi désemparé que ces chiens qui prennent un objet inerte pour un intrus sous les ordres de leur maître. Ruben cherche ainsi à faire émerger progressivement des sentiments Notes : 32 1 artin Postler : AK47, 2007 M Paper Gun Model Kit comme la culpabilité ou la compassion face à la perversion des images qu’il crée. Table Turning où quatre tortues se voient harnachées aux quatre pieds d’une table, l’installation House Plant qui met en scène une plante emprisonnée dans un mur ou encore Deer Project qui consiste à transformer un cerf vivant en un trophée de chasse en le coinçant entre 2 parois, sont d’autres exemples du jeu pervers que Ruben met délicatement en scène. Là encore, Ruben passe la majeure partie de son temps à chercher des solutions, à réajuster son projet afin de ne jamais mettre en danger ces êtres vivants, ce qui, naturellement donne lieu à d’autres récits rocambolesques impossibles à décrire en quelques lignes. Force est de constater que ce sont les images de Ruben qui sont cruelles, soulignant la violence omniprésente et la peur qu’elle engendre, et non Ruben, qui à travers ses actes et ses récits passionnés prouve son attachement à la vie. † David de Tscharner Pages 33 The musical chair, 2007 Film 16mm en boucle, 3 projections Dimension variable © Ruben Bellinkx Le spectateur doit être séduit par l’image afin de pouvoir oublier ses propres pulsions destructrices. • www.rubenbellinkx.com • Business is still business #2/2 06/02-27/03/2009 Les Chiroux, Centre culturel de Liège www.chiroux.be 33 Bazaar Bizar Anne De Vries In het begin van zijn artistieke carrière, ondernam Anne De Vries (1977 Den Haag; leeft en werkt in Amsterdam) een experiment. Hij sloot zichzelf gedurende een week op in een ruimte zonder licht. De enige lichtbron was een klein analoog fototoestel met een rolletje film goed voor 35 belichtingen. Regelmatig nam hij met een flitscamera een foto van zichzelf. De ontwikkelde beelden gaven getuigenis van dat leven in intense duisternis. De Vries is natuurlijk lang niet de eerste of de enige die zo’n experiment uitvoerde als artistieke performance. Ik denk nu aan de kunstenaar Loek Grootjans, die zichzelf een maand lang afzonderde in een donkere ruimte vanuit nieuwsgierigheid naar hoe de wereld nadien zou verschijnen. En ik denk aan Lieven Segers, die zich 7 dagen opsloot in zijn studio gewoonweg om te tekenen. Maar het moeten niet eens kunstenaars zijn. Bij Studio Brussel hebben ze Pagina 34 My private cardboard party, 2007 C-print (on 4mm dibond + plexiglas) 153 x 104 cm ook een glazen huis. Jezelf opsluiten als actie is jezelf isoleren, maar je zet jezelf ook te kijk. Of je zet de constructie rondom je in de kijker. Anne de Vries studeerde in 2002 af aan de Rietveld Academie in Amsterdam als beeldend kunstenaar. Daarvoor volgde hij een programma aan de prestigieuze Cooper Union kunstacademie in New York. Zijn werk is door de jaren heen Pagina 35 Pretty problem, 2007 C-print on (4mm dibond + plexiglas) 121 x 80 cm 35 Een vreemde dimensie als barrière tussen feit en fictie […] regelmatig te zien geweest in verschillende kunst- maar ook in modegerelateerde tentoonstellingen, boeken en tijdschriften. De Vries heeft immers o.a. in opdracht van de modewereld gewerkt. Zo verzorgde hij de presentatie van een kledinglijn van Selina Parr. Maar de modefotografie speelt een belangrijke rol in zijn gehele oeuvre: in zijn autonome werk gebruikt hij dit medium ook. In Pretty Problem (2007) zien we een persoon die verstrikt zit in een gigantische kluwen wol. Het gehele gegeven komt enorm frivool over: je kan denken aan een klauwend katje dat in zijn speelgoed zoek is geraakt. Een op het eerste zicht onschuldig beeld van een het diertje mens. Maar wel met zorg in scène gezet als gekunstelde rommel. Niet meer dan een probleempje, wel met een vette ironische knipoog erbij. 36 Jezelf opsluiten als actie is jezelf isoleren, maar je zet jezelf ook te kijk. die wereld. Het zou een reclame voor types wol kunnen zijn, of een showcase voor de kleuren van een textielcollectie. In die lijn is My Private Party ook een plaatje dat hier past. Een cocktailparty is een luchtige affaire, een ideale setting voor een fashion shoot. In beide beelden is de mens echter een (ver)vreemd wezen: je ziet hem niet; je ziet er slechts geïsoleerde stukken van, die uit een amorfe dimensie bij mekaar moeten worden geraapt. Een vreemde dimensie als barrière tussen feit en fictie komt ook terug in Anne De Vries’ modefotografie pur sang. Interessant op dat gebied is bijvoorbeeld een fotoreeks voor KIND knitwear. We zien een foto van een vrouw wier hand verdwijnt in een roze blob. Ze wordt geabsorbeerd door een onwerelds... ja wat? Of we zien een schoen opduiken, een plastic balletje voor haar ogen balancerend waar zij indringend naar staart. Vreemd is het minste dat je van deze poses kan zeggen. Maar in het kader van De Vries’ ruimere werk blijft dit geen vrijblijvend plaatje. De gestileerde esthetiek van de modefotografie wordt hier op een ander niveau getild. Anne balanceert op een wipplank tussen dit medium en een meer metaforische praktijk, waarbij hij de spelregels constant van de ene naar de andere kant verrolt. Terug naar het experiment met de opsluiting. Hoewel het een unicum was sich. Voor hem gaat de idealisering van het lichaam samen met een vorm van materieel verval. Daarom heeft idealisme in de mode altijd een dubbelzinnig karakter. De Vries speelt dit spel mee, en slaagt er tegelijkertijd in het bloot te leggen. Op een bizarre maar ongelooflijk grappige manier. † in zijn praktijk tot nu toe, kan je er niet omheen bij het begrijpen van zijn huidige composities. De mens leeft in isolatie en de wereld rondom is het grote antilichaam, een vreemde massa die de eigen lijfelijkheid omgeeft. De Vries is hard op zoek naar de betekenis en de grenzen van dat isolement. Als reactie daarop ontwikkelde hij een oeuvre dat suggereert dat de grap ons misschien kan redden. Het is de troost van de slapstick, of beter: hoe het absurde van onze lichamelijke ontoereikendheid van grote relativerende schoonheid kan zijn. Het mooie aan Pretty Problem is dat De Vries handig gebruik maakt van de vertrouwde onderdelen van een modefoto. Het beeld is clean, de elementen waaruit het is opgebouwd zijn eigen aan Waar Beuys indertijd met een coyote samenhokte in een galerie en daarmee een krachtig politiek statement neerzette, lijkt dit engagement hier niet aan de orde. Experimenten met opsluiting vandaag de dag neigen dan ook doorgaans meer naar persoonlijk onderzoek, met nadruk op de esthetiek van de fysieke realiteit. Toch moet je bij De Vries verder kijken dan dat spel met de modefotografie als medium an Pagina 36 Eye candy, 2007 C- print (on 4mm dibond + plexiglas) 61 x 80 cm Pagina 37 links Table tricks, 2008 C-print 90 x 70 cm Pagina 37 rechts KIND s/s 2008 collection Nele Buys • www.annedevries.info Beelden © Anne De Vries 37 Stabbed in the back Benjamin Valenza Le local est immonde. Rien de pire que de nous ramener à la niche, au territoire, à la promiscuité radieuse du face-à-face. Une culture qui a pris le risque de l’universel doit périr par l’universel. — Jean Baudrillard, Cool Memories Prise entre son impudeur et le message personnel, voire intime, qu’elle doit délivrer, la carte postale est peut-être la dernière cachette d’une écriture singulière, exclusive, inintelligible. Être entr’aperçue lui importe peu dès que la langue inscrite sur son carton est étrangère à ses manipulateurs, familière uniquement à son destinataire. Précisément, il s’agit pour l’expéditeur d’écrire dans le dos d’une image. Page 39 Épopée 1, 2008 Carte postale, peinture, colle silicone 10 x 15 cm (sous verre 16 x 23 cm) Collection privée Écrire à son insu, malgré elle. Bénéficier de son aura et atténuer ainsi sa « légende ». Suggérer la vanité de son commentaire. Derrière un Piranèse agressé au cutter : « La destruction fut ma Béatrice. » ! C’est suivi de : « S. M. », discrète indication de l’auteur (Stéphane Mallarmé), puis de : « comme toujours, B. V. » et c’est adressé à Jo. La pratique de Benjamin Valenza (1980 39 Ils préfèrent le coma au jetlag et les vues de Pompéi à la vue depuis Pompidou. Marseille ; vit et travaille à Lausanne et Paris) s’endigue dans l’avènement – double et formaté scrupuleusement par Jeff Wall – du photojournalisme comme art et celui, contemporain, de la peinture comme monochrome. C’est seulement en imitant la peinture, soudain reconnaissante de son obsolescence, que le photojournalisme, jouant de ses limitations propres, pouvait s’affirmer comme image inadéquate de son sujet. Il inaugurait ainsi son versant parodique et indiquait les tentatives futures de documentation du Land Art et de l’Art conceptuel. Quelque part entre Rodtchenko, Walker Evans et John Baldessari, il y a Warhol et Five Deaths Seventeen Times in Black and White : un monochrome qui n’a rien à dire à côté d’images déjà oubliées malgré leur réitération. Contrepoint ineffable. une moitié de noir épais. Si le monochrome demeure le point jamais atteint d’un retour impossible aux genres, il est étranger aux transformations historiques et se tient à l’écart de tout progrès. La thèse de Jeff Wall implique explicitement que la continuation des genres en peinture est le témoin de cette révolution inaboutie, de l’échec de Rodtchenko et du succès toujours renouvelé d’une peinture bornée à s’inscrire « on top of a monochrome – by effacing, supplementing, or disfiguring a monochrome » 1. En amont, à partir des ruines romaines et en direction de ce point jamais fixé d’inclinaison définitive de la peinture, B. V. retourne vers le monochrome, cet hors du monde si inacceptable qu’il faut l’habiller selon les bigarrures du moment. Il n’agit pas on top mais in the back. Il est à la fois Siegfried et Hagen qui lui fait avouer son secret, se souvenir de son passé, pour pouvoir le détruire ensuite. Le stab-in-the-back myth 2 wagnérien se rejoue ici en catimini, entre Jo, B. V. et leur harmonie d’anciens combattants : Piranèse, Malévitch… la galerie 1 m3 dont Benjamin Valenza (alias Josef Hannibal) est membre fondateur. Pour Josef Hannibal (c'est-à-dire à la place de Josef Hannibal mais aussi à l’attention de Josef Hannibal dans le cas de B. V.), écrivent et signent Stéphane Barbier Bouvet, Jeanne Graff et Adrien Missika, co-fondateurs de la galerie 1 m3 dont Josef est le curateur à domicile. On dénichera toujours avenue de la Harpe un attribut de Josef, un tableau presque cubiste ou bien pastoral qu’il se sera approprié, affublé de sa signature… Il imprègne ses lieux et sort parfois de son petit cachot en Espagne : il a ainsi organisé sa première exposition rétrospective dans la galerie Blancpain Art Contemporain à Genève (Guy Debord avait bien publié ses Mémoires à vingt-six ans...) et tenu un stand à la Zoo Art Fair. C’est donc avec ce Jo que correspond Benjamin Valenza. C’est avec lui qu’il échange ces cartes dont le recto de Piranèse, Malévitch ou Hokusai, est recouvert, découpé, customisé, effacé… Ce sont ces retouches, ces ajouts ou retranchements que s’administre B. V., à travers Josef Hannibal, comme autant de marques – commentaires réciproques – attestant de ses pérégrinations historiques. B. V. et Jo voyagent dans l’histoire. Ils préfèrent le coma au jetlag et les vues de Pompéi à la vue depuis Pompidou. Prises entre deux tranches fines de verre fixées l’une contre l’autre avec un boudin de colle liquide, les cartes postales posées sur une étagère précaire sont fragilement protégées, comme en sursis pendant le processus de dégradation programmée perpétré contre elles. Le recours au collage, à l’obscurcissement total, confine à la destruction, à l’extinction de ces pense-bêtes, rappels d’une histoire qui recule jusqu’aux extrêmes limites du possible l’échéance fatale. En pressant le pas. † Frédéric Chapon • www.galerie1m3.com Extraits : « N’oublie pas de me ramener un verre d’eau. » ; « Je dirai à l’équipe mexicaine de ski de ramener le sel. » etc. Jo reçoit aussi simplement son courrier à Marseille qu’à Tunis mais réside habituellement à Lausanne, heureux comme Dieu en France, avenue de la Harpe, adresse de Étrange résurgence chez Benjamin Valenza qui sépare un Hokusai, recouvrant Notes : 1 40 J eff Wall, Monochrome and Photojournalism in On Kawara’s Today Paintings in Jeff Wall : Selected Essays and Interviews, The Museum of Modern Art, New York. 2 n trouve l’expression chez Wagner, dans sa O Tétralogie ou Ring dont Siegfried est l’acteur principal. Le mythe est réemployé aux ÉtatsUnis depuis Yalta et sert l’orgueil national qui désigne ses propres traîtres (la nation ou le héros de la mythologie ne pouvant être anéantis par une force étrangère). Page 40 gauche Épopée 5, 2008 Carte postale, craie grasse, colle silicone 10 x 15 cm (sous verre 16 x 23 cm) Collection privée Page 40 droite Épopée 1, 2008 Carte postale, peinture, colle silicone 10 x 15 cm (sous verre 16 x 23 cm) Collection privée Page 41 Épopée 2, 2008 Carte postale, peinture, colle silicone 10 x 15 cm (sous verre 16 x 23 cm) Collection privée Images © Benjamin Valenza 41 Curated by VVORK VVORK is an online publication that offers a daily selection of contemporary art, curated by Aleksandra Domanovic (1983, Skopje; lives and works in Berlin), Oliver Laric (1981 Belgrade; lives and works in Berlin), Christoph Priglinger (1979 Linz; lives and works in London) and Georg Schnitzer (1985 Zagreb; lives and works in Vienna). For CODE#8, VVORK presents a collection of works dealing with transformation of architectural and urban concepts. • www.vvork.com 1 Lenka Clayton — Repairing Lebanon, 2006-2007 Digitally repaired images of buildings in Lebanon damaged during the 2006 conflict with Israel. • www.lenkaclayton.co.uk 2 Dirk Fleischmann — My Real Estate Business, 2007 Second Life replica of the Alternative Space Pool in Seoul. • www.dirkfleischmann.net 43 6 Goldin+Senneby — Objects Of Virtual Desire, 2005 Objects of Virtual Desire explores immaterial production in a virtual world, and if and how this can be transferred into an economy of material production. They have collected a series of objects produced and owned by inhabitants in the online world Second Life. Each chosen object has a strong sentimental value for the avatar (a person's virtual identity) who made or owned it. Goldin and Senneby have acquired (copies of ) these objects, along with their owner’s personal story, within the in-world economy of Second Life. • www.objectsofvirtualdesire.com 3 cym — No Men’s Land, 2004-2006 Photographs from the borders of different European countries turned into abstract compositions that are created entirely in HTML. • www.nomensland.eu 4 Chris Lee — Google Images/Google Earth: Capri - Italy, 2007 Matching photos from google images with image captures from google earth. • www.unitedunderwear.com 5 Andreas Angelidakis — Cloud House, 2007 Second Life building reproduced with rapid prototyping. 44 • www.angelidakis.com 7 Oliver Laric — Songs Translated To Buildings, 2008 Building created by an architecture firm in Chennai/India, based solely on the lyrics of “Our House” by Crosby, Stills, Nash & Young (1970). • www.oliverlaric.com 8 Katerina Matsoukis — Protest Messages Translated Into Google Images, 2007 • www.a5gallery.com { www.codemagazine.be } subscribe now! { www.katz-law.be } Avocat indépendant, spécialiste reconnu en droit d’auteur. Professeur à La Cambre en droit d’auteur depuis 1995. Disponible pour conseils, négociations, rédaction contrats, plaidoiries et représentations devant les tribunaux. Tarif raisonnable. Devis possible. { www.carolinefabes.com } +++ Caroline Fabès +++ { www.ericcroes.be } Un peu de douce/violence dans ce monde de brutes { www.ceciliashishan.be } Je me réapproprie des instants de vie, puisés aux creux de monographies d'artistes afin de restituer une nouvelle réalité. Les souvenirs de l'enfance se métamorphosent en récits picturaux. { www.centraldesign.be } Central is a multi-disciplinary design studio with an emphasis on interactive communication. { www.officedartcontemporain.com } Un « lieu de l’inattendu » dans lequel l’art fait office d’initiateur. Espace 1,2,3 - et autres - et peintures de circonstance - du 13/02/09 au 18/04/09. { www.medica-menteuse.com } Justin Morin's website : a contemporary work about disenchantment. { www.catherinebastide.com } Group show with galerie Dépendance ; until January 31st, 2009 Jacques André : February 12th – March 14th, 2009 { www.myspace.com/catclub_brussels } Brussels arty party for cats of all hair types. Check our upcoming dates & djs to swing your legs over the best cosmic disco house music in 2009. Miaouw! { www.halfenhalf.org } L'asbl Halfenhalf est un espace de création, de diffusion et d'échanges, dédié aux arts plastiques, audiovisuels et à la musique. www.dasmudwig.com • Si vous désirez annoncer votre site sur cette page, veuillez nous contacter par e-mail : backstage@codemagazine.be